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Zoom Afrique du 11 septembre 2023

Zoom Afrique du 11 septembre 2023

Les titres de la rédaction :

  • Égypte: les expéditions d’oignons vers l’UE ont plus que doublé à 128 000 tonnes en 2022/2023
  • Mali : le chinois Ganfeng Lithium devient le premier actionnaire de la future mine de lithium Goulamina
  • Coopération économique : une foire pour créer des joint-ventures entre entreprises camerounaises et turques
  • Kenya : un régime de protection sociale de l'État, bientôt obligatoire pour les travailleurs de la diaspora

Les analyses de la rédaction :

1. L’UA membre du G20 

Le sommet du G20 qui s’est tenu à New Delhi en Inde, les 9 et 10 septembre 2023, a vu l’agrandissement de cette organisation qui regroupe les Etats les plus puissants de la planète, notamment les Etats-Unis d’Amérique, la Russie, la Chine, l’Allemagne, pour ne citer que ceux-là. En effet, l’Union Africaine (UA) a été accueillie comme nouveau membre permanent du G20. Un véritable ouf de soulagement pour l’Afrique dont l’intégration à l’organisation aura été un combat de longue haleine. C’est pourquoi il convient de féliciter l’Inde, notamment son Premier ministre, Narendra Modi, qui a porté l’initiative, mais aussi l’ancien président de l’UA, le président sénégalais, Macky Sall, ainsi que tous les chefs d’Etat africains qui ont soutenu et défendu l’initiative. Il faut aussi féliciter les membres du G20, pour avoir ouvert leurs bras à l’UA même si l’on sait qu’ils ne l’ont pas fait pour les beaux yeux des Africains. En vérité, c’est une grosse prise que le G20 vient de réaliser en intégrant l’UA dans ses rangs. C’est d’autant plus vrai que cette organisation compte 55 membres, dont six suspendus. Et ce n’est pas tout, le continent noir est un vaste marché qui représente plus de trois milliards de consommateurs. L’acceptation de l’UA par le G20, montre, à n’en point douter, que le groupe rassemblant les plus grandes économies et celles émergentes du monde, est conscient du poids économique et politique du continent africain. Cela dit, cette adhésion de l’UA au G20 est une avancée en ce sens que ce nouveau statut offre une tribune à l’UA pour défendre les intérêts du continent. 

L'Afrique devra maintenant parler d'une seule voix pour se faire entendre face au bloc occidental qui montre déjà énormément de crainte suite à la tendance souverainiste qui embrase le continent africain. 

Ce n'est donc pas le tout d’intégrer le G20, le plus important maintenant, c’est d’en tirer le meilleur profit. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en intégrant le G20, l’UA se donne des défis à relever. Le premier, c’est de pouvoir saisir les immenses opportunités de tirer profit pour les populations africaines prises à la gorge par la pauvreté grandissante à laquelle vient se greffer le terrorisme, notamment en Afrique de l’Ouest. On peut même se risquer à dire que si le G20 a accepté cette fois-ci d’accueillir l’UA, c’est qu’il a été plus ou moins contraint par les mutations géopolitiques en cours. On le sait, le G20 est concurrencé par les BRICS + qui viennent d’enregistrer six nouveaux membres dont deux de l’Afrique, au dernier sommet tenu à Johannesburg en Afrique du Sud, seul pays africain jusque-là membre du G20. On peut donc dire que c'est plus par crainte ou bien sournoiserie que le G20 a accueilli l'UA. C’est pourquoi l’Afrique ne devrait pas se réjouir trop tôt. Car, ce qui est présenté comme opportunités, pourrait bien avoir des allures de nouveau plan de l'Occident pour garder le contrôle du continent africain. Car on est d’autant plus fondé à le penser que cette intégration de l’UA au G20, ressemble, à bien des égards, à une décision politique plutôt qu’à une décision fondée sur le respect de critères de convergence. En tout cas, ce serait faire preuve de naïveté que de croire que cette intégration de l’UA au G20 mettra fin au néocolonialisme qui perd du terrain en Afrique. 

2. Mali-Burkina: l'AFD sur le banc des accusés 

Le processus du recrutement au poste du Secrétariat permanent et autres postes internationaux, effectué lors de la 55ème session du conseil des Ministres de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA), tenue les 29 et 30 août dernier à Kinshasa, en République démocratique du Congo, se solde finalement par l’accusation de l’Agence française de Développement. 

