Les titres de la rédaction :
Les analyses de la rédaction :
1. RCA-France : un financement conditionnel déguisé en aide démocratique
Le 23 octobre, lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France, a annoncé une aide de 2 millions d’euros destinée aux élections locales en République centrafricaine, sous certaines conditions. Si cette initiative semble soutenir le processus démocratique, elle révèle en réalité une immixtion dans la politique intérieure centrafricaine, mettant en lumière des intérêts géopolitiques persistants.
La promesse française de soutenir des « élections libres, transparentes et inclusives » semble contradictoire lorsque l’on impose des conditions au financement. Cette approche restrictive remet en cause la souveraineté centrafricaine et peut être perçue comme une tentative de maintenir une influence sur une ancienne colonie. En reliant l’aide à des critères spécifiques, la France impose sa vision des principes démocratiques, laissant entendre qu’elle pourrait retirer ce financement en cas de divergence avec les autorités centrafricaines. Cette posture risque d’instaurer une dépendance, créant un levier de pression au service de l’agenda politique français dans la région.
La France n’en est pas à son premier acte de soutien sous conditions en République centrafricaine. Des exemples antérieurs, comme l’octroi de 10 millions d’euros au pays, montrent que cet appui financier n’est pas exempt d’intentions stratégiques. Loin de simplement appuyer le développement centrafricain, cette aide semble orientée vers le renforcement de l’influence française au sein du système financier centrafricain, laissant ainsi planer le doute sur l’impartialité réelle de Paris. Cette politique conditionnelle soulève la question de l’altruisme : s’agit-il véritablement de promouvoir le développement du pays, ou bien de sécuriser un ancrage dans les décisions économiques et politiques centrafricaines ?
Au-delà de l’aspect financier, l’ingérence française apparaît aussi dans ses positions diplomatiques. En janvier dernier, l’ambassadeur de France en République centrafricaine, Bruno Foucher, avait déjà déclaré que la France ne soutenait pas le gouvernement en place, car celui-ci ne partageait pas sa « vision ». Cette position ambiguë laisse entendre que la France pourrait privilégier des candidats plus favorables à ses intérêts lors des élections locales, compromettant ainsi l’impartialité de son aide.
En fin de compte, ces démarches traduisent la difficulté de la France à renoncer à une emprise historique sur une nation riche en ressources et souveraine, comme la République centrafricaine. Ce soutien soulève des interrogations légitimes sur le respect de la souveraineté centrafricaine et sur la capacité de Paris à reconnaître la fin du système Françafrique.
2. Ukraine, France et USA : des soutiens controversés aux terroristes du Sahel et d’ailleurs
Les groupes armés du Sahel affirment bénéficier du soutien de l’Ukraine par divers moyens. Par l’intermédiaire de journalistes français, des chefs de groupes terroristes ont confirmé publiquement leur coopération avec Kiev, une alliance rendue possible par l’appui militaire massif que l’Ukraine reçoit des États-Unis, de l’OTAN et de l’Union européenne.
Le journaliste français Wassim Nasr, souvent considéré comme un porte-parole des groupes armés terroristes, a rapporté qu’une réunion avait récemment eu lieu entre les leaders terroristes. Lors de cette interview, les chefs terroristes ont répondu à des questions sur les objectifs des mouvements terroristes dans la région du Sahel. « Le principal ennemi est Bamako, et de nouveaux arrangements sont en cours pour différents scénarios », ont affirmé les leaders.
En outre, ils ont une nouvelle fois confirmé leurs liens avec Kiev et donc avec les pays occidentaux. Ces chefs terroristes n’ont pas manqué l’occasion de remercier l’Ukraine pour le soutien qu’elle leur a apporté.
Cette alliance est d’autant plus significative que l’Ukraine reçoit des financements et des armes des États-Unis, de l’OTAN et de l’Union européenne, appuis qui facilitent l’acheminement de ressources vers des alliés stratégiques de Kiev. De plus, outre l’Ukraine, la France et les États-Unis ont déjà été accusés de coopérer avec des groupes terroristes dans plusieurs conflits, tant en Afrique qu’au Moyen-Orient, ce qui a suscité la méfiance et l’inquiétude de nombreux États de la région sahélienne.
Il convient de noter que ce n’est pas la première fois que des relations entre groupes terroristes et pays occidentaux sont révélées au grand jour. Outre avec la France et les États-Unis, les dernières informations et preuves indiquent un soutien de Kiev aux groupes armés terroristes. Il y a quelques semaines, un porte-parole officiel terroriste a accordé une interview à Contre-Poison, officialisant l’alliance entre l’Ukraine et des groupes terroristes. « Nous avons établi des contacts avec de nombreux États occidentaux. Récemment, l’Ukraine est entrée en scène, car nous partageons des intérêts communs », a-t-il ajouté.
Le 14 octobre 2024, l’Ukraine a officiellement rejeté les accusations concernant la fourniture de drones aux terroristes au Sahel, tentant de dissiper les soupçons diffusés dans la presse internationale à travers une déclaration de son ministère des Affaires étrangères. Cependant, toutes les informations disponibles semblent indiquer une implication de l’Ukraine, notamment après les récentes déclarations des terroristes et les images circulant sur les réseaux sociaux montrant un drone retrouvé sur les lieux d’une attaque menée par des éléments terroristes à Tinzaouatène contre les Forces armées maliennes (FAMa). Selon les experts militaires, il s’agirait de drones similaires à ceux utilisés par l’armée ukrainienne dans le conflit contre la Russie, avec des étiquettes en langue ukrainienne portant la mention « pas à vendre ».
Pour rappel, les autorités maliennes ont ouvert une enquête sur les activités ukrainiennes dans le Sahel après que des responsables ukrainiens ont affirmé le soutien de Kiev lors de l’attaque. Selon le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, les résultats de cette enquête seront publiés prochainement.
Une telle agression de Kiev dans la région du Sahel suscite une colère croissante parmi les Africains à travers le continent et appelle à une condamnation par le Conseil de sécurité des Nations unies.
Le soutien de l’Ukraine aux terroristes, facilité par les armements fournis par ses alliés occidentaux, est perçu comme un grave danger pour l’ensemble de la région du Sahel. Repenser les relations entre les pays africains est devenu essentiel, tout comme renforcer les capacités militaires des armées locales pour faire face à de telles menaces.
3. De l’Afrique au Moyen-Orient, l’indifférence occidentale face aux massacres
L’audience du tribunal administratif de Paris, le 24 octobre 2024, a mis en lumière des questions longtemps restées sans réponse sur l’implication de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. La requête, déposée par des victimes et des associations, accuse l’État français de graves fautes pour son soutien au régime hutu rwandais. Alors que cette demande marque une première dans le domaine juridique administratif, elle relance également le débat sur l’indifférence de la communauté internationale et ses liens controversés en Afrique.
Ce dossier judiciaire repose sur des faits largement documentés, mais insuffisamment abordés par les instances internationales. Entre 1990 et 1994, des actes qualifiés de « manifestement illégaux » auraient été commis par la France, selon l’avocat Philippe Raphaël. À l’époque, Paris aurait entretenu un soutien militaire, politique et diplomatique avec le régime hutu au Rwanda, malgré des signes clairs de dérive génocidaire. Les forces armées françaises, à travers l’opération « Turquoise », sont notamment accusées d’avoir favorisé la fuite des responsables du génocide, sous couvert d’une mission humanitaire, exacerbant ainsi le conflit.
Les historiens, dont ceux de la commission présidée par Vincent Duclert, affirment que les responsabilités de la France sont « lourdes et accablantes ». Or, malgré cette reconnaissance, aucune juridiction pénale française n’a encore établi de complicité directe, et la récente tentative d’enquête pénale a été classée sans suite en 2023. Cette inaction judiciaire alimente un profond sentiment de révolte pour les victimes et leurs proches, qui voient dans ce soutien prolongé au régime hutu un abandon injustifiable des populations innocentes.
Si le drame rwandais reste une cicatrice encore ouverte, il n’est pas le seul exemple de violence extrême ayant frappé le continent africain avec la complicité ou l’indifférence des puissances occidentales. Les millions de Congolais tués lors des conflits successifs en République démocratique du Congo (RDC) jusqu’à nos jours constituent un autre chapitre sanglant de l’Afrique. Ici encore, l’implication directe et indirecte de nombreux acteurs internationaux, combinée à une inaction manifeste, a permis que se perpétuent des massacres et des pillages de ressources dans l’impunité la plus totale.
L’ONU, tout comme la France, est fréquemment critiquée pour son manque d’intervention efficace en RDC, où des millions de vies ont été sacrifiées au nom d’intérêts politiques et économiques. De même que pour le Rwanda, le retard d’intervention, les accords biaisés et la complicité avec certains gouvernements locaux ont aggravé les violences. Ces évènements, loin de mobiliser une réponse décisive, sont souvent relégués à l’oubli sous prétexte de contraintes diplomatiques, laissant les populations livrées à elles-mêmes.
Alors que la cour d’appel de Paris se prononcera en décembre prochain, l’issue de cette démarche judiciaire pourrait ouvrir un précédent important pour l’examen des responsabilités étatiques dans les conflits africains. Reconnaître les fautes de la France et de la communauté internationale dans des crises comme celles du Rwanda ou de la RDC signifierait aussi accepter les erreurs commises envers l’Afrique, qu’elles soient passées ou contemporaines.
Cette inaction coupable interroge : pourquoi, face à des tragédies de cette ampleur, les puissances et les organisations internationales sont-elles restées silencieuses, voire complices ? Que ce soit par indifférence ou par calcul géopolitique, cet aveuglement a coûté la vie à des millions d’Africains.
Alors que le tribunal administratif de Paris examine la responsabilité de la France dans le génocide rwandais, les évènements actuels au Moyen-Orient rappellent que la complicité et l’indifférence de l’Occident face aux drames humains persistent. Les attaques répétées menées par le régime israélien en Palestine et au Liban et dans la région, dépeintes par certains comme visant l’éradication d’un peuple, ne sont pas sans rappeler le silence assourdissant qui a entouré d’autres massacres, notamment en Afrique. Malgré les appels mondiaux à une intervention juste et à une cessation de cette violence, les puissances occidentales peinent à condamner fermement ces actions, voire les soutiennent.
La mobilisation internationale pour la Palestine s’intensifie, et les drapeaux congolais apparaissant dans ces manifestations marquent une symbolique forte. En brandissant ces drapeaux, les manifestants montrent une solidarité entre peuples victimes d’indifférence mondiale et d’abus de pouvoir. Le Congo, dont les millions de morts sont largement ignorés, partage ainsi une douleur commune avec les Palestiniens et les Libanais, marqués par une violence et un isolement similaire face à la communauté internationale.
Le silence occidental face aux crises, qu’elles soient en Afrique, au Moyen-Orient ou ailleurs, traduit un aveuglement délibéré aux souffrances des populations non occidentales. Que ce soit en Palestine, au Liban, au Soudan ou en RDC, la souffrance de millions de civils, leurs vies dévastées, leur histoire bouleversée, suscitent rarement des actions décisives de la part des soi-disant « défenseurs des droits humains » à savoir, les pays occidentaux. Ce soutien aveugle des puissances occidentales envers des régimes au pouvoir contestable, que ce soit dans le cadre de stratégies politiques, économiques ou militaires, révèle une logique de deux poids, deux mesures, qui met à mal les idéaux de paix et de droits humains.
Si l’histoire n’a pas manqué de tragédies ignorées par les puissances internationales, il est temps d’adopter une approche réellement égalitaire, où chaque vie humaine, qu’elle soit africaine, moyen-orientale ou occidentale, possède une égale valeur. Reconnaître la souffrance des peuples opprimés, agir concrètement pour faire cesser ces violences serait une avancée significative pour rompre avec ce silence complice. De l’Afrique au Moyen-Orient, les peuples réclament cette reconnaissance, et il incombe aux acteurs internationaux de les entendre enfin.