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France : vers une "économie de guerre"

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le canon Césare fourni à l’Ukraine par la France. © AFP

La France prévoit la réquisition des entreprises en cas d'urgence afin de produire davantage d’armement. L'Élysée semble vouloir sortir l'industrie de l'armement de son ornière, en allant vers l’économie de guerre, rapporte le journal allemand Frankfurter Rundschau.

Lors d'une récente conférence de presse en présence de l'ensemble des chefs d'état-major des armées et de plusieurs hauts responsables du ministère, le ministre français des Armées Sébastien Lecornu, a déclaré que les usines d'armement du pays devaient travailler plus vite et cela s'appliquait particulièrement à l'artillerie et aux munitions.

Lecornu a également fait savoir qu'il avait les moyens de parvenir à ses fins. La loi militaire de l’automne 2023, qui prévoit une planification militaire à long terme jusqu’en 2030, crée expressément la possibilité de "réquisitions", c’est-à-dire de saisies d’entreprises privées par l’État. Selon la loi, la condition est une situation de menace "actuelle" ou "prévisible". Lecornu tient cela pour acquis en raison de la guerre en Ukraine.

« Pour la première fois, je n’exclus pas le recours aux confiscations ou à l’établissement de priorités militaires plutôt que civiles si le rythme et la production ne sont pas respectés », a souligné le ministre des Armées. Et de poursuivre qu'il ne pourrait donc y avoir "aucune surprise" si la confiscation était effectivement ordonnée.

Selon la loi, le gouvernement peut confisquer les stocks et les moyens de production ainsi que contraindre le personnel d'exploitation concerné. Cela vaut non seulement pour les entreprises de défense elles-mêmes telles que MBDA, Thales, Dassault et Nexter, mais aussi pour leurs fournisseurs quasi-civils.

Depuis une semaine, l'annonce de Lecornu fait sensation à Paris. De son côté le président de la  commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées au Sénat, Cédric Perrin, a dû préciser que la France n'avait « pas basculé vers une économie de guerre » avec cette annonce. « Tant qu'aucune réquisition n'a été ordonnée, on ne peut pas en parler », a-t-il noté. 

Ces dernières semaines, le président français, Emmanuel Macron, a utilisé, à plusieurs reprises, la notion de l’"économie de guerre" lors qu'il parlait de l'Ukraine, sans toutefois donner plus de détails.

Pour l'instant, la menace de Lecornu apparaît comme une tentative de sortir l'industrie de défense de l'ornière. En France, il y a actuellement un manque de missiles de défense aérienne de type "Aster", tant pour les envoyer en Ukraine que pour ses propre besoins. Ces armes défensives sont fabriquées en France et en Italie par la société de défense MBDA. Leur production en quantité suffisante nécessite un délai de plus de trois ans.

Il y a un peu plus d'un an, l'armée française commandait 200 roquettes "Aster" pour une valeur de 900 millions d'euros. Leur livraison est prévue pour 2026. Lecornu le réclame désormais d’ici fin 2024. Et pas seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour ses opérations en mer Rouge contre les drones yéménites.

Cependant certains partis français notamment la droite, critiquent la mesure, estimant que la France manque les moyens nécessaires pour ce projet d’armement. Cette semaine, le gouvernement français a annoncé que le déficit public avait atteint 5,5 du PIB, un chiffre inattendu.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV