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Le "Hamas politique" pourra-t-il vaincre le "Hamas militaire" ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les combattants des Brigades de Qassam (Archives)

Un expert politique iranien de l’Asie de l’Ouest relève au micro de l’agence de presse Tasnim, l’ambiguïté du nouveau document politique que le mouvement de la Résistance islamique de la Palestine, Hamas, a publié lundi, soit deux jours avant la visite de Mahmoud Abbas à Washington. 

L’analyste politique iranien Hossein Royvaran ©Tasnim 

Selon Hossein Royvaran, « il s’agit d’un document ambigu qui pourrait signifier à la fois le changement et le maintien de la stratégie de résistance ».

« Le texte s’approche du discours politique du Fatah quand il affirme être prêt à doter les Palestiniens d’un État sur les frontières de 1967. Ceci étant dit, le texte insiste sur la nécessité de la lutte armée jusqu’à la libération de la totalité de la Palestine », explique-t-il. 

L’analyste souligne ensuite le fait que le texte soit publié à Doha, et ce par le chef du bureau politique du Hamas, bureau dont les élections ont été ces derniers temps sans cesse reportées : « En effet, on ne peut nier les pressions des parties qui, en bloquant les élections, ont empêché le retour du bureau politique du Hamas à Gaza. Le but étant visiblement d’éviter à avoir à faire face aux pressions anti-israéliennes très fortes qui existent à Gaza et qui sont liées à la branche militaire du Hamas. De toute évidence, le nouveau document politique a un interlocuteur favori : les régimes arabes du golfe Persique. Khaled Mechaal, chef du bureau politique du Hamas, cherche à se faire valoir aux yeux des monarchies arabes comme l’Arabie saoudite et à se définir un rôle d’interlocuteur politique valable. » 

Mais ce rôle, les brigades Qassam sont-elles prêtes à l’accepter ? L’éditorialiste de Raï al-Youm, Abdel Bari Atwan, n’y croit guère: « La première réaction israélienne au nouveau document du Hamas a été le rejet total. Israël a dit ne pas se contenter du moins d’un désarmement total du Hamas et c’est là que le mécanisme se bloque. » Atwan affirme: « Primo, le Hamas devra reconnaître Israël et renoncer à la lutte armée et au retour des réfugiés, sans quoi ni l’Occident ni Israël ne reconnaîtront l’État palestinien à naître sur les frontières de 1967. Secundo, ni l’Occident ni Israël ne pourront ouvrir le canal du dialogue avec le Hamas tant que ce dernier ne sera pas désarmé. Tertio, tout dialogue avec Israël demande au préalable la reconnaissance de ce régime, des accords signés avec ce dernier, y compris les accords d’Oslo."  

La branche militaire du Hamas n’est pas de nature à se soumettre à cette triple condition. Certes, les pressions croissantes de la Turquie et du Qatar sur le Hamas, les navettes incessantes de l’ex-Premier ministre britannique Tony Blair entre Doha et Ankara, ce même Blair qui réclame la paternité de la guerre contre l’Irak et la Libye, ainsi que plus de 10 ans de blocus, de malheurs, de famine et de mort imposés à Gaza, sont pour quelque chose dans la rédaction de ce document. 

Mais de là, à dire que le "Hamas politique" parviendra par son texte à effacer le poids "du Hamas militaire", cette armée sur laquelle la masse palestinienne a bien compté pour restituer ses droits, il y a un pas imprudent à ne pas franchir.

La paix avec Israël n’est qu’une chimère et les Gazaouites le savent mieux que quiconque. Reste que le texte du bureau politique du Hamas ouvre une période d’incertitude pour l’avenir de la Palestine qui n’est guère de bon augure. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV