Une délégation de haut rang de diplomates américains a effectué une visite en Syrie pour s’entretenir directement avec les représentants de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), désigné par Washington comme groupe terroriste.
Un porte-parole du département d’État a déclaré que les responsables américains vont s’entretenir avec les dirigeants du groupe armé HTC sur leur vision de l’avenir de la Syrie et sur la manière dont les États-Unis peuvent les soutenir.
La délégation est composée, entre autres, de Barbara Leaf, haute responsable du département d’État pour l’Asie de l’Ouest, et de Daniel Rubinstein, qui est chargé désormais des contacts avec la Syrie.
La visite intervient une semaine après que le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que les États-Unis avaient été en contact direct avec HTC.
« Il est important d’avoir une communication directe », a déclaré Blinken à Bloomberg. « Il est important de parler aussi clairement que possible, d’écouter et de s’assurer que nous comprenons du mieux que nous pouvons où ils vont et où ils veulent aller. Nous allons donc chercher à poursuivre cela dans les prochains jours. »
Il s’agit de la première mission diplomatique officielle des États-Unis à Damas depuis 2011, lorsque des terroristes takfiristes venus du monde entier ont envahi la Syrie et déclenché une guerre brutale contre le pays.
Pendant cette période, les États-Unis ont intensifié leurs sanctions contre la Syrie, qui ont abouti à l’éviction du président Bachar al-Assad ce mois-ci.
Les États-Unis ont fermé leur propre ambassade à Damas en février 2012, la République tchèque représentant les intérêts américains dans le pays.
Dans une déclaration publiée la semaine dernière, les États-Unis ont affirmé qu’ils seraient prêts à reconnaître le nouveau gouvernement syrien si certaines conditions étaient remplies.
On a beaucoup parlé de la position de Jolani – ou plutôt de son inaction – envers Israël, qui a bombardé plus de 500 cibles en Syrie depuis l’éviction d’Assad.
Israël a également occupé de nouveaux territoires en Syrie, notamment ce qu’il appelle sa « zone tampon » sur les hauteurs du Golan, que le régime occupe illégalement.
Tout au long de l’intensification de l’agression israélienne, HTC et d’autres groupes takfiristes sont restés les bras croisés.
De l’avis des observateurs, le fait que Jolani ait déclaré au journal britannique The Times que la Syrie ne menacerait pas Israël pourrait bien s’agir d’une tentative visant à obtenir la reconnaissance de son groupe par l’Occident, en particulier par les États-Unis.
Hayat Tahrir al-Cham a des racines dans Al-Qaïda. Une prime de 10 millions de dollars avait été promise par les États-Unis pour toute information permettant la capture d’Abu Mohammed al-Jolani, le chef de HTC, qui est désormais présenté sous son vrai nom Ahmed al-Sharaa.
Sharaa a rencontré lundi l’envoyé de l’ONU pour la Syrie, Geir Pederson, et un jour plus tard une délégation allemande. Les diplomates français sont retournés à leur ambassade à Damas, hissant le drapeau tricolore pour la première fois depuis 2012.
En 2020, l’UE a accusé HTC d’avoir illégalement détenu, torturé et assassiné des civils vivant dans des zones sous le contrôle du groupe et a déclaré que cela pourrait constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité.
Les États-Unis doublent leurs effectifs en Syrie
Le Pentagone a révélé avoir doublé en secret le nombre de soldats américains dans le nord-est de la Syrie, de 900 à 2 000 soldats, avant que les groupes armés ne commencent à prendre le contrôle du pays.
Les chiffres ont été révélés jeudi en raison de « la sensibilité d’un point de vue diplomatique et de sécurité opérationnelle », a expliqué le porte-parole du Pentagone Patrick Ryder lors d’un briefing.
L’armée américaine a depuis longtemps stationné ses forces et son équipement dans le nord-est de la Syrie, le Pentagone affirmant que le déploiement vise à empêcher les champs pétroliers de la région de tomber entre les mains des terroristes de Daech.
Les États-Unis mènent régulièrement des frappes aériennes en Syrie sous prétexte de lutter contre le terrorisme.
L’ancien gouvernement de Damas soutenait que le déploiement avait pour but de piller les ressources naturelles du pays.
L’ancien président américain et actuel président élu Donald Trump a admis à plusieurs reprises que les forces américaines étaient en Syrie pour ses richesses pétrolières.