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Syrie : comment l'occupation américaine balise le terrain pour des attaques comme celles de Homs

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)

Par Shabbir Rizvi

Le 5 octobre, des terroristes takfiri ont lancé une attaque sanglante de drones contre une académie militaire située à Homs à l’Ouest syrien tuant plus une centaine de personnes.

L'attaque, l'une des pires de ces dernières années, est survenue lors de la cérémonie de remise des diplômes et alors que les forces de l'armée menaient des opérations contre des bastions terroristes se trouvant à travers tout le pays.

L’armée syrienne a déjà riposté aux attaques des terroristes, promettant que ceux qui ont planifié et exécuté cet attentat « le paieraient cher ».

L'armée syrienne a accuscé dans un communiqué les terroristes soutenus par les forces internationales d’être à l’origine de cette attaque qui s’est prdoduite donc alors que la cérémonie de la remise des diplômes était sur le point de s’achever jeudi.

L’armée syrienne, appuyée par ses alliés, tente d’éliminer les terroristes qui opèrent depuis des années dans les villes d’Alep et d’Idlib et leurs périphéries.

Il peut être surprenant pour certains de voir comment ces terroristes ont résisté aussi longtemps, en particulier face à une armée aussi aguerrie que l'armée syrienne, engagée dans un conflit sur plusieurs fronts contre plusieurs ennemis internationaux depuis 2011.

Les Etats-Unis soutiennent les terroristes

Derrière chaque élément provoquant le chaos et l’instabilité en Syrie se cache sans surprise la main de Washington qui non seulement soutient les terroristes takfiris mais qui l’admet aussi effrontément.

Au début du conflit en Syrie parrainé par les États-Unis, la diplomatie américaine a profité du brouillard de la guerre pour entraîner, financer et armer des groupes terroristes dans ce pays.

Ces terroristes qui mènent une guerre par procuration jouent un rôle important en créant un prétexte pour justifier l’invasion américaine en Syrie.

Une intense campagne de blanchiment a été menée afin de permettre aux terroristes de mener une guerre efficace contre la population et afin de tenter de renverser le président Bachar al-Assad.

Tandis que ces terroristes soutenus par les États-Unis attaquaient la Syrie sur un front, les États-Unis envahissaient et occupaient des pans entiers du territoire syrien sur un autre front. Sans surprise, l’occupation américaine s’est concentrée autour des champs de pétrole syriens, ce qui leur a permis de voler des milliards de dollars de pétrole et de continuer à s’emparer de ces terres.

Une grande partie de cette campagne visant à armer les terroristes a été menée dans le cadre d’une opération de la CIA connue sous le nom de « Timber Sycamore ».

Timber Sycamore a armé et entraîné ce que la secrétaire d’État de l’époque, Hillary Clinton, appelait tristement « les rebelles modérés ».

Les « rebelles modérés », comme l’a affirmé Clinton, étaient des forces d’opposition qui combattaient aux côtés de « l’Armée syrienne libre » (ASL) que les États-Unis armaient et entraînaient également. Elle n’a pas mentionné leurs liens avec des groupes extrémistes et terroristes takfiris.

Les armements de l’opération Timber Sycamore englobaient des armes légères, des lance-roquettes, des explosifs et bien d’autres encore qui ont tous été lancés contre des civils innocents.  

Des milliards de dollars d’armes ont ainsi été livrés à « l’opposition » qui travaillait main dans la main avec divers groupes terroristes takfiris.

Grâce à des transactions sophistiquées sur le marché noir, ces armes continuent de tomber entre les mains des divers groupes terroristes du pays (auxquels elles n’étaient pas initialement destinées) comme Daech.

Tenues pendant un certain temps hors de vue du  américain, les agences de renseignement américaines qui armaient ces terroristes n’ont pas mentionné qu’ils n’étaient pas de simples éléments « modérés » luttant contre le gouvernement syrien.

En fait, ils n’étaient pas du tout « modérés ». Ils se sont activement alliés et ils ont combattu aux côtés de groupes terroristes connus comme le Front al-Nosra, affilié à al-Qaïda.

Le Front al-Nosra a mené des pratiques barbares telles que des décapitations, l’envoi de kamikazes dans des zones civiles, d’horribles tortures et bien plus encore.

La CIA et le gouvernement américain savaient que leurs armes tombaient entre les mains de terroristes affiliés à Al-Qaïda comme le Font al Nosra, les mêmes éléments qu’ils voulaient faire retirer d’Afghanistan – ou à tout le moins qu’ils prétendaient le faire. Or, la livraison des armes a continué.

Une alliance impie

L’alliance contre nature entre le Département d’État américain et la ligue takfiri a été même montrée comme normale par les médias occidentaux qui ont présenté l’usage des terroristes takfiri comme un moyen pour parvenir à leurs fins.

