Le président Ebrahim Raïssi entamera mardi une tournée africaine qui l’amènera dans trois pays du continent, une première depuis 11 ans, avec pour but de renforcer la place de l’Iran en Afrique avec un PIB d’environ 3,1 billions de dollars.
À la tête d’une délégation, le président iranien se rendra au Kenya, au Zimbabwe et en Ouganda à l’invitation officielle de ses homologues respectifs.
Le commerce entre l’Iran et l’Afrique a augmenté entre 2005 et 2006, mais il a commencé à décliner à partir de 2007 en raison de la crise financière mondiale et des sanctions cruelles imposées à la République islamique en vertu d’une résolution du Conseil de sécurité des l’ONU.
Des enquêtes montrent que le commerce entre l’Iran et l’Afrique a été réduit à environ 1,2 milliard de dollars au cours des dernières années, au cours desquelles aucune mesure significative n’a été prise pour rétablir les relations économiques.
« Cela va changer », selon le directeur général du bureau Afrique de l'Iran Trade Development Organization, qui s’attend à ce que le commerce de l’Iran avec l'Afrique atteigne 10 milliards de dollars au cours des trois prochaines années.
L’Afrique abrite 18% de la population mondiale avec une forte croissance démographique et environ 30% des réserves minérales du monde. Le continent présente des perspectives économiques prometteuses, étant donné que la croissance économique dans certains pays africains suit un rythme plus rapide que tout autre pays au monde ; ce qui veut dire que certains pays africains sont désormais des endroits plus stables et plus prévisibles pour y vivre, y travailler et y créer des entreprises.
L’Afrique est riche en ressources naturelles : des terres arables, de l’eau, du pétrole, du gaz naturel, des minéraux, des forêts et de la faune. Le continent détient une énorme proportion des ressources naturelles mondiales, tant renouvelables que non renouvelables.
L’Afrique recèle environ 30% des réserves minérales mondiales. Le continent possède 40% des réserves d’or mondiales et jusqu’à 90% de celles en chrome et en platine. Les plus grandes réserves de cobalt, de diamant, de platine et d’uranium au monde se trouvent en Afrique. Elle détient 65% des terres arables du monde et 10% des ressources d’eau douce souterraines renouvelable de la planète.
Mehrad Emad, membre de la Chambre de commerce de Téhéran, estime que le commerce extérieur de l’Afrique s’est considérablement développé au cours des vingt dernières années, mais l’Iran n’a pas encore su profiter de ce potentiel.
« Ceci étant dit, le marché africain reste encore un terrain vierge et l’Iran pourra s’approprier une part de ce marché », a-t-il déclaré à l’agence de presse Mizan.
Selon lui, le fait que le marché africain n’a jamais été présenté comme il se doit aux hommes d’affaires et entrepreneurs iraniens est l’une des raisons pour lesquelles l’Iran est à la traîne par rapport aux autres pays ayant ciblé le marché africain.
Une autre raison est les sanctions cruelles. Pour les exportations vers l’Afrique, les commerçants iraniens doivent envoyer leurs marchandises via des pays voisins tels que les Émirats arabes unis, Oman et la Turquie, ce qui entraîne des réexportations et des coûts d’exportation plus élevés.
Mehrad Emad affirme que pour accroître le commerce et les relations avec les pays africains, l’Iran devrait activer des chambres de commerce conjointes pour donner une image claire des marchés cibles et des risques existants et combler le manque de connaissance en la matière auprès des exportateurs iraniens.
L’Afrique, dit-il, est une destination sûre et à faible risque pour les commerçants iraniens, avec un marché pour les minéraux, le pétrole et le gaz, les nanoproduits et les produits alimentaires tels que la pistache et le safran, sans oublier les polymères, les produits pétrochimiques et les services d’ingénierie technique.
Il existe déjà une capacité suffisante en Iran pour l’exportation de marchandises vers les pays africains par voie maritime, ce qui est le moyen le plus abordable de transporter des produits dans le monde entier et adapté à de nombreux types d’entreprises.
Il serait également utile d’évoquer la question de la distance géographique en parlant du commerce entre l’Iran et l’Afrique, ce qui est bien inférieure à celle qu’on puisse, à titre d’exemple, imaginer entre la Chine et l’Afrique. C’est un avantage significatif pouvant permettre l’Iran d’augmenter le niveau des échanges avec le continent africain.
La visite du président Raïssi en Afrique renforcera donc les relations économiques et politiques bilatérales et ouvrira la voie au développement de la coopération économique. Cela profitera certainement le plus au secteur privé iranien.
Des exportateurs et des propriétaires d’entreprises privées ont accompagné le président Raïssi au cours de ses récentes visites à l’étranger, une solution pratique selon ce membre de la Chambre de commerce de Téhéran, pour renforcer le commerce entre l'Iran et les pays cibles.
Les marchés africains sont diversifiés et le pouvoir d’achat est en croissance à travers le continent. Les économistes iraniens affirment que le pays est capable d’y affirmer sa place à l’aide d’une planification appropriée, en mettant l’accent sur le rôle du secteur privé et en développant des chambres de commerce conjointes.
« Le volume des échanges commerciaux de l’Iran est différent d'un pays à l'autre. Par exemple, l'Iran a eu un bon succès économique en commerçant avec les pays de l’est du continent, comme le Kenya et la Tanzanie, mais il a moins utilisé le potentiel offert par d’autres pays africains », indique Hamid-Reza Salehi, un autre membre de la Chambre de commerce de Téhéran.
Cet expert économique estime que le pays pourra bénéficier de nouvelles opportunités de revenus, s’il s'investit dans les projets de commerce en Afrique, que ce soit sous forme d’investissement ou de fourniture de services techniques.