Paris n'est plus la première puissance mondiale en Afrique francophone. Vérifier cette réalité est un coup dur pour la France. Plus elle intervient dans les affaires économiques, politiques et sécuritaires de ses anciennes colonies, plus elle est rejetée par ses dirigeants et par une population qui se souvient avec haine du bilan postcolonial de la France en Afrique, note le journal espagnol La Vanguardia.
Les coups d'État au Mali, au Burkina Faso et le récent putsch au Niger, ainsi que le renforcement des relations entre la République centrafricaine et la Russie, montrent le rôle plus important joué par Moscou dans la zone sahélienne, une influence qui s'ajoute au fait que la Chine a remplacé la France comme principal partenaire commercial de ces pays.
Par ailleurs, si le franc CFA – surnommé « la dernière monnaie coloniale » – continue d'exister comme mécanisme de transmission de l'influence de Paris, il s'est considérablement affaibli au cours des vingt dernières années.
Tout cela certifie l'échec total de la stratégie française au cours de la dernière décennie dans le Sahel et ses anciennes colonies africaines.
Paris perd de l'influence dans ses anciennes colonies d'Afrique, mais aspire à être clé dans le Pacifique Sud
Une France sans contrôle géopolitique dans cette vaste région signifie un déclin significatif de son influence mondiale en dépit d'être une puissance nucléaire et d'avoir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU.
Les erreurs et les stratégies ratées de Paris, qui pendant six décennies ont opté pour un système néocolonial de dépendance économique, politique et militaire connu sous le nom de Françafrique, sont peut-être responsables de l'érosion de la présence française dans les États africains francophones. Un système qui a étouffé l'évolution politique de ces pays, accentué leur malaise face à l'ancienne métropole et donné naissance à de nombreux gouvernements dictatoriaux.
Tant que la politique parisienne continue d'être basée sur des gouvernements autocratiques qui ne sont pas responsables, elle aura beaucoup de mal à rattraper le terrain perdu dans ses anciennes colonies, où la Chine et la Russie renforcent leur présence.
Et c'est ce que Paris ne veut pas qu'il se passe à l'autre bout du monde. La France n'a pas d'ex-colonies dans le Pacifique Sud, mais des territoires d'outre-mer dans divers archipels qui représentent des millions de kilomètres carrés de zones économiques exclusives.
Et elle veut rester une puissance mondiale et défendre ses intérêts géopolitiques, comme en témoigne le déplacement du président Macron la semaine dernière.
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La France veut être un acteur actif contre la présence économique et militaire de la Chine dans la région Indo-Pacifique. Ses territoires d'outre-mer sont une priorité et il veut un rôle plus important dans le Pacifique même si les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie l'ont viré de l'alliance pour freiner la Chine.
La France a passé près d'un siècle à entretenir le récit qui naît de la grandeur historique et qui a fini par devenir une boucle mélancolique.
En Afrique, de nombreux gestes arrogants lui ont coûté un lourd tribut en termes de présence et d'influence. Paris manœuvre pour que la même chose ne se reproduise pas dans ses territoires du Pacifique et de l'océan Indien.