Or, supposons que vous ne vouliez pas croire les documents déclassifiés de la CIA qui affirment que Timber Sycamore et l'étendue de ses opérations, y compris son appartenance aux terroristes takfiris ; mais jetez un œil à cet e-mail divulgué par Wikileaks qui révèle que le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, informait Hillary Clinton (alors secrétaire d'État) qu'« AQ » (Al-Qaïda) était de leur côté.

E-mail

La stratégie privilégiée par les États-Unis ces dernières années a toujours été la déstabilisation par l’intermédiaire de terroristes. Une région déstabilisée permet de faire semblant d’invasion américaine, et au milieu de cette invasion, des éléments déstabilisateurs tels que les terroristes takfiris peuvent dépenser les ressources d’un État tandis que les États-Unis pillent des milliards de dollars de ces ressources.

Malgré une présence et une occupation officielles sur le terrain depuis 2014, les troupes américaines tirent leur épingle du jeu contre les groupes terroristes takfiris, contrairement au gouvernement syrien et à ses alliés.

L’essentiel de la lutte contre les menaces terroristes est mené par les forces syriennes aux côtés de leurs alliés russes et iraniens. Un exemple de réussite conduirait au renversement du gouvernement actuel, pour le remplacer par un régime stipendié favorable aux États-Unis.

Les États-Unis ont la capacité avérée d’armer, comme nous le voyons depuis plus d’un an maintenant, des soldats ukrainiens avec des technologies avancées pour combattre une armée russe moderne et bien supérieure.

Si les États-Unis le voulaient, ils pourraient éliminer les terroristes liés à Al-Qaïda. Cependant, ils choisissent volontairement de ne pas le faire. L’objectif à court terme a toujours été l’occupation et le vol, et l’objectif à long terme reste le contrôle total via un régime stipendié.

Le prétexte du « terrorisme » permet aux États-Unis d’envahir et de voler 80 % de la production pétrolière syrienne. Les vols en cours portent un coup dur à l’économie syrienne.

En outre, la loi César, poussée par Washington, sanctionne et bloque des industries clés en Syrie, notamment l’énergie et la défense, ce qui permet au terrorisme takfiri non seulement de survivre mais aussi de se renforcer.

L’approche sur plusieurs fronts de Washington pour déstabiliser la Syrie a intentionnellement renforcé et rendu cynique les terroristes, tandis que les troupes américaines pillent la majorité de la production pétrolière du pays.

Il s’agit d’un plan sophistiqué visant à justifier la présence illégitime des États-Unis dans la région. Et les personnes qui en souffrent le plus sont les civils syriens, tout comme ceux qui viennent d’être ciblés dans une cérémonie de remise des diplômes.

Les objectifs à long terme des États-Unis contrecarrés ?

L’attaque terroriste contre l’académie militaire intervient au milieu de nouvelles évolutions qui traversent rapidement la Syrie. Considérer cette attaque terroriste de manière isolée, tout en connaissant parfaitement l’implication des États-Unis dans l’armement des terroristes takfiris et leur déploiement, revient à ignorer la situation dans son ensemble.

Au grand dam de Washington, la Syrie, grâce à d’immenses efforts combinés à l’aide militaire de l’Iran, a réussi à récupérer des pans importants de son territoire et à stabiliser une grande partie de la région.

L’Iran, principal allié de la Syrie, a rejoint l’alliance des BRICS et l’Organisation de coopération de Shanghai,  ce qui bénéficiera sans aucun doute à la Syrie, car l’Iran a toujours entretenu des relations par excellence avec Damas.

Ceci a contraint de nombreux gouvernements arabes, qui avaient d’abord isolé la Syrie, à l’accueillir à nouveau dans des alliances comme la Ligue arabe et à relancer des relations avec ce pays.

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase (américain) a peut-être été la récente visite de Bachar Al Assad à Pékin et l’élargissement de la coopération sur plusieurs fronts avec la Chine.

La Syrie pourrait jouer un rôle clé dans l’initiative chinoise de la Ceinture et de la Route, non seulement en raison de sa situation géographique, mais aussi de sa production pétrolière. La Chine a maintes fois remis en question et condamné les pratiques de chapardage de Washington en Syrie.

La réintégration de la Syrie dans la région, combinée à de puissants alliés économiques et défensifs, ne signifie pas « si » elle sera capable d’expulser l’occupation américaine et ainsi mettre fin au terrorisme takfiri, mais plutôt « quand » pourra-t-elle le faire ?

Washington fermera sans aucun doute les yeux sur ses attaques déjà modérées contre les menaces terroristes et intensifiera le vol de pétrole.

En attendant, nous pouvons compter sur la Syrie pour fournir une réponse foudroyante aux terroristes abjects – en particulier à ceux qui, par la négligence (ou délibérément) servent les intérêts impérialistes.

Shabbir Rizvi est un analyste politique basé à Chicago qui se concentre sur la sécurité intérieure et la politique étrangère des États-Unis.

(Les opinions exprimées dans cet article ne reflètent pas nécessairement celles de Press TV)

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SOURCE: FRENCH PRESS TV