Quel est le maillon faible de l’armée israélienne face à la Résistance libanaise et palestinienne ? Cette question a fait l’objet d’un entretien accordé par l’expert iranien des questions internationales, Ahmad Reza Rouhallah Zad, à l’agence de presse Tasnim.
« La plus grande faiblesse de l’armée israélienne, qui s’est d’ailleurs bien manifestée à travers les quatre dernières guerres entre Israël d’une part et le Hezbollah et Gaza de l’autre, c’est l’incapacité organique d’Israël à mener à bien des combats asymétriques », a-t-il estimé. Interrogé sur les manœuvres militaires multiples qu’organise le régime israélien, le spécialiste dit ne pas s’en étonner, « puisque l’entité israélienne agit par préméditation et qu’elle a été définie comme un régime “casernier”. En réalité, tous les habitants d’Israël sont considérés comme des réservistes et ils sont tout le temps en état d’alerte pour parer à toute éventualité ».
Le spécialiste a mentionné le projet israélien d’évacuer le port de Haïfa ou des colonies frontalières de Gaza et du sud du Liban et y a vu « le signe d’une faiblesse indéfectible au niveau des forces censées assurer la sécurité et la protection des gens, c’est-à-dire les forces armées ». « C’est sur cette base d’ailleurs que les centres d’études sécuritaires en Israël déconseillent tout le temps aux politiciens du pays de recourir à des démarches susceptibles de déclencher des guerres », explique-t-il.
« Vu leur expérience au cours de la guerre de 2006 contre le Hezbollah, il y a une phase que l’on retrouve systématiquement dans toutes les manœuvres de l’armée israélienne : celle de l’évacuation des colonies. C’est que les militaires israéliens dans leur majorité n’arrivent plus à rassurer les colons et à garantir leur “défense” en cas de guerre », poursuit l’expert iranien.
Pour l’analyste, les exercices militaires d’envergure qu’a annoncés Israël pourraient être interprétés aussi sous un autre angle, celui qui met l’accent sur « les ennuis judiciaires de Netanyahu », politicien corrompu qui « fait face à une grave crise de légitimité au sein même de son parti et de son gouvernement ». Il est d’avis qu’« Israël affiche une compassion contrefaite concernant la guerre en Syrie pour redorer son blason, se réconcilier avec les régimes arabes, démembrer les pays hostiles à son existence et les affaiblir. Tous ces objectifs sont remis en cause à l’heure qu’il est ».
Selon Rouhallah Zad, le talon d’Achille de l’armée israélienne, qui jouit d’un arsenal militaire unique dans la région, c’est d’abord le manque de motivation de ses soldats, puis l’incapacité de ces derniers à mener des combats asymétriques, une qualité que les combattants du Hezbollah et des Brigades al-Qassam (branche militaire du Hamas, NDLR) possèdent. « Le secrétaire général du Hezbollah a affirmé dans l’un de ses derniers discours ne plus avoir aucune ligne rouge à respecter si une confrontation militaire venait à avoir lieu avec Israël. C’est d’ailleurs dans ce sens que les réservoirs d’ammoniac à Haïfa ont été transférés à bord de cargos en Méditerranée. Les Israéliens pensent aussi à mettre à l’abri la centrale nucleaire de Dimona », relate-t-il.
L’analyste iranien a ensuite relevé les coûts particulièrement lourds qu’une équipée israélienne contre le Liban pourrait infliger à Israël et a ajouté : « Nasrallah l’a dit très clairement : le Hezbollah a la possibilité de pénétrer sur le sol israélien par le biais de ses combattants aguerris et parfaitement capables de mener des combats asymétriques, des combats de rue... Cela signifie qu’Israël se trouve désormais exposé à des risques réels et qu’une guerre avec le Hezbollah ne serait plus une partie de plaisir. »