Les gouvernements de transition du Mali et du Burkina Faso annoncent avoir lu avec « stupéfaction » le compte-rendu publié suite à la récente réunion de l’OHADA. Laquelle a eu lieu lors de la 55ème session du conseil des Ministres en date des 29 et 30 août dernier au cœur de la capitale de la RDC. En effet, explique-t-on dans un communiqué conjoint en date du 9 septembre dernier, contrairement au récit mentionné dans le compte-rendu de ladite réunion du conseil des Ministres, les représentants du Burkina Faso et du Mali, tous deux Ministres en charge de la justice, rassurent avoir, au cours de la 55ème session, évoqué plusieurs griefs et manquements violant les règles de fonctionnement de l’OHADA. Cela, ajoute-t-on, dans le cadre du processus de recrutement « entaché de vices de forme et de fond ». Un recrutement effectué en vue de pourvoir au poste du Secrétaire permanent et à d’autres postes internationaux de l’OHADA. Encore une fois, les deux pays souverains pointent du doigt une manigance et pression venant de la France dans le processus d’occupation desdits postes. Le communiqué conjoint publié pour la circonstance demeure succinct : « L’une des causes profondes de ces recrutements frauduleux est le chantage opéré par l’Agence française de Développement. Elle a ouvertement menacé de retirer son financement, au cas où, des candidats qui lui sont favorables ne seraient pas choisis ».  

C’est ainsi que de nombreuses « manœuvres illégales » consistant à retirer abusivement la parole aux représentants du Burkina Faso et du Mali, voire à déconnecter le système de visio-conférence à d’autres participants ont été, lors des travaux de ladite réunion, déployés. Par conséquent, lit-on dans le communiqué conjoint, les représentants du Mali et du pays des hommes intègres se sont retirés de la salle de réunion. Les deux gouvernements réitèrent « dénoncer et regretter l’occultation » du communiqué des présents faits graves. Le Mali et le Burkina rassurent vouloir donc « refuser de participer à une mascarade violant la souveraineté des Etats africains, voire décrédibilisant l’OHADA ». Visiblement touchées par ce comportement et prêtes à faire la lumière sur cette histoire, les autorités du Mali et du Burkina envisagent entreprendre d’autres mesures dans les prochains jours. Les deux pays frères vont adresser, dans les jours à venir, une lettre de protestation à l’OHADA pour dénoncer les irrégularités et les violations des textes et conflits d’intérêts manifestes ayant entaché le processus de recrutement lors de la 55ème session du conseil des ministres. Ils s’inscrivent dans une logique d’appeler à la suspension du processus d’installation des personnels « irrégulièrement et illégalement recrutés ». Aussi, apprend-on du communiqué, le Mali et le Burkina réclament la reprise du compte-rendu publié par le conseil des Ministres de l’OHADA en vue d’inclure « fidèlement » le déroulement des travaux, notamment les protestations du Burkina et du Mali. Aussi, les deux nations plaident pour une conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires afin de se ressaisir urgemment de la situation. 

3. Niger: la France et les USA s'organisent pour attaquer le pays ? 

Alors que les USA annoncent un repositionnement de leurs troupes au Niger, dans le pays, la présence militaire française est plutôt combattue par le Niger tout entier et les militaires au pouvoir à Niamey auraient entamé des discussions pour accélérer le départ des éléments français.  

Le Commandement des États-Unis pour l’Afrique a ordonné le repositionnement des forces américaines à l’intérieur du Niger, a-t-on appris dans un communiqué du département américain de la Défense, publié jeudi 7 septembre. 

« Ce que nous faisons en ce moment, c’est... repositionner une partie de notre personnel et certains de nos actifs de la base aérienne 101 de Niamey à l’aéroport 201 d’Agadez, à environ 920 kilomètres par la route de Niamey », indique la porte-parole adjointe du ministère américain de la Défense, Sabrina Singh, dans la note d’information du département américain de la Défense. 

La mesure a été prise « simplement par précaution », justifie Sabrina Singh. 

Faut-il le souligner, cette décision des autorités américaines survient alors que le gouvernement du Niger est en pleine rupture diplomatique avec la France. 

Les militaires au pouvoir au Niger exigent le départ des forces militaires françaises présentes sur le territoire. La semaine écoulée, des manifestants sont montés au créneau près des bases étrangères, y compris celles des USA, pour appeler à un retrait immédiat. 

Les responsables américains, qui ont condamné le coup de force, espèrent toujours que « la situation dans le pays pourra être résolue par la voie diplomatique ». 

De son côté, Niamey accuse certains pays voisins, notamment le Sénégal, le Bénin et la Côte d’Ivoire, de vouloir servir d’arrière-base pour le déclenchement de l’opération militaire voulue par la CEDEAO pour la destituer. 

Dans un communiqué à la Radio-Télévision du Niger, le général Salifou Mody du CNSP a accusé la CEDEAO et la France d’être en train de préparer l’assaut dans le cadre de l’intervention militaire voulue par l’organisation sous-régionale pour libérer Mohamed Bazoum, toujours détenu et le remettre au pouvoir. 

« En dépit de l'annonce d’un plan de retrait, la France continue de déployer ses forces dans plusieurs pays de la CEDEAO dans le cadre des préparatifs d'une agression contre le Niger qu'elle envisage en collaboration avec cette organisation communautaire […] » a-t-il affirmé, évoquant « une centaine de rotations d'avions militaires cargos ayant permis de débarquer d'importantes quantités de matériel et équipements de guerre en Côte d'Ivoire, au Sénégal et au Benin ». 

« À partir du 1er septembre 2023, 2 aéronefs de transport militaire de type A400 M et un Dornier 328 ont été déployés en renfort en Côte d'Ivoire, 2 hélicoptères multi-rôles type super PUMA, 40 véhicules blindés à Kandi et Malanville au Bénin. Le 7 septembre 2023, un navire militaire français a accosté à Cotonou avec à son bord du personnel et des moyens militaires » précise-t-il. 

Le CNSP a fustigé un « manque de sincérité de la part de la France, quant à l’annonce du plan de retrait de ses forces » du territoire nigérien. 

Pour rappel, les autorités françaises et nigériennes sont engagées dans un bras de fer diplomatique quant à la continuité des bases militaires françaises dans ce pays ouest-africain. Paris refusait jusqu’ici d’écouter les injonctions du CNSP à qui elle ne reconnait pas de légitimité constitutionnelle, mais les dernières nouvelles ont fait état de négociations en cours entre les deux parties. 

Les troupes françaises, priées de quitter le Niger par les militaires au pouvoir, pourraient se replier vers le Tchad. Paris perd de plus en plus ses bases africaines. 

C’est devenu une habitude pour les ministères français des Armées et de la Défense. À chaque coup d’État, le processus est le même : des discussions ont lieu avec les militaires au pouvoir, les Français sont priés de plier bagage et Paris s’exécute généralement après un dialogue de sourds. Après le Mali, le Burkina Faso, le Niger. Voilà plus d’un mois que Niamey et Paris s’écharpent quant à la présence militaire au Niger. Les accords militaires liant les deux pays ont été dénoncés par le nouveau pouvoir au Niger. Et si Emmanuel Macron n’a eu de cesse de dire que Mohamed Bazoum était son unique interlocuteur, il semblerait qu’Abdourahamane Tchiani soit finalement arrivé à ses fins. 

Car Paris serait en train de redéployer une partie de ses 1 500 militaires stationnés sur place dans un autre pays africain. La France a beau avoir pris le temps de contester les demandes nigériennes, elle a finalement plié. Alors que les soldats français n’osent plus sortir de leurs bases respectives et que les appareils français n’ont plus décollé depuis plusieurs semaines, la France affirme qu’elle va retirer « certains éléments militaires », dès que les conditions de sécurité seront réunies. 

Ce n’est donc plus qu’une question de jours. Car, en termes de logistique, il n’est pas forcément aisé de faire partir des avions de chasse, des hélicoptères, des drones ou encore des appareils terrestres en quelques jours. 

De leur côté, les États-Unis ont décidé de repositionner une partie de son personnel, depuis la base aérienne de Niamey vers la base aérienne d’Agadez. « Une simple mesure de précaution », assure le Pentagone, qui prétend que cela n’a aucun lien avec les mouvements français prévus ces prochains jours. 

Cela ressemble en tout cas à un camouflet pour Paris, qui doit quitter ses anciens bastions les uns après les autres. Si Paris dispose encore d’une présence militaire accrue à Djibouti, ce n’est pas là-bas que la France devrait déployer les soldats actuellement au Niger. La porte de sortie de Paris pourrait être le Tchad. Force est de constater que, depuis plusieurs mois, les militaires français et occidentaux ont souvent dû plier bagage. Et ce n'est qu'un début. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV