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Le numéro deux d'Ansarallah a été tué le jeudi 19 avril à al-Hudaydah

La raffinerie de pétrole d'Aden, au sud du Yémen, est en feu suite à un raid aérien, le 13 juillet 2015. ©Getty Images

Le numéro deux d'Ansarallah, Saleh al-Sammad, a été tué jeudi 19 avril par les missiles tirés contre son véhicule alors qu'il circulait dans le port d'al-Hudaydah. Certaines sources font également état de la mort de son ministre de la Défense Mohamed Nasir al-Atifi, au cours de cette même attaque que revendique non sans gloire l'armée de l'air saoudienne.

Et pourtant, le modus operandi de l'attaque et la précision avec laquelle celle-ci s'est déroulée, en font une pièce unique sur le tableau de chasse qu'a, à son actif, le régime criminel de Riyad qui frappe aveuglément et depuis 2015, écoles, hôpitaux, mariages, cimetières... sans pour autant avoir réalisé un quelconque succès stratégique digne de ce nom. 

Dans un communiqué publié quelques heures après l’assassinat d'al-Sammad, Ansarallah a pointé du doigt les Américains et les Israéliens qui ont commandité et planifié dans ses moindres détails le raid mortel contre le convoi d'al-Sammad. Leur hypothèse est-elle fondée ?

Le 10 février 2017, Abdul Malik al-Houthi, leader d'Ansarallah, a révélé la fabrication de drones et de diverses armes dont « des missiles sol-air capables d'intercepter des avions saoudiens et de frapper tout le territoire de la péninsule et bien au-delà ». Il aura fallu à Ansarallah à peine quelques semaines pour pouvoir lancer une première attaque aux missiles contre l'aéroport de Riyad et plonger le camp ennemi dans l'effroi le plus total.

Mais Riyad et Cie n'en étaient pas à leur dernière surprise: le 30 janvier 2017, Ansarallah a pris d'assaut la frégate saoudienne al-Madinah près du port d'al-Hudaydah, alors que le port, dernier point d'attache d'une population soumise à un blocus total, se trouvait sous le feu nourri de l'agresseur. C'est à l'aide d'un bateau sans pilote et commandé à distance qu'Ansarallah a réussi à détruire le destroyer saoudien.  

L'attaque a réveillé les craintes les plus vives en Israël voire aux États-Unis dans la mesure où elle reflétait cette doctrine de combat si unique de la Résistante qui consiste à utiliser des "moyens asymétriques" contre les ennemis ayant un avantage technologique indéniable. Au demeurant, cette arme asymétrique nouvelle s'est avérée d'une redoutable efficacité depuis janvier 2017, et Riyad et ses alliés israélien et américain ne se sont pas aventuré à prendre directement d'assaut le port.

Il y a quelques semaines, une certaine presse israélienne affirmait même voir à travers les navettes sans pilotes d'Ansarallah, une menace potentielle pour les plateformes d'exploitation de gaz naturelle d'Israël en Méditerranée.

La crainte est loin d'être injustifiée quand on sait qu'Israël compte s'emparer de la mer rouge et du détroit de Bab el-Mandab par Riyad interposé pour exporter son gaz (gaz libanais et palestinien, NDLR) vers l'Europe. Après tout, le corridor gazier que Tel-Aviv veut se doter, devra relier Eliat sur la mer Rouge au port d'Askelon et de Haïfa et de là, se connecter au port de Ceyhan.  

Bref, les "navires sans pilote" conçus par l'équipe d'al-Sammad auront suffi à motiver Israël pour qu'il s'implique directement dans le plan visant à exécuter l'intéressé. Mais la mort d'al-Sammad va-t-il inverser la donne militaire au profit de Riyad et de ses alliés ? Pas si sûr.

La ville d'al-Hudaydah où al-Sammad a été froidement liquidé il y a une semaine est désormais le symbole de la "résistance asymétrique" à l'occupation militaire. 

La semaine dernière, une dépêche faisait état du recrutement de milliers de mercenaires tchadiens et ougandais par les Émirats et l'Arabie saoudite qui veulent s'en servir pour lancer "l'offensive finale contre le port des Houthis". La liquidation d'al-Sammad s'expliquerait d'ailleurs et selon certaines sources, par l'imminence de cet assaut.

"Qu'ils viennent ! Ansarallah a de nouvelles surprises à faire découvrir à l'Arabie et à ses protecteurs", a lancé le 25 avril le nouveau président du Conseil politique suprême d'Ansarallah, Mahdi al-Mashat, à l'adresse des milliers de Yéménites descendus dans les rues d'al-Hudaydah pour rendre un dernier hommage à al-Sammad. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV