Le rappel par le Soudan de son ambassadeur d’Égypte montre l’ampleur de la tension dans les relations diplomatiques entre Khartoum et Le Caire.
Le Soudan a pris, jeudi 4 janvier, la décision de rappeler son ambassadeur, Abdoul Mahmoud Abdoul Halim, pour « consultations », a déclaré le porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères, Ghareeb-Allah al-Khidir.
Une récente visite du président turc au Soudan et la conclusion d’un accord sur la remise à Ankara « pour une période déterminée » de l’île de Suakin afin de la reconstruire, a provoqué la colère des autorités égyptiennes et a terni les relations entre les deux pays.
L’escalade de la crise entre les deux pays a pourtant soulevé plusieurs interrogations quant à l’origine de cette tension diplomatique entre les deux pays.
Pour certains analystes, le président soudanais, Omar el-Béchir, semble s’être éloigné du Caire à cause de l'opposition de ce dernier à la mise en eau annoncée de l’Ethiopian Renaissance Dam, plus grand barrage d’Afrique.
Pour cette infrastructure, il faut créer un lac de 246 km de long qui risque d’impacter les eaux du Nil qui traversent le Soudan et l’Égypte. Le partage des eaux est donc un motif de conflit entre les deux pays.
D’autres analystes sont d’avis que les relations entre le Soudan et le l’Égypte se sont compliquées en raison des positions des deux pays envers les évolutions libyennes. Les deux parties s’accusent mutuellement d’être impliquée dans les événements en Libye.
D’autres causes évoquées sont les accusations de soutien à la rébellion au Darfour soudanais, proférées par Khartoum à l’encontre du Caire et le déploiement des forces militaires égyptiennes en Érythrée à la porte du Soudan.
Le gouvernement de Khartoum a également décidé d’interdire l’entrée de tous les produits agricoles en provenance d’Égypte, toujours sur fond de la crise.
Le chef de la diplomatie soudanaise, qui devrait effectuer une visite mercredi dernier au Caire, a reporté son déplacement en raison de son agenda dit très chargé ces derniers jours; mais pour les médias ce geste est en guise de protestation contre les attaques médiatiques égyptiennes contre le Soudan après la visite d’Erdogan à Khartoum.
Pourtant certains experts se disent optimistes quant à une normalisation de relations entre les deux pays. Mais le rappel par Khartoum de son ambassadeur au Caire montre le contraire.