« L’exclusion des femmes musulmanes qui portent le foulard en France dévoile l’ordre hégémonique en vigueur dans le pays ainsi que le sexisme et le racisme qui le caractérisent », affirme la sociologue marocaine, Hanane Karimi.
Dans une note publiée sur le site Middle East Eye, Hanane Karimi, sociologue marocaine et doctorante en sociologie à l’Université de Strasbourg, fait référence aux restrictions imposées aux femmes musulmanes en France.
Karimi souligne : « Dans mon livre "Les Femmes musulmanes ne sont-elles pas des femmes ?", j’emprunte à Bell Hooks, une intellectuelle afro-américaine, la question qu’elle pose pour penser l’exclusion des femmes noires des luttes féministes en l’appliquant aux femmes musulmanes qui portent le foulard islamique en France. »
Et de poursuivre : « C’est ce qui m’a frappé en 2017 lors d’un débat public sur la question de savoir si la laïcité garantit l’égalité hommes-femmes. L’événement était organisé par la délégation sénatoriale aux droits des femmes. »
Au cœur du Palais du Luxembourg, j’ai été huée publiquement parce que j’avais osé répondre aux féministes qui plaidaient pour une interdiction encore plus large du voile. « Si je comprends bien, vous voulez exclure les femmes sous couvert d’égalité des sexes. N’est-ce pas paradoxal ? Ai-je besoin de vous rappeler que sous le voile, il y a des femmes ? »
« Cette question [de l’interdiction du voile] guide l’écriture de ce livre dont les chapitres sont tirés d’une partie de ma thèse de doctorat, intitulée "Assignation à l’altérité radicale et chemins d’émancipation : étude de l’agency de femmes musulmanes françaises". »
« Je voudrais centrer mon propos sur l’origine de la discrimination et de l’exclusion dont sont victimes les femmes musulmanes qui portent le voile », précise-t-elle avant d’expliquer : « Pour ce faire, j’ai suivi le thème de l’altérité radicale des Français d’ascendance africaine et maghrébine, qui trouve ses origines dans le rejet et la stigmatisation des immigrés post-coloniaux au XIXe siècle et, avant cela, dans la manière dont l’impérialisme français a considéré l’islam comme "l’ennemi impérial", comme l’a exploré le philosophe français Mohamad Amer Meziane. »
« Je me suis appuyé sur de nombreux auteurs pour retracer cette socio-histoire, notamment le sociologue algérien Abdelmalek Sayad, qui fut un véritable précurseur d’une nouvelle sociologie de l’Islam », ajoute-t-elle.
Un peu plus loin dans sa note, l’auteur mentionne : « La France a établi un rapport de domination avec l’islam et les musulmans, et parfois même une tentative, parfois occultée, parfois explicite, de "domestiquer" l’islam et les musulmans. […] Dans ce cas, les femmes qui portent le foulard ne sont pas seulement indésirables et illégitimes aux yeux de la nation française, ce sont des créatures indisciplinées qui doivent être éduquées et converties. Si elles résistent, elles sont considérées comme étant dangereuses et sont alors qualifiées d’ennemies des musulmans ».
« Je décris alors les discriminations, les exclusions, leurs mécanismes, mais aussi les dominations et leurs effets aliénants. Je désigne également les alliances qui se créent pour protéger l’ordre hégémonique français notamment entre des groupes féministes et des groupes politiques qui s’allient pour défendre une nouvelle orientation de la laïcité, ce que je nomme les politiques de la nouvelle laïcité », affirme-t-elle.
« Dans le jeu de la domination, les femmes sont positionnées sur une échelle destinée à évaluer leur conformité à la "bonne" féminité. Les "mauvaises" féminités, c’est-à-dire les femmes mauvaises ou dangereuses, sont disqualifiées, caricaturées, méprisées et stigmatisées- elles sont ciblées comme hérétiques de l’ordre hégémonique », a-t-elle expliqué.
Pour l’auteur, les mesures anti-valeurs contre les femmes portant le foulard en France s’inscrit dans le cadre du plan islamophobie approuvée par le gouvernement français qui lui-même est la plus grande menace pour la « République ».
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