Lors d’un entretien téléphonique avec son homologue français Jean-Noël Barrot, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a condamné les nouvelles sanctions européennes contre les compagnies aériennes et maritimes du pays avertissant que toute mesure que prendraient la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni à l’encontre de l’Iran à la prochaine réunion du Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ne ferait que compliquer davantage la situation.
Au cours de cette conversation où les deux hommes ont discuté des négociations nucléaires et des derniers développements régionaux, Araghchi a vivement critiqué la décision de présenter une résolution contre l’Iran au Conseil des gouverneurs de l’AIEA.
Paris, Berlin et Londres associés à Washington ont formellement soumis ce mercredi le texte d'une résolution à l'AIEA, en vue d'un vote probablement jeudi, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.
« Cette mesure prise par les trois pays européens est en contradiction flagrante avec le climat positif créé par les négociations menées entre l’Iran et l’Agence », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères.
Le chef de la diplomatie iranienne n’a pas manqué de qualifier d’injustifiée et de provocatrice la décision des pays européens d’imposer de nouvelles sanctions contre la République islamique pour ce qu’ils prétendent être la fourniture par Téhéran d’équipements militaires à Moscou pour être utilisés dans la guerre en Ukraine.
Araghchi a par ailleurs évoqué la poursuite de l’offensive israélienne contre le Liban et le génocide du régime sioniste à Gaza avant de condamner le soutien occidental aux atrocités du régime de Tel-Aviv et a appelé à une action urgente des parties influentes pour contraindre Israël à arrêter l’agression.
Cette conversation téléphonique intervient alors qu'un diplomate occidental de haut rang, qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat, a confirmé à l’AP que le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, avec le soutien des États-Unis, allaient de l’avant avec une résolution contre Téhéran lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l’AIEA.
Ce texte met en cause l’Iran pour son prétendu manque de coopération avec l’AIEA en ce qui concerne le programme nucléaire du pays.
Les engagements pris par l’Iran lors de la visite la semaine dernière du chef de l’AIEA pourraient ne pas être maintenus en cas d’adoption d’une résolution, a déclaré un diplomate de haut rang, soulignant que l’Iran a, par le passé, répondu aux résolutions du Conseil des gouverneurs de l’AIEA en renforçant encore son programme nucléaire.
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L’Iran a proposé la semaine dernière de ne pas augmenter son stock d’uranium enrichi jusqu’à 60%, lors de la visite à Téhéran du chef de l’AIEA, Rafaël Grossi.
L’AIEA a déclaré lors de cette visite à Téhéran que « la possibilité pour l’Iran de ne pas accroître davantage son stock d’uranium enrichi jusqu’à 60 % en U-235 a été discutée, y compris les mesures de vérification technique nécessaires pour que l’Agence puisse confirmer cela, si elles sont mises en œuvre ».
Le rapport indique qu’un jour après le départ de Grossi d’Iran, le 16 novembre, les inspecteurs de l’AIEA ont vérifié que « l’Iran avait commencé à mettre en œuvre des mesures préparatoires visant à arrêter l’augmentation de son stock d’uranium enrichi jusqu’à 60 % en U-235 » sur ses sites nucléaires souterrains de Fordo et Natanz.
Mohammad Eslami, directeur général de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA), a également mis en garde lors d’une conférence de presse conjointe avec Grossi contre une « réponse immédiate » à toute résolution de l’AIEA contre le programme nucléaire pacifique du pays.
En 2015, l’Iran a prouvé au monde le caractère pacifique de son programme nucléaire en signant le Plan d'action global commun (PAGC) avec six puissances mondiales.
Cependant, le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 et la réimposition ultérieure de sanctions contre Téhéran ont laissé l’avenir de l’accord dans les limbes.
En 2019, l’Iran a commencé à réduire les limites qu’il avait acceptées dans le cadre du PAGC après que la partie adverse n’a pas respecté ses engagements.