De nouvelles violences ont éclaté hier soir à Paris, après l’allocution du président français Emmanuel Macron, qui présentait le cap des prochains mois, après l’adoption de la réforme des retraites.
Dans la soirée du lundi 17 avril, de très nombreux incendies se sont déclarés au cœur de la capitale, où des centaines de personnes déambulaient dans les rues pour s’opposer à la politique du chef de l’État.
Les forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement, tentaient de disperser les manifestants, mais sont confrontées à une extrême mobilité des cortèges.
Pendant la prise de parole d’Emmanuel Macron, plusieurs rassemblements ont eu lieu dans différentes villes de France. Les manifestants étaient, pour la plupart, munis de casseroles pour continuer à marquer leur opposition à la réforme des retraites.
Alors que Macron parlait, des milliers de personnes se sont rassemblées devant les mairies à travers la France lundi, frappant des casseroles dans le but d’étouffer le discours.
L’association Attac avait lancé un appel ce week-end sur les réseaux sociaux pour boycotter la prise de parole du chef de l’État, après la promulgation de réforme des retraites samedi. L’objectif : « Que le président ne puisse pas faire son allocution avec l’esprit tranquille, lui montrer qu’il est seul, et que la mobilisation continue », a expliqué Youlie Yamamoto, porte-parole de l’association Attac.
« Il ne nous a pas écoutés depuis trois mois. Nous faisons cela pour montrer qu’il ne sert à rien de l’écouter non plus », a déclaré à Paris la projectionniste de 57 ans, Bénédicte Delgehier.
Après le discours, des dizaines de personnes se sont jointes à une manifestation spontanée dans la capitale, incendiant des poubelles après quoi la police a tiré des grenades lacrymogènes pour les disperser.
« Il a choisi de tourner le dos aux Français et d’ignorer leurs souffrances », a déclaré l’ancien candidat présidentiel d’extrême droite, Le Pen, alors que le chef de l’extrême gauche Jean-Luc Melenchon a déclaré que Macron était « totalement déconnecté de la réalité ».
Le dirigeant syndical CFDT, Laurent Berger, a déclaré que le discours ne contenait « rien de concret » pour le mouvement ouvrier et a déclaré que Macron n’avait « pas prononcé un mot » sur l’apaisement des tensions.
Le chef des Républicains de droite Eric Ciotti, qui a soutenu la réforme, a également qualifié le discours de « catalogue de vœux pieux » et a déclaré que « la méthode de Macron n’avait clairement pas changé ».
Lors de son discours, Macron a défendu la réforme des retraites, qui relève l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, mais a dit comprendre la « colère » ressentie par les Français après trois mois de manifestations.
Macron a signé la législation tôt samedi, quelques heures seulement après que son objectif principal d’augmenter l’âge de la retraite a été validé par la Cour constitutionnelle.
S’exprimant depuis l’Élysée, Macron a défendu la réforme comme « nécessaire » et a insisté sur le fait que « ne rien faire » n’était pas une solution.
« Cette réforme a-t-elle été acceptée ? Évidemment non. Et malgré des mois de consultations, aucun consensus n’a pu être trouvé et je le regrette. » Macron a ajouté qu’il avait chargé son gouvernement dirigé par la Première ministre Élisabeth Borne de mener 100 jours d’action « au service de la France » pour apaiser les tensions et promouvoir l’unité. La gauche et les syndicats ont cependant rejeté sa dernière tentative pour apaiser les tensions et ont mis en garde contre les manifestations de masse de la fête du Travail le 1er mai.
Les sondages montrent que la majorité des Français s’opposent à la réforme, que le gouvernement a fait adopter au Parlement en utilisant un mécanisme controversé pour éviter un vote.