Pour l’Iran, Bachar al-Assad est un allié fiable sur qui il pourra compter en cas de déclenchement d’un conflit avec Israël. D’où l’implication de l’Iran dans la guerre en Syrie en faveur du président syrien pour s’assurer que ce dernier reste au pouvoir.
Le site d’information Al-Monitor a fait paraître un article au sujet des évolutions qui se sont produites dans les relations irano-russes.
« Un autre volet vient de se manifester au cœur du conflit en Syrie : un bras de fer qui oppose l’Iran à Israël dans ce pays déchiré par la guerre. Pour l’Iran, Bachar al-Assad est un allié fiable sur qui il pourra compter en cas de déclenchement d’un conflit avec Israël. D’où l’implication de l’Iran dans la guerre en Syrie en faveur du président syrien pour s’assurer que ce dernier reste au pouvoir. En réalité, l’Iran n’a jamais pensé à une alternative à Bachar al-Assad, car les dirigeants iraniens croient que le président syrien leur offre l’occasion de lutter contre Israël sur les frontières de la Syrie. Mais l’Iran n’est pas le seul allié de Bachar al-Assad. La Russie, elle aussi, est un grand partenaire. Aujourd’hui, Bachar al-Assad doit sa position à une alliance irano-russe, ce qui n’empêche toutefois pas la Russie de se préoccuper des manœuvres anti-israéliennes de Téhéran en Syrie, qui risqueraient de mettre en danger ses relations avec Tel-Aviv.
La Russie tient à défendre bec et ongles sa position de force en Syrie et à jouer au médiateur pour calmer le jeu. Le cadre du conflit se métamorphose en Syrie », indique al-Monitor.
Emad Abshenas, un professeur à l’Université de Téhéran, a déclaré à al-Monitor que l’Iran et la Russie se considéraient mutuellement comme des alliés fiables.
« L’antiaméricanisme renforce et approfondit les liens entre la Russie et l’Iran. Pour la Russie, Israël est un ami mais l’Iran est un allié. Cependant, Moscou craint le déclenchement d’un nouveau conflit entre l’Iran et Israël en Syrie, car cela risquerait de faire intervenir un autre acteur sur la scène syrienne. C’est ce que la Russie ne veut pas », a expliqué l’Iranien Emad Abshenasan.
Il a déclaré que les Russes essayaient de calmer les tensions entre un « ami » et un « allié », bien que les médias israéliens veuillent montrer le contraire en faisant croire que la Russie pourrait lâcher l’Iran au profit d’Israël. La vérité est que l’Iran a renforcé ses relations avec la Russie et la Chine après le retrait par Donald Trump de l’accord nucléaire signé en 2015 entre l’Iran et les 5+1.
Al-Monitor poursuit : « Le 4 juin, la tension a battu son plein : une unité russe a pris place près des positions du Hezbollah à la frontière syro-libanaise, plus précisément à Qousseir, dans l’objectif de garder un œil sur les agissements de l’Iran et du Hezbollah dans les zones les plus délicates. Une source iranienne sur place, qui a préféré rester anonyme, a déclaré que les commandants iraniens avaient averti leurs homologues russes en disant qu’ils n’allaient pas tolérer de telles décisions, mais les Russes leur ont assuré que toute nouvelle décision serait prise en parfaite harmonie avec les Iraniens. »
Interviewé par le site d’information al-Monitor, un journaliste iranien, dont le nom n’a pas été révélé, a affirmé que l’alliance irano-russe s’annonçait plus solide face aux groupes armés pro-occidentaux que face à Israël.
« Concernant Israël, la situation est fluctuante. La Russie a promis à Tel-Aviv d’assurer sa sécurité nationale, une promesse à laquelle l’Iran s’oppose vivement. Pour la Russie, ce sont ses intérêts qui priment », a expliqué le journaliste.
L’article s’interroge ensuite sur les intérêts contradictoires de l’Iran et de la Russie dans le Sud syrien :
« Il paraît que la Russie partage, plus ou moins, la même position qu’Israël quant à la présence militaire de l’Iran dans le sud de la Syrie. Cependant, le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale de la République islamique d’Iran Ali Chamkhani, dans un discours prononcé le 2 juin, a remercié la Russie d’avoir expulsé les terroristes des zones frontalières entre la Syrie et la Jordanie et il a apprécié le soutien de Moscou à l’armée syrienne et à ses opérations antiterroristes.
Selon Ali Chamkhani, l’Iran n’exerce aucune présence militaire dans le sud de la Syrie. »
Al-Monitor s’est ensuite référé aux propos du secrétaire général du Hezbollah, Seyyed Hassan Nasrallah, qui a martelé, le 8 juin, que personne n’était en mesure d’expulser les combattants du Hezbollah du territoire syrien.
Dans la foulée, Emad Abshenasan a confié à al-Monitor que l’Iran ne se retirerait pas de Syrie à moins qu’il reçoive des garanties l’assurant que ses alliés contrôleront les zones clés dans ce pays.
« L’alliance entre l’Iran et la Syrie atteint son paroxysme et même si les relations irano-russes se refroidissent, l’Iran et le Hezbollah continueront de soutenir le gouvernement syrien, car ce soutien assure la sécurité nationale de l’Iran et ses intérêts », a conclu l’article.