TV
Infos   /   A La Une   /   Europe   /   L’INFO EN CONTINU

Faute d'accord sur les avoirs russes, l'UE se replie sur un prêt contesté à Kiev

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les chefs d’Etat européens rassemblés pour le sommet du Conseil européen à Bruxelles, le 18 décembre 2025.©Reuters

Sous pression, les dirigeants de l’Union européenne (UE) espéraient imposer la saisie des avoirs russes pour financer l’aide à l’Ukraine.

Mais après deux jours de tensions à Bruxelles, cette option a été écartée. L’UE a finalement opté pour un prêt collectif de 90 milliards d’euros, contesté par plusieurs membres et jugé insuffisant par les autorités ukrainiennes.

Le sommet européen des 18 et 19 décembre à Bruxelles, présenté comme décisif pour l’avenir du soutien à l’Ukraine, s’est soldé par une impasse majeure sur la question des avoirs russes gelés. Malgré la pression intense de la Commission européenne et de l’Allemagne, les dirigeants européens n’ont pas réussi à imposer la confiscation de ces fonds pour financer l’aide à Kiev.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, défendait un plan visant à utiliser les 210 milliards d’euros d’avoirs russes bloqués dans l’UE — dont 185 milliards en Belgique — pour octroyer un crédit à Kiev. Mais face à une forte opposition, notamment de la Belgique, de la Hongrie, de l’Italie, de Malte et de la Tchéquie, la mesure a été abandonnée. Le Premier ministre belge Bart de Wever a évoqué des « risques juridiques et financiers », et les avoirs russes ne figurent même pas dans le communiqué final du sommet.

Ce revers a été salué par Moscou. Kirill Dmitriev, représentant spécial du président russe, a qualifié ce retrait de « victoire du droit et du bon sens » face aux « fauteurs de guerre dirigés par von der Leyen ». Il a également appelé à la démission d’Ursula von der Leyen et de Friedrich Merz, les accusant d’avoir « épuisé leur capital politique pour un projet illégal et voué à l’échec ».

En remplacement, les chefs d’État et de gouvernement ont validé un plan de financement basé sur un emprunt collectif de 90 milliards d’euros, accordé à taux zéro sur deux ans. Ce mécanisme, présenté comme une solution de compromis, ne convainc pas tout le monde.

Le Conseil de l’UE a précisé que la Hongrie, la Slovaquie et la Tchéquie ne participeront ni au financement ni aux garanties de ce prêt. Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a dénoncé un « crédit de guerre » qu’il juge « perdu d’avance ». Il a estimé que l’initiative initiale exposerait l’Europe à de graves représailles si la Russie décidait de répondre symétriquement, rappelant que « les actifs européens en Russie dépassent ceux de la Russie en Europe ».

Friedrich Merz a de son côté assuré que l’Ukraine n’aurait à rembourser ce crédit que si la Russie refuse de payer des réparations. Dans ce cas, l’UE envisage d’utiliser les avoirs gelés comme garantie, ce qui demeure une hypothèse non actée. Le chancelier allemand a précisé que cela se ferait « en conformité avec le droit international ».

Au-delà des décisions financières, ce sommet a mis en lumière les fractures croissantes au sein de l’UE. Politico parle d’un « échec personnel » pour Ursula von der Leyen et Friedrich Merz, affaiblis par une opposition imprévue, même au sein de leurs alliés habituels. Le refus de la Belgique est notamment surprenant.

Du côté ukrainien, le scepticisme domine. Le député Iaroslav Jelezniak a affirmé que les 90 milliards d’euros ne couvriraient pas les besoins du pays, estimés par le FMI à 137 milliards de dollars pour les deux prochaines années. Malgré le prêt annoncé, Kiev reste donc largement dépendant d’un soutien extérieur incertain.

L’Union européenne, divisée sur les priorités, peine à maintenir une stratégie commune. La tentative de saisie des avoirs russes s’est heurtée au réalisme économique et juridique.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV