Le chef de la junte nigérienne dénonce les sanctions qu’il a qualifiées d’inhumaines et il refuse de « céder » aux menaces venant de part et d'autre.
Le nouveau dirigeant autoproclamé du Niger a déclaré mercredi que la junte ne céderait pas aux pressions pour réintégrer le président déchu Mohamed Bazoum, intensifiant une impasse avec le bloc ouest-africain qui a menacé d'intervenir après le coup d'État de la semaine dernière.
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a imposé des sanctions au Niger et a déclaré qu'elle pourrait autoriser le recours à la force si les putschistes ne restaurent pas la présidence de Bazoum dans la semaine à compter de dimanche dernier.
Le bloc a également envoyé une délégation au Niger mercredi 2 août pour négocier avec les officiers militaires qui ont pris le pouvoir, dans l'espoir de trouver une solution diplomatique avant qu'ils n'aient à décider d'intervenir ou non.
Dans une allocution télévisée, Abdourahamane Tiani a déclaré que la junte « rejette totalement ces sanctions et refuse de céder à toute menace, d'où qu'elle vienne. Nous refusons toute ingérence dans les affaires intérieures du Niger ».
« L'option militaire est la toute dernière option sur la table, le dernier recours, mais nous devons nous préparer à l'éventualité », a déclaré le commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de la Cédéao, Abdel-Fatau Musah.
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Le Nigeria qui a coupé l'alimentation électrique du Niger, a montré mercredi un document des services publics nigériens, tandis que les camionneurs à Niamey étaient bloqués par les fermetures de frontières - les premiers signes des retombées des sanctions radicales du bloc que Tiani a décrites comme « illégales, injustes et inhumaines ».
Tiani, l'ancien chef de la Garde présidentielle, a enfermé Bazoum dans son palais mercredi dernier et s'est ensuite déclaré chef de l'État.
Le bloc régional de 15 nations a adopté sa ligne la plus dure à ce jour sur le coup d'État. Le Mali et le Burkina Faso ont indiqué que toute intervention militaire au Niger serait considérée comme une déclaration de guerre contre eux.
Le coup d'État a été condamné par des puissances étrangères.
« Le Royaume-Uni salue les actions de la Cédéao et [elles] sont en effet des actions décisives avec un engagement fort en faveur de la démocratie », a dit le ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly après avoir rencontré mercredi le président nigérian Bola Tinubu.
Signe supplémentaire de la pression croissante sur la junte, la Banque mondiale a suspendu mercredi ses décaissements au Niger jusqu'à nouvel ordre.
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Les États-Unis ont déclaré qu'ils s'apprêtaient à évacuer une partie du personnel et des familles de leur ambassade au Niger alors même que la mission reste ouverte et que la haute direction continue d'y travailler.
La France et l'Italie ont évacué des citoyens européens du Niger dans un contexte de craintes croissantes de conflit. Les premiers avions militaires transportant des ressortissants européens ont atterri mercredi à Paris et à Rome.
La France, les États-Unis, l'Allemagne et l'Italie ont des troupes au Niger.
Il n'y a eu aucune annonce de retrait des troupes allemandes jusqu'à présent. Le ministre allemand de la Défense a déclaré mercredi qu'il n'y avait aucune inquiétude quant à la sécurité des soldats allemands.
Le Niger est le septième producteur mondial d'uranium, le métal radioactif largement utilisé pour l'énergie nucléaire et le traitement du cancer.