Les maires de France ont appelé à une mobilisation populaire pour aider à réprimer les manifestations de colère qui balayent le pays depuis la mort d’un adolescent d’origine africaine tué par la balle par un policier la semaine dernière.
La France est secouée par une vague de protestations depuis la semaine dernière après que Nahel M, un garçon de 17 ans d’origine algérienne, a été tué par la police française lors d’un contrôle routier à Nanterre en banlieue parisienne.
Au sixième jour consécutif de manifestations, l’association nationale des maires du pays a exhorté les citoyens à se rassembler lundi dans leurs mairies locales pour manifester leur soutien à « un retour à l’ordre républicain ».
Dans un communiqué, l’association a indiqué que « partout en France est le théâtre de troubles graves, qui visent les symboles républicains avec une extrême violence ». Des élus locaux se sont rassemblés lundi à la mairie de Paris pour dénoncer les violents troubles, notamment l’attaque au domicile de Vincent Jeanbrun, le maire d’une commune dans la banlieue sud de Paris, samedi soir.
La maire de Paris, Ann Hidalgo, a prononcé un bref discours condamnant la violence lors du rassemblement.
Les derniers troubles ont généré une crise majeure pour le président Emmanuel Macron, qui espérait poursuivre ses promesses pour son deuxième mandat, malgré des mois de manifestations qui ont éclaté en janvier contre la réforme des retraites, qui allonge de 62 à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite.
Le président Emmanuel Macron rencontrera ce mardi les maires de plus de 220 communes touchées par les troubles, selon l’Élysée.
Lors d’une rencontre dimanche soir avec les principaux ministres, Macron a donné l’ordre de « travailler à plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements », a déclaré un responsable présidentiel.
Pour apaiser les troubles, le ministère de l’Intérieur a déclaré avoir déployé 45 000 policiers et forces de sécurité dans la nuit de dimanche à lundi à travers le pays. La police a déclaré avoir arrêté 157 personnes dans tout le pays dimanche soir. Ils ont arrêté plus de 1 300 personnes en une seule nuit à la fin de la semaine dernière.
Cela survient alors que de nombreuses villes ont instauré des couvre-feux partout en France. Ces restrictions concernent soit l’ensemble des habitants, soit seulement les mineurs. Certaines villes les ont prolongées pour plusieurs nuits notamment à Darnétal, près de Rouen, où le couvre-feu sera instauré jusqu’à la fin du mois de juillet.
Alors que les protestations touchent des dizaines de communes depuis la mort du jeune Nahel, les transports ont été suspendus en soirée dans plusieurs villes de France ces derniers jours. Certaines mairies ont aussi décidé d’adopter des couvre-feux. Autant de mesures de restrictions qui ont encore été prolongées dans de nombreux cas lundi soir, en prévision de toute nouvelle flambée de violences.
Inquiète des protestations qui ont éclaté depuis la mort de Nahel M., la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a appelé les autorités de Paris à s’assurer que l’usage de la force par la police respecte certains principes.
Après la mort de Nahel M., 17 ans, lors d’un contrôle routier mené par deux motards de la police près de Paris, « c’est le moment pour le pays de s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l’ordre », a déclaré, vendredi 30 juin Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, lors du point de presse régulier de l’organisation onusienne à Genève.
Mme Shamdasani s’est également dite préoccupée par les violences qui ont éclaté à travers la France. « Nous comprenons qu’il y a eu beaucoup de pillages et de violences, par certains éléments qui utilisent les manifestations à ces fins, et qu’il y a eu un grand nombre de policiers qui ont également été blessés », a insisté la porte-parole. Mais « nous appelons les autorités à s’assurer que l’usage de la force par la police pour s’en prendre aux éléments violents lors des manifestations respecte les principes de légalité, de nécessité de proportionnalité, de non-discrimination, de précaution et de responsabilité », a ajouté la porte-parole.