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Les USA s'impliquent directement dans la guerre

Un drone de fabrication chinoise appartenant aux EAU.©Townhall

Les Américains sont visiblement aux anges : l'assassinat le 19 avril du président du Conseil politique suprême du Yémen, Al-Sammad, par un drone prétendument émirati constitue aux yeux des Américains un exploit propre à changer la donne en faveur du clan atlantiste au Yémen. Mais c'est peut-être aller trop vite en besogne. 

« Foreign Policy » publie ce dimanche un article où il se félicite du raid au drone des Émirats arabes unis qui a coûté la vie à Sammad, estimant que "les drones made in China" d'Abou Dhabi sauront désormais "chasser les Houthis à mètres près". 

L'auteur de l'article indique que Sammad a été tué sous l’ordre direct du Centre émirati pour l’opération militaire et embellit même son texte d'une vidéo mettant en scène le tir de deux missiles sur le convoi du chef d'Ansarallah dans l'est d’al-Hudaydah. Dans la vidéo, la cible du drone - un Toyota Land Cruiser bleu - tourne sur une rue latérale. Quelques secondes plus tard, il est frappé par un missile air-surface Blue Arrow 7 que l'article précise être une fabrication chinoise.

En dépit des trésors d'énergie dépensés par Foreign Policy, personne n'est dupe. L'officier-prédateur que l'article décrit avec malice son action, aurait ordonné directement depuis une salle du centre du commandement à Abu Dhabi. Pour l'auteur, il s'agit d'une première opération réussie des Émirats contre l’un des proches d’Abdel-Malik al-Houthi et qui prouve à quel point les capacités militaires des EAU se seraient amplifiés.

Le magazine se réfère ensuite à Farea al-Muslimi, spécialiste du Yémen au centre de réflexion Chatham House de Londres pour se lancer dans un vibrant éloge de la puissance de combat d'Abou Dhabi :

« Depuis 2016, le petit émirat du golfe Persique tente de s'imposer comme le principal partenaire antiterroriste de l'Occident dans la région tout en renforçant simultanément ses capacités militaires par le biais d'accords d'armements avec Pékin. Ils travaillent durement pour être le nouvel entrepreneur de l’Occident dans la région, à la fois politiquement et militairement. »

Mais de quoi est signe cette analyse?

Il va sans dire que les Emirats n'auraient jamais mis 3 ans pour se livrer à la chasse des yéménites via ses drones prédateurs, s'ils en avaient été capables dès le début de la guerre. Ainsi que le confirme Ansarallah, le raid qui a coûté la vie à al-Sammad a été un coup US, marquant l'entrée en guerre direct des Américains et des Israéliens contre les Yémen.

Pour le reste, l'obstination de l'article à souligner à chaque phrase, l'origine "chinoise" des drones émiratis est autrement signifiant : Aden et les îles Socotra, situés dans le sud du Yémen, constituent pour les Emirats et partant pour les Etats-Unis, la « porte d’entrée » de Bab El Mandeb, ce détroit hautement stratégique et vital au commerce maritime UE-Chine. La guerre au Yémen où s'implique désormais le CentCom US devrait déboucher sur une militarisation internationale de la mer Rouge, avec en toile de fond l'endiguement du flux du commerce maritime chinois. Ni la Chine ni la Russie ne permettront une telle chose. Pékin a déjà compris le danger, lui qui commence à s'activer militairement à Djibouti.

Certaines informations font aussi état du fait que la Russie pourrait elle aussi envisager une base navale et aérienne au Somaliland à quelques kilomètres de celle des États-Unis à Djibouti, qui, si elle était construite, compléterait de manière stratégique celle de la Chine à l’ouest du Camp Lemonnier des Américains.

Mais au-delà de cet aspect géostratégique du conflit qui impliquerait les grandes puissances, il y a aussi un autre fait à relever qui inviterait Foreign Policy à tempérer sa joie: le sort de la guerre au Yémen est loin d'être joué : Dans les minutes suivant le raid des avions saoudiens le 28 avril contre les funérailles de Sammad, les unités balistiques de l'armée yéménite ont tiré huit missiles contre une base saoudienne à Najran. Huit missiles en une seule fois. C'est dire que les villes saoudiennes et émiraties connaîtront un été particulièrement chaud émaillé d'avalanches de missiles que les Patriot ne sauraient intercepter  

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SOURCE: FRENCH PRESS TV