TV
Infos   /   A La Une   /   Moyen-Orient   /   Europe   /   L’INFO EN CONTINU   /   palestine   /   Tempête d’Al-Aqsa

Manifestations pro-palestiniennes: la liberté d’expression est menacée en Europe

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des dizaines de milliers de manifestants ont manifesté à Londres, le 14 octobre 2023. ©Getty Images

À Londres, des milliers de manifestants pro-palestiniens se sont rassemblés près d’Oxford Circus, brandissant des drapeaux palestiniens pour appeler à la fin des frappes aériennes israéliennes et du blocus de la bande de Gaza. La police de Londres, déployant plus de 1 000 agents sur le terrain, avait prévenu que « toute personne arborant un drapeau soutenant le Hamas serait arrêtée », et a ensuite procédé à 15 arrestations, selon l’article du magazine américain Time.

Malgré le risque d'arrestations, la Campagne de solidarité avec la Palestine, qui a contribué à l'organisation d'une grande manifestation à Londres la semaine dernière, en a organisé une autre le samedi 21 octobre. « Les organisateurs ont été informés par la police qu’ils imposeraient des restrictions sur manifestations, comme ils l’ont fait samedi dernier », a déclaré le groupe sur X, (anciennement Twitter). « Les explications données n’étaient franchement pas convaincantes. Aucune tentative du gouvernement ou de la police pour disperser les manifestations ne nous arrêtera », selon le poste.

Ceci est le dernier exemple de l’escalade des tensions en Europe en raison de la guerre du régime israélien contre la bande de Gaza. Les gouvernements européens répriment les manifestants s’exprimant en faveur de la Palestine.

« Nous avons assisté à une répression sans précédent de l’activisme palestinien à travers le continent [européen] », a déclaré Anas Mustapha, militant politique de CAGE, organisation indépendante de défense des droits de l’homme basée au Royaume-Uni. « Le soutien à la Palestine est progressivement criminalisé », a-t-il ajouté.

La répression du soutien aux Palestiniens en Occident tire la sonnette pour les groupes de défense des droits de l’homme qui affirment que les gouvernements ont l’obligation internationale de protéger la liberté d’expression et la liberté de réunion, au lieu d’imposer des interdictions préventives.

Esther Major, directrice adjointe des recherches pour l’Europe à Amnesty International, a appelé les autorités européennes à protéger le droit de chacun à s’exprimer et à se réunir pacifiquement, déclarant que les conséquences dévastatrices de la guerre « obligent naturellement de nombreuses personnes en Europe à manifester pour les droits des Palestiniens ».

« Pourtant, dans plusieurs pays européens, les autorités restreignent illégalement le droit de manifester », a-t-elle déploré.

Dans plusieurs villes européennes comme Berlin, Glasgow, Madrid, Paris et Rome, des dizaines de milliers de manifestants pro-palestiniens sont descendus dans la rue pour protester contre les bombardements israéliens sur Gaza.

Mais les tensions étaient particulièrement vives en France et en Allemagne, abritant les plus grandes communautés juives et musulmanes de l’Union européenne. La police a renforcé la sécurité et réprimé fortement les groupes pro-palestiniens à Berlin, ayant l’une des plus grandes communautés de diaspora du Moyen-Orient avec environ 30 000 Palestiniens. Ceci intervient alors que l’Allemagne protège depuis longtemps le droit des citoyens de se réunir et de manifester en vertu de sa Constitution qui remonte à 1848.

Ces manifestations ont incité les deux pays à imposer l’interdiction générale des manifestations en solidarité avec la Palestine.

En France, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a interdit les manifestations pro-palestiniennes, sous prétexte qu’elles étaient susceptibles de générer des troubles à l’ordre public.

En Allemagne, le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré aux législateurs du pays que l’histoire de l’Allemagne et sa responsabilité dans l’Holocauste « nous obligent à contribuer au maintien de la sécurité et de l’existence d’Israël ».

En plus d’interdire les manifestations, les autorités éducatives de Berlin ont également envisagé d’interdire aux étudiants de porter le Keffieh palestinien et d’utiliser les autocollants « Libérer la Palestine (Free Palestine) ».

Au Royaume-Uni, une nouvelle loi introduite par le gouvernement conservateur en avril 2022 a été critiquée par les groupes de défense des libertés civiles, qui la jugent trop restrictive pour les manifestations et porte atteinte au droit à la liberté d’expression.

La semaine dernière, la ministre britannique de l’Intérieur, Suella Braverman, a déclaré à de hauts responsables de la police qu’agiter un drapeau palestinien ou scander des phrases spécifiques pour la Palestine, telles que « du fleuve à la mer, la Palestine sera libre », pourrait constituer une infraction pénale.

D’autres pays européens comme l’Autriche et la Hongrie ont également interdit les manifestations pro-palestiniennes depuis le 7 octobre, où les groupes de la Résistance palestinienne ont mené une opération anti-israélienne, baptisée Tempête d’Al-Aqsa.

Dans ce droit fil, Benjamin Ward, directeur adjoint de la division Europe et Asie centrale à Human Rights Watch a déclaré à Time que même si les responsables sont autorisées à restreindre la liberté d’expression et la liberté de réunion, de telles restrictions devraient être imposées lorsqu’« elles sont prévues par la loi, nécessaires à un objectif légitime et proportionné », mettant l’accent sur le fait que les gouvernements ne pouvaient pas simplement invoquer les lois locales pour justifier leurs interdictions ».

Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne sont tenus de protéger la liberté d’expression et de liberté de réunion, en tant que signataires de la Convention européenne des droits de l’homme, qui s’applique à la plupart des pays européens, ainsi que des traités des Nations unies comme le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV