Malgré toutes les prétentions de Trump, se vantant d’une « victoire absolue » dans le dossier nord-coréen, un accord US/Corée du Nord peine à prendre corps. Pyongyang qui se méfie toujours de Washington, n’accepte pas de lui remettre des informations sur ses sites et réserves nucléaires. Ce qui ne plaît pas aux Américains surtout aux Républicains qui se sentent "avoir été trompés" par le leader nord-coréen.
Deux mois après la rencontre "historique" avec le leader nord-coréen que le président américain a qualifiée de « victoire absolue », la Corée du Nord n’a pas encore accepté de présenter une "liste écrite des réserves nucléaires, de ses installations de production nucléaire et de ses missiles", liste qui constitue, selon Washington, un premier pas franchi dans le sens du désarmement nucléaire de la Péninsule coréenne.
L’analyste de New York Times, qui l’a noté dans un article récent, estime que la Corée du Nord attend des États-Unis qu’ils mettent fin à la guerre sans que cette liste leur soit présentée.
« Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo dit que des progrès ont été réalisés sans préciser les détails de ces progrès. D’autre part, John Bolton, conseiller à la sécurité nationale US ne cesse de le répéter : la Corée du Nord n’a toujours pas entrepris des démarches nécessaires pour le désarmement nucléaire.
Le journal nord-coréen Rodong Sinmun écrit, dans son édition du jeudi dernier, qu’une annonce officielle de la fin de la guerre avec la Corée constitue « l'étape nécessaire à tout accord », étape qui marque la « première démarche » dans le sens de la mise en application de l’accord obtenu le 12 juin par les deux chefs d’État. En d'autres termes, Pyongyang ne fait pas confiance aux Américains et il demande l'amorce du dialogue sur un traité de paix avant de remettre à Washington des informations sur son arsenal nucléaire.
Dans ce contexte, un compromis serait difficile à obtenir.
La Corée du Nord continue à renforcer ses capacités nucléaires tandis que les États-Unis refusent d’annoncer la fin de la guerre avec la Corée du Nord, guerre qui a été gelée en 1953 mais dont la fin n’a pas été, pourtant jamais, annoncée officiellement.
Les Républicains accusent Trump de s'être laissé tromper par le leader nord-coréen et d'avoir jeté du leste sans être payé de retour surtout après que Trump eut annoncé la suspension des manœuvres militaires conjointes avec la Corée du Sud.
La Maison Blanche n’a jamais confirmé le tweet de Trump, posté après sa rencontre avec Kim Jung-Un disant qu’il « n’existe plus de menace nucléaire de la part de la Corée du Nord ». Nombreux sont au sein du Congrès et aux instances de renseignement US qui partagent l’avis de John Bolton : « l’accord de Singapour n’a presque abouti à aucun progrès dans le domaine nucléaire ».
Or, ce qui importe, actuellement, pour Trump et Pompeo, c’est de savoir comment sortir de l'impasse.
Pompeo a été amené ces dernières semaines à adoucir son ton vis-à-vis de la Corée du Nord et à accepter une approche progressive dans le dossier, approche que la plupart des responsables américains contestent déjà, à l’unanimité puisque jugée "non productive".
L'intelligence du leader nord-coréen aura été ceci : toutes les mesures entreprises jusqu’à présent par la Corée du Nord sont, tout simplement, réversibles. La démolition d’une tour de refroidissement du réacteur nucléaire de Yongbyon a été montrée à la TV nord-Coréenne une première fois de l'époque de George Bush mais Pyongyang l'a reconstruit pour la détruire récemment.
Autres points : de vastes différences dans l’évaluation du nombre des armements nucléaires de la Corée du Nord montrent à quel point il est difficile de comprendre si la Corée du Nord marchait sur le chemin du démantèlement de son arsenal ou non. La Corée du Nord a, toutefois, de nombreuses raisons pour ne pas donner ces précisions. Parmi d’autres, elle craint que les États-Unis utilisent de ces informations et viser simplement ses installations nucléaires. Vu l'expérience libyenne, Pyongyang n'a pas totalement tort ».