L’ancien président russe Dmitri Medvedev a déclaré que Moscou pourrait équiper la Corée du Nord d’armes de pointe si la Corée du Sud commençait à fournir une assistance militaire à l’Ukraine.
Dans une interview accordée à Reuters mardi 18 avril avant une visite à Washington la semaine prochaine, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a indiqué que Séoul pourrait entraîner un changement de politique concernant l’Ukraine où la Russie mène une opération militaire spéciale depuis le 24 février 2022.
« S’il y a une situation que la communauté internationale ne peut tolérer, comme une attaque à grande échelle contre des civils, un massacre ou une violation grave des lois de la guerre, il pourrait être difficile pour nous d’insister uniquement sur un soutien humanitaire ou financier », a-t-il déclaré à Reuters.
Yoon a déclaré que Séoul avait exploré comment aider à défendre et à reconstruire l’ex-république soviétique, tout comme le Sud a reçu une aide internationale pendant la guerre de Corée (1950-1953).
Plus tard dans la journée, Dmitri Medvedev, actuel vice-président du Conseil de sécurité nationale, a réagi à la nouvelle position de Yoon envers l’Ukraine, avertissant que Moscou pourrait fournir des armes avancées à la Corée du Nord, ennemie jurée de la Corée du Sud.
« Je me demande ce que dira la nation sud-coréenne lorsqu’elle verra les derniers modèles d’armes russes entre les mains de son voisin le plus proche - nos partenaires de la RPDC [la Corée du Nord] ? », s’est interrogé Medvedev dans un message sur Telegram.
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La Corée du Sud, qui est un allié clé des États-Unis et un important producteur de munitions d’artillerie, a jusqu’à présent refusé d’envoyer une aide létale à l’Ukraine, invoquant sa politique contre la fourniture d’armes aux zones de guerre.
Après que la Russie a lancé son opération militaire en Ukraine l’année dernière, Séoul a exclu un éventuel envoi d’armes létales à Kiev, essayant d’éviter de contrarier la Russie en raison de ses entreprises opérant là-bas et de l’influence de Moscou sur Pyongyang.
« Je crois qu’il n’y aura pas de limites à l’étendue du soutien pour défendre et restaurer un pays qui a été illégalement envahi à la fois en vertu du droit international et national », a poursuivi Yoon mercredi.
« Cependant, compte tenu de nos relations avec les parties engagées dans la guerre et des développements sur le champ de bataille, nous prendrons les mesures les plus appropriées », a-t-il dit.
La semaine dernière, les médias sud-coréens ont rapporté que Séoul avait envisagé de « prêter » aux États-Unis quelque 500 000 cartouches pour des canons d’artillerie de 155 mm.
Cela intervient alors que Kiev a beaucoup plus besoin de ce type de munitions pour renforcer sa puissance militaire face aux troupes russes.
Réaction de la diplomatie russe
Jeudi matin 20 avril, le ministère russe des Affaires étrangères a réagi aux propos tenus par le président sud-coréen sur la livraison d’armes à l’Ukraine : « Nous considérons toute fourniture d’armes à l’Ukraine comme un acte d’hostilité contre la Russie. »
Le ministère russe a déclaré que « les approvisionnements d’armes de Séoul à Kiev affecteraient négativement les relations entre la Russie et la Corée du Sud », ajoutant que « Moscou n’exclut pas que ces éventuelles fournitures d’armes à l’Ukraine par la Corée du Sud puissent affecter la position de la Russie sur la situation autour de la péninsule coréenne. »
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Le Kremlin a également estimé que toute décision de la Corée du Sud de fournir des armes à l’Ukraine ferait du pays un participant au conflit. « Malheureusement, Séoul a pris une position plutôt inamicale dans toute cette histoire », a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, aux journalistes. « Commencer à envoyer des armes signifierait indirectement une certaine implication dans ce conflit », a-t-il dit.
Mercredi, l’ambassade de Russie à Séoul a déclaré dans un communiqué qu’elle suivait « de près la position » de la Corée du Sud sur la question de l’aide à l’Ukraine.
« De telles actions ruineraient définitivement les relations russo-coréennes qui ont connu un développement constructif au profit des deux nations au cours des trois dernières décennies», a déclaré l’ambassade dans un communiqué envoyé à l’agence de presse Yonhap.
