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Les analyses de la rédaction :
1. Guinée-Bissau : un coup d’État en vue ?
Dans une série d’événements en rapide succession, des militaires fortement armés ont pris le contrôle de la télévision nationale et de la radio en Guinée-Bissau aujourd’hui, plongeant le pays dans un état de confusion et d’incertitude. Cette prise de contrôle intervient trois jours après des affrontements qui ont dégénéré en émeutes, mettant en péril la stabilité politique du pays.
Le président Umaro Sissoco Embalo a réagi rapidement à la crise en dissolvant le Parlement, largement dominé par l’opposition, lors d’une annonce faite ce lundi 4 décembre 2023. La dissolution a été précédée d’une réunion du Conseil d’État convoquée par le président au palais présidentiel, dans une tentative de prévenir tout scénario de coup d’État.
Malgré ces mesures, la situation demeure précaire, et des informations non confirmées laissent entendre qu’une tentative de coup d’État est en cours contre le président Sissoco Embalo. Les militaires qui ont pris le contrôle des médias nationaux n’ont pas encore déclaré de revendications spécifiques.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a immédiatement réagi en condamnant fermement cette tentative de perturbation de l’ordre constitutionnel. Dans une déclaration émise depuis Abuja le 1er décembre 2023, la CEDEAO exprime sa profonde préoccupation face aux violences qui ont éclaté à Bissau et appelle à la stabilité.
La CEDEAO condamne catégoriquement la violence sous toutes ses formes et exhorte à l’arrestation et à la poursuite des auteurs de ces incidents conformément à la loi. La déclaration souligne également la pleine solidarité de la CEDEAO avec le peuple et les autorités constitutionnelles de la Guinée-Bissau.
Ces développements surviennent à la veille de la prochaine réunion de la CEDEAO sur le Niger, soulevant des inquiétudes quant à la stabilité régionale. La Guinée-Bissau rejoint ainsi la liste des pays africains confrontés à des défis politiques majeurs, suscitant des préoccupations quant à l’avenir politique de la région.
La situation reste volatile, et le monde observe de près l’évolution des événements en Guinée-Bissau, espérant une résolution pacifique de la crise et un retour à la stabilité politique.
2. La France perd le monopole de l’eau au Niger
Le Niger va confier l’exploitation de l’eau potable à une compagnie d’État, au détriment du géant français Veolia. L’ancien ambassadeur français avait déjà tenu des propos polémiques sur la gestion de cette ressource vitale.
Ça coule de source. En froid avec Paris, le Niger a décidé de nationaliser l’exploitation de son eau potable, mettant fin à son contrat avec le géant français Veolia et sa filiale SEEN. Le contrat d’affermage arrivera à son terme le 31 décembre.
C’est la Nigérienne des eaux, société d’État, qui reprendra le contrat d’exploitation.
Une bataille de l’eau s’était déjà amorcée entre Niamey et Paris en février, après les propos polémiques de l’ambassadeur français, Sylvain Itté. Contrarié par les nouveaux partenariats entre le Niger et la Russie, le diplomate avait invité les habitants à « arrêtez de boire de l’eau, puisqu’elle est européenne ».
Une sortie qui avait suscité une vague d’indignation. L’ancien sénateur ivoirien Jean-Baptiste Pany avait par exemple rétorqué que la France pouvait bien arrêter d’utiliser ses centrales nucléaires, puisque celles-ci fonctionnaient avec de l’uranium nigérien.
L’ambassadeur français s’était finalement excusé, devant le tollé suscité. Son mandat s’était d’ailleurs terminé quelques mois plus tard, puisque les nouvelles autorités avaient demandé son départ.
La rupture du contrat d’affermage avec Veolia marque une étape significative dans la volonté du Niger de prendre le contrôle de ses ressources stratégiques. La Nigérienne des eaux, en tant que société d’État, sera responsable de la gestion de l’eau potable à partir du 1er janvier, date à laquelle le contrat actuel arrivera à échéance.
Ça coule de source. En froid avec Paris, le Niger veut récupérer sa souveraineté en emboîtant le pas à ses alliés malien et burkinabé.
3. AES : après le G5, la CEDEAO signera-t-elle sa fin ?
Le Mali, le Niger et le Burkina Faso, après avoir créé l’Alliance des États du sahel, l’AES, ont porté un coup fatal en se retirant de l’organisation G5 Sahel créée par la France. Ils s’apprêteraient certainement à porter un grand coup à la CEDEAO. Comme l’attestent d’ailleurs les différentes rencontres et l’élaboration d’un programme de fédération autour des projets structurants.
Ce retrait du G5 Sahel en dit long sur les ambitions de ces trois pays. Tous les regards sont désormais tournés vers le sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest prévu à Abuja le 10 décembre 2023. Ce sommet, à n’en pas douter, prendrait contre le Mali, les mêmes sanctions que celles prises contre le Niger après le coup d’État du général Abdouramane Tiani suite à la décision de Bamako de reporter les élections afin de pouvoir se donner le temps nécessaire à la sécurisation du territoire.
En prélude au sommet de la CEDEAO et pour parer à toutes les éventualités, les trois États sahéliens ont non seulement renforcé leurs liens de coopération, mais aussi et surtout semblent prendre le taureau par ses cornes en quittant le G5 Sahel, avant certainement de claquer la porte de la CEDEAO. Si tous les observateurs s’accordent à dire que le retrait des trois pays du G5 Sahel suit une certaine logique, car cette organisation d’apparence antiterroriste n’a jamais produit les résultats escomptés, il n’en demeure pas moins qu’ils s’interrogent également sur l’opportunité de quitter la CEDEAO. Cette interrogation en appelle d’autres que les peuples de l’espace sahélien se posent, à savoir si les autorités de ces trois pays, mis sur le banc des accusés de la CEDEAO pour leur tendance souverainiste et leur volonté de suivre la demande de leur peuple, vont les pousser à quitter la CEDEAO.
Si nul ne peut affirmer avoir officiellement entendu les autorités des trois pays se prononcer en faveur d’un retrait de la CEDEAO, le renforcement des liens entre les membres de l’AES va inévitablement provoquer la fin de la CEDEAO. Le colonel Assimi Goita, le général Abdouramane Tiani et le capitaine Ibrahim Traoré ambitionnent de s’affranchir de la tutelle de la CEDEAO qui est de plus en plus jugée comme étant une organisation travaillant pour les intérêts de l’Occident plutôt que pour la défense des intérêts de l’Afrique. Le silence de l’organisation et son manque d’initiative par rapport à la situation sécuritaire de ces trois pays en disaient long. L’organisation n’a jamais jugé utile de mettre sur la table une option militaire conjointe pour mettre un terme au fléau du terrorisme dans la région, mais par contre, pour ce qui est de ramener l’ex-président nigérien Mohammed Bazoum, l’organisation était prête à user de l’option militaire.
Pour beaucoup, et surtout pour les populations de ces pays, la voie du souverainisme est la meilleure, car menant vers la sécurisation, l’indépendance et le développement. Maintenant, les dirigeants de la CEDEAO réfléchiront trois fois avant de prendre une quelconque décision concernant les pays de l’AES.
À la question de savoir qu’est ce que les trois pays ont à gagner en faisant le choix de l’AES au détriment de la CEDAO, la réponse est une mutualisation des forces pour lutter contre le terrorisme, une réelle indépendance économique qui pourrait incontestablement mener vers une sortie de la monnaie coloniale, le FCFA. En bref, une union indépendante est toujours plus forte.
Ce 25 novembre 2023, lors de la rencontre ministérielle des pays membres de l’Alliance des États du sahel (AES) sur le développement économique dans l’espace du Liptako-Gourma, avec pour objectif général d’échanger et de créer une synergie d’action entre les pays de l’AES sur l’accélération du processus d’intégration économique et financière au sein de l’alliance, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla MAÏGA a fait savoir que c’est l’insécurité qui est à la base de la transition au Mali, au Niger et au Burkina Faso. À cet effet, il a souhaité la refondation, la bonne gouvernance, la sécurité, la paix au sein de l’espace du Liptako-Gourma. Il a indiqué que l’AES compte une superficie de 2 800 000 Km2 et une population de près de 80 millions d’habitants qui constituent une force de frappe non négligeable. « Le destin de nos trois pays s’est joué le 16 septembre 2023 avec la signature de l’AES. Nos trois pays viennent d’écrire en lettre d’or une nouvelle page de l’histoire de l’Afrique. Cette alliance va marcher, d’autres Africains vont s’ajouter », a souligné le chef du gouvernement malien.
Une Alliance qui arrive à faire bloc contre l’impérialisme mettra certainement fin, à la longue, à toute trace d’ingérence occidentale dans la région, mais également sur le continent africain.