Si le terrorisme en Syrie persiste, il faut en chercher la cause dans la présence militaire illégale des États-Unis dans ce pays, a fait savoir le ministère iranien des Affaires étrangères, par la voix de son porte-parole.
Lundi, au cours de sa conférence de presse hebdomadaire, Esmaïl Baghaï, qui s’exprimait sur les développements dans la région, a déclaré que le principal bénéficiaire de l’insécurité régionale était bien le régime de Tel-Aviv. Il a déclaré que la présence militaire américaine en Syrie était une violation des principes et des lois du pays, ajoutant que la persistance de la présence de terroristes dans le pays était due à la présence américaine.
Ni Daech ni les événements récemment survenus en Syrie n’ont jamais constitué une menace pour les États-Unis et leurs intérêts, a affirmé le porte-parole de la diplomatie iranienne, évoquant le rôle des puissances étrangères dans la résurgence du terrorisme en Syrie.
Selon le diplomate iranien, cette question soulève le problème suivant : « si l’objectif de la présence militaire américaine en Syrie est de combattre [le groupe terroriste takfiriste] Daech, que fait [encore] le groupe là-bas ? »
Les Américains et leurs nombreux alliés ont envahi le pays arabe, en plus de s’être déployés en Irak voisin dans le cadre d’une coalition en 2014 sous prétexte de déraciner le groupe terroriste Daech.
Et pourtant, la coalition y maintient sa présence, même si Damas, Bagdad et leurs alliés ont, en 2017, vaincu le groupe le réduisant à des résidus sporadiques et à des cellules dormantes.
Pourquoi alors, les États-Unis n’ont-ils pas empêché les attaques de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), un autre groupe terroriste takfiriste en quête de résurgence en Syrie, s’est également interrogé Baghaï.
Le responsable a par la suite décrit le régime israélien comme la principale partie tirant profit de l’insécurité en Syrie et dans le reste de la région de l’Asie de l’Ouest.
Au cours des 14 derniers mois, le régime a intensifié ses attaques contre la Syrie dans le but de saper les défenses du pays, a-t-il déclaré, ajoutant que la guerre génocidaire israélienne dans la bande de Gaza et ses attaques meurtrières intensifiées contre le Liban depuis plus d’un an ont également permis aux groupes terroristes de refaire surface dans les différentes régions de la Syrie.
L’appui israélien au terrorisme takfiriste
C’est pour affaiblir la Syrie et les factions de la Résistance dans la région, mais aussi pour semer la division et la sédition parmi les pays musulmans de la région, que le régime israélien soutient le groupe takfiriste, comme le montre le récit des actes de terrorisme menés par le HTC, a souligné plus loin dans ses propos le responsable iranien.
D’après le diplomate iranien, ce n’est pas un hasard si les terroristes se sont réactivés juste après l’annonce d’un cessez-le-feu au Liban.
« L’histoire des groupes terroristes et leurs liens avec le régime sioniste nous amènent à la conclusion que leur résurgence n’est pas un accident », a-t-il indiqué.
Le responsable iranien faisait référence aux rapports sur l’appui en termes d’armes apporté par le régime israélien aux groupes terroristes takfiristes dans toute la région, ainsi qu’à d’autres rapports d’après lesquels Israël a aidé régulièrement des terroristes à s’échapper vers le Golan occupé, afin de les mettre à l’abri des opérations militaires menées par la Syrie et ses alliés.
« Cette fois-ci, par contre, les pays de la région sont conscients de ce problème », a déclaré le porte-parole iranien, en allusion au soutien continu de Tel-Aviv au terrorisme régional.
Dans ce droit fil, le porte-parole iranien a indiqué que tous les pays musulmans de la région et les autres nations devraient prendre en compte le fait qu’Israël, ennemi commun de la sécurité et de l’instabilité, est à l’origine des récentes évolutions en Syrie.
Coopération régionale contre le terrorisme
Baghaï a noté que tous les pays de la région étaient arrivés à la conclusion que tout cas d’insécurité et d’expansion du terrorisme en Syrie ne resterait pas limité à ce pays.
« Cette préoccupation commune incite les pays voisins à redoubler d’efforts pour lutter contre le terrorisme », a-t-il ajouté.
Se référant au récent déplacement du ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi en Syrie, Esmaïl Baghaï a déclaré que l’objectif de cette visite était de transmettre aux autorités syriennes le message de soutien continu de Téhéran à l’égard de Damas.
L’Iran, sur le plan démocratique, se doit de mobiliser la communauté internationale pour lutter contre le terrorisme et les pays de la région devraient en faire autant. C’est d’ailleurs dans ce même objectif que les visites du chef de la diplomatie iranienne en Syrie et en Turquie ont été effectuées, selon lui.
Dans la foulée, Baghaï a décrit la Turquie comme un voisin important pour la Syrie qui a participé activement au processus d’Astana et a joué un rôle constructif afin d’apaiser les tensions dans diverses régions de la Syrie.
« La présence consultative de l’Iran en Syrie est basée sur la demande de Damas »
Pour ce qui est du maintien de la présence consultative de la République islamique d’Iran en Syrie, le diplomate iranien a souligné que Téhéran avait commencé à aider Damas à faire face au terrorisme soutenu par l’étranger, à la demande de Damas, il y a des années de cela.
« Nos conseillers continuent d’assurer une présence là-bas », a-t-il déclaré, ajoutant que la présence de l’Iran en Syrie, établie à l’invitation du gouvernement de ce pays, n’était donc pas un fait nouveau et qu’elle se poursuivrait.
« Le processus de paix d’Astana est toujours vivant »
Baghaï a évoqué le processus de paix d’Astana lancé par l’Iran, la Russie et la Turquie en janvier 2017 pour aider à la résolution du conflit en Syrie grâce à l’implication des parties adverses.
Les engagements permanents envers le processus sont susceptibles d’être violés comme d’autres obligations internationales, a-t-il déclaré, tout en ajoutant qu’une telle violation n’a pas conduit à l’élimination ou l’affaiblissement du processus.
Soulignant que le processus doit être appliqué pour pallier de possibles violations, le responsable iranien a formulé l’espoir que la récente visite d’Abbas Araghchi en Turquie et les contacts en cours avec des responsables russes contribueraient à redynamiser le processus.
« La réunion de Genève ne se limite pas à la question du programme nucléaire iranien »
En outre, Baghaï a fait référence à la récente réunion de la délégation iranienne avec la troïka européenne – l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni – qui a eu lieu ce vendredi à Genève, affirmant que l’événement n’avait pas uniquement tourné autour de la question du programme nucléaire de la République islamique d’Iran.
« Nous avons fait part de nos différentes préoccupations lors des discussions avec la partie européenne », a-t-il indiqué.
À cet égard, le porte-parole de la diplomatie iranienne a fait état de la volonté de Téhéran d’interagir avec d’autres parties sur diverses questions, conformément aux droits et aux engagements attribués à l’Iran sur la base des lois internationales.
En ce qui concerne la nature du programme nucléaire iranien, le porte-parole a souligné qu’il resterait pacifique, conformément à la fatwa [décret religieux] émise par le Leader de la Révolution islamique, l’Ayatollah Seyyed Ali Khamenei, et aux considérations liées à la sécurité nationale.