Le ministre français de la Justice a déclaré que toute forme de soutien public à la résistance contre le régime israélien constitue un délit pénal.
Dans une circulaire datée de mardi, Eric Dupond-Moretti a estimé que la survenance de l'opération du Hamas le 7 octobre "est susceptible d'entraîner une multiplication des délits antisémites".
Des rassemblements ont été organisés dans le pays en soutien aux Palestiniens.
Une centaine de personnes ont participé mercredi soir à Lyon à une manifestation en soutien au peuple palestinien interdite par la préfecture du Rhône qui avait pointé un risque sérieux de troubles à l'ordre public, ont constaté des journalistes de l'AFP.
« Palestine vivra, Palestine vaincra » ou « Israël assassin », ont scandé les manifestants, en majorité des jeunes, parfois munis de drapeaux palestiniens.
Peu après 18h30, les manifestants ont été dispersés par la police, qui avait mis en place un important dispositif et a fait usage de gaz lacrymogène.
Un premier rassemblement en soutien « à la Résistance palestinienne » avait été interdit lundi. Environ 150 personnes avaient néanmoins manifesté dans le calme avant d'être rapidement dispersées par les forces de l'ordre.
« Nous assistons tous à des actions incroyables de la résistance armée palestinienne qui, à notre connaissance, parvient à sortir de cet immense camp de concentration qu’est Gaza et à infliger de lourdes pertes aux soldats et colons israéliens ; nous regardons l’actualité chaque minute », a dit Nicolas Shahshahani, de l’organisation EuroPalestine, lors du rassemblement du lundi.
« Aujourd’hui, nous allons bien sûr féliciter la Résistance palestinienne et dénoncer la complicité de notre gouvernement, à commencer par le gouvernement français qui n’a jamais cessé de collaborer avec l’occupation et la colonisation israélienne, car personne ne le dit, mais ce n’est pas deux armées, l’une contre de l’autre, ce sont les gens qui sont occupés et les gens qui occupent », affirme Olivia Zemmour, de l’EuroPalestine.
Le ministre de la Justice a également appelé à des poursuites pénales contre toute expression publique de messages pouvant interpréter les attaques du Hamas comme une forme légitime de résistance contre Israël.
« Toute atteinte à l'intégrité physique des personnes de la communauté juive, toute atteinte aux lieux de culte ou encore tout propos susceptible de constituer une apologie du terrorisme ou une provocation directe à des actes de terrorisme, doivent faire l'objet d'une réponse pénale systématique », a ajouté le ministre dans son court document de trois pages.
Agir un drapeau du Hamas lors d'une manifestation peut constituer un délit d'apologie du terrorisme, selon l'ancien avocat pénaliste.
« Les propos faisant l'éloge des attentats, les présentant comme une résistance légitime contre Israël ainsi que la diffusion publique de messages incitant à porter un jugement favorable sur le Hamas ou le Jihad islamique constituent également des infractions pénales », a-t-il affirmé.
Mercredi soir, des drapeaux palestiniens ont également fleuri place de la Victoire à Bordeaux. Ils étaient 150 selon les organisateurs, une soixantaine selon les autorités. Des familles avec enfants et poussettes, des étudiants et des retraités venus dire leur « soutien à la résistance du peuple palestinien », comme on pouvait le lire sur une grande banderole accrochée à la porte d'Aquitaine. Cette manifestation était pourtant interdite par la préfecture de la Gironde qui craignait des troubles à l’ordre public. À l’origine de l’appel, le Comité Action Palestine avait déposé un recours devant le tribunal administratif.
« La Palestine, c'est les vraies victimes en fait », déclare Naïma, 20 ans, les larmes aux yeux. « La Palestine doit se défendre », insiste cette étudiante en licence de langues venue emmitouflée dans un drapeau palestinien.
Certains portent le traditionnel keffieh, symbole de la lutte palestinienne. D'autres ont les frontières de la Palestine d'avant 1947 tatouée sur l'avant-bras.