Les autorités françaises entendent faire face aux futures révoltes en mettant en place des tribunaux de première instance pour condamner les jeunes arrêtés lors des manifestations déclenchées suite à la mort de Nahel, l’adolescent de 17 ans, d’après Die Tageszeitung.
S’attardant sur la sévérité des institutions judiciaires françaises envers les manifestants, le quotidien allemand, Die Tageszeitung, écrit : « En France, de nombreux jeunes sont actuellement condamnés dans des tribunaux sommaires et rapides. Il s'agit d'une tentative de faire preuve de fermeté extrême après les troubles [qui ont secoué le pays début juillet]. »
Manuel, citoyen français, déclare : « Cette fois, nous n'avons plus d'espoir ». Le jeune homme est assis avec deux amis devant le palais de justice de Strasbourg, la tête entre les mains et les coudes sur les genoux. Manuel dit : « Nous sommes ici à cause de mon cousin. »
Dans ce tribunal, les accusés sont conduits un par un dans une cloison en plexiglas située dans le prétoire, les audiences durent moins d'une demi-heure et trois des accusés ont 20 ans ou moins, précise le journal.
Le rapport de poursuivre qu’après les manifestations, début juillet, plus de 900 jeunes à travers la France ont été condamnés par des tribunaux de première instance.
Suite à la mort de Nahel M., adolescent d’origine algérienne de 17 ans le 27 juin par une force de police, des manifestations violentes ont dégénéré dans de nombreuses villes à travers la France où les jeunes des quartiers populaires ont montré leur frustration et leur colère envers la police. Au total, plus de 3 800 personnes ont été arrêtées et 1 278 jugements prononcés. À l’issue des audiences, 1 056 ont été condamnées à une peine d’emprisonnement, dont 742 à une peine ferme avec un quantum moyen de 8,2 mois.
La plupart des condamnations, 900 au total, ont été exécutées dans le cadre de procédures accélérées et standardisées. Un tiers des personnes arrêtées étaient des mineurs et 60 % d'entre eux n'ont jamais eu de casier judiciaire.
La vidéo de la mort de Nahel a été partagée des milliers de fois sur les plateformes de médias sociaux, dont TikTok. L'un des utilisateurs écrit : « Quand la police arrêtera-t-elle de nous tuer ? » Un autre estime à ce propos : « Les gars, il faut lutter contre cette injustice. »
Laurent Feisthauer, secrétaire général de la CGT Bas-Rhin, a déclaré: « Cette fois, ce ne sont pas des militants politiques belliqueux qui se sont affrontés avec la police, cette fois, les manifestants étaient des enfants de la banlieue. »
Une semaine après les premiers verdicts à Strasbourg, Feisthauer et d'autres organisations politiques ont appelé à des rassemblements contre la discrimination envers les jeunes de banlieues avec le slogan « Notre pays est en deuil et en colère ».
Feisthauer a déclaré que certains de ces jeunes n'avaient jamais eu affaire à la police, encore moins à un avocat. En garde à vue, déplore-t-il, ils subissent des pressions pour accepter une procédure judiciaire rapide sans savoir que les peines sont beaucoup plus sévères que les procès normaux. C’est pourquoi nombre de ceux qui ont été arrêtés lors des manifestations ont été condamnés à des peines relativement lourdes.