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USA/Ankara alliés contre la Russie?

La base aérienne russe à Hmeimim. (Photo d'archives)

La victoire de l’armée syrienne et de ses alliés à Idlib n’en est qu’à ses débuts. Depuis fin novembre 2017, les forces syriennes mènent une vaste offensive sur trois axes contre les positions terroristes depuis Alep et Hama voisins. L’assaut, lancé depuis le front Khanzar et la banlieue nord-est d’Alep, se poursuit sans relâche contre des milices dont les positions s’effondrent comme un château de cartes. Une chose est sûre : Idlib ne constitue plus une « ligne rouge » ni pour l’armée syrienne ni pour ses alliés, comme semblaient le croire certaines parties, quitte à amputer la Syrie de cette province.

 

Depuis que les forces alliées avancent à Idlib, c’est le sauve-qui-peut général au sein des groupes terroristes. Même l’apparition du « Frère » al-Abu Mohammad al-Julani -chef de Tahrir al-Cham- n’a pas aidé à leur remonter le moral, empêtrés dans leurs divergences internes.

Pour les observateurs, la victoire à Idlib est d’autant plus retentissante que l’armée syrienne n’était pas du tout présente dans cette province depuis le début de la guerre et qu’elle n’y détenait que quelques unités qui veillent à la sécurité de deux cités chiites encerclées, Foua et Kefraya, situées sur les frontières d’Alep.

Or l’effondrement des groupes terroristes s’est produit malgré les Américains qui, tout comme à Deir ez-Zor, font tout pour retarder la victoire finale des "forces alliées" à Idlib. Washington ne peut quitter la Syrie, les mains vides, abandonnant tout à l’adversaire et déclarant forfait. L’ennui c’est qu’à Idlib, ils ne disposent d’aucun relais. Ce n’est ni comme Raqqa ni comme Deir ez-Zor où leurs agents de Daech ou des FDS (Force démocratique syrienne) agissent pour leur compte.

Ceci étant dit, il n’est pas question que les Américains lâchent prise : alors qu’on s’attendait à ce que Washington se mette à héliportés commandos et forces spéciales à Idlib pour contrer les forces alliées et les empêcher de prendre le dessus comme à Abou Kamal, les stratèges du Pentagone ont imaginé un autre plan. 

Plan B américain

Un plan B américain s’est avéré d’autant plus nécessaire qu’Idlib est à deux pas de faire son grand retour dans le giron de l’État. Et les signes se multiplient.
En premier lieu parce que les habitants d’Idlib ne veulent pas de terroristes. De nombreuses manifestations ont éclaté ces derniers mois dans différentes parties de la province contre al-Nosra et en soutien à Assad. Dans le sud-est d’Idlib, les habitants ont même poussé les takfiristes armés à restituer leurs armes. Et d’ailleurs cette reddition forcée a accéléré la victoire des forces alliées.

Le scénario US ? 

Depuis trois jours, l’armée syrienne, secondée par les avions russes, a largement intensifié ses opérations dans le sud d’Idlib. Les frappes ont été si intenses que les terroristes ont eu juste le temps de prendre la fuite, eux et leurs familles vers le centre d’Idlib, abandonnant derrière eux armes, équipements et munitions. Quelque 800 km² de cette province viennent ainsi d’être libérés en l’espace de 3 jours. Les forces de la Résistance se trouvent, quant à elles, à 4 km de l’aéroport d’Abu al-Duhur dans le sud d’Idlib et d’Alep, bénéficiant de la couverture aérienne des chasseurs russes qui frappent violemment des bases-arrières des terroristes à Idlib, mais aussi à Lattaquié.

Pourquoi ? 

Samedi soir, les nosratistes, piloter depuis leur CentCom à Idlib, s’apprêtaient à lancer une attaque aux drones contre la base russe à Tartous. 13 drones auraient ainsi tenté de s’abattre sur les forces et les positions russes à Lattaquie.

Une seconde attaque impliquant, là aussi, 10 autres drones qui devaient viser, un peu plus tard, Hmeimim à l’ouest de Lattaquié tandis que trois drones se dirigeaient à nouveau vers la base de Tartous.

Un scénario apocalyptique destiné sans doute à intimider les Russes, à les pousser à renoncer à leur soutien aérien aux forces alliées à Idlib.
Or, les deux tentatives ont échoué : la défense aérienne russe et syrienne ayant réussi à détruire une vingtaine de drones et à en intercepter 3.
Une enquête du ministère russe de la Défense a tiré au clair le rôle des Américains dans cette offensive inouïe. Les terroristes auraient bénéficié du soutien technique d’un avion de type Poseidon US au moment de l’attaque. Quant à leur CentCom, il se trouverait à Idlib, zone de désescalade placée sous contrôle de la Turquie.
S’agit-il d’une synergie US/Turquie contre les forces alliées pour les empêcher de reprendre le contrôle d’Idlib ? Aux intérêts divergents, Ankara et Washington semblent toutefois agir de concert à Idlib : le soutien US/turc va invariablement aux terroristes qui opèrent à Idlib y compris à ceux inclus dans les forces de Bouclier de l’Euphrate. Reste à savoir comment Moscou va s’y prendre. Deux lettres de protestation viennent d’arriver au chef de l’état-major turc et à son collègue du Renseignement. En attentant, la libération d’Idlib est l’affaire de quelques semaines voire même quelques jours.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV