Au lendemain de l’annonce par la France du retrait de ses troupes du Niger, les États-Unis disent vouloir « étudier toutes les mesures » envisageables concernant leur présence militaire; la Bundeswehr allemande pourrait elle aussi se retirer du pays.
Washington va « étudier toutes les mesures futures » concernant sa présence militaire au Niger, a déclaré lundi 25 septembre le secrétaire américain à la Défense, après l'annonce de la France du retrait de ses troupes du pays d'ici la fin de l'année.
« Tout en donnant une chance à la diplomatie, nous continuerons également d'étudier toutes les mesures futures qui donneront la priorité à nos objectifs à la fois diplomatiques et sécuritaires », a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin lors d'une conférence de presse dans la capitale kényane Nairobi, où il est en visite.
Dimanche soir, le président français Emmanuel Macron avait annoncé le retour à Paris de l'ambassadeur de France à Niamey, Sylvain Itté, « dans les prochaines heures », et le retrait du Niger des 1.500 troupes françaises basées dans le pays, d'ici la fin de l'année, deux exigences des militaires ayant pris le pouvoir le 26 juillet.
Emmanuel Macron a également annoncé que la France mettait fin « à sa coopération militaire avec les autorités du Niger, car elles ne veulent plus lutter contre le terrorisme ».
Lors d'une conférence de presse lundi soir, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a précisé que Paris maintenait par ailleurs son « soutien » au président nigérien Mohamed Bazoum, renversé par le coup d'État de juillet, et sa volonté d'« un retour de l'ordre constitutionnel au Niger, en plein appui aux efforts de la CEDEAO (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest) ».
À Nairobi, le secrétaire américain à la Défense a refusé de commenter les annonces de Paris.
« Nous n'avons apporté aucun changement significatif au positionnement de nos forces et (...) nous souhaitons réellement une solution diplomatique, une issue pacifique », a déclaré Austin, dont le pays dispose de quelque 1.100 soldats stationnés au Niger.
Le Pentagone avait annoncé le 7 septembre repositionner ses troupes « par précaution », transférant certains soldats d'une base de la capitale Niamey vers une base aérienne plus au nord, dans la région d'Agadez.
« Nous allons étudier les conséquences du retrait des troupes françaises du Niger, mais pour le moment, nous nous concentrons sur la poursuite » de ce repositionnement, a précisé Sabrina Singh, une porte-parole du Pentagone.
Les États-Unis ont indiqué le 14 septembre reprendre leurs vols de surveillance au-dessus du Niger, qu'ils avaient interrompus après le coup d'État, le reste de leurs opérations militaires dans le pays restant figées.
Un retrait des troupes allemandes s'annonce
Le mercredi 20 septembre, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, annonçait pour sa part que le départ des soldats allemands se poserait si les troupes françaises quittaient le Niger.
« Si les unités françaises venaient à partir, la question du retrait serait pour nous plus vive. Il nous faudrait de nouveau y réfléchir », avait-t-il ajouté.
Une centaine de militaires allemands sont actuellement déployés avec des troupes françaises sur la base aérienne nigérienne de Niamey, dont certains sont affectés à une mission de coopération avec le Niger mais aussi dans la formation de l’armée nigérienne.
Lundi après-midi, le militant panafricaniste franco-béninois Kemi Seba, connu pour ses positions très virulentes à l'encontre du « néo-colonialisme » des puissances occidentales en Afrique, est arrivé à l'aéroport de Niamey où il doit rester quelques jours.
« Le peuple du Niger a demandé à ce que l'armée française parte le plus tôt possible. Macron dans son arrogance somme toute coloniale dit que l'armée française partira d'ici la fin de l'année comme si c'était à lui de décider quand est-ce que le colon devait plier bagage », a-t-il lancé à son arrivée.
L'annonce du départ des troupes françaises était saluée par plusieurs Nigériens interrogés dans les rues de la capitale où plusieurs manifestations hostiles à la présence française ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes ces dernières semaines.
« Il faut que les militaires français quittent immédiatement (le pays) puisque vraiment, on n'a pas besoin d'eux », a affirmé Marzouk Doulla à l'AFP, dans le quartier populaire de Yantala, proche de l'ambassade française. « Ils disent qu'ils nous aident », mais « on n'a vu aucun changement ».
Un point de vue partagé par un autre habitant, Abdoulkari Hassane Maikano. « Ça fait très longtemps que la France a amené son armée ici au Niger, mais ils n'ont pas pu éradiquer le terrorisme », déplore-t-il.
La junte au pouvoir à Niamey a célébré dimanche soir « une nouvelle étape vers la souveraineté du Niger ».