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Tension Rabat-Paris, l'ambassadeur marocain quitte la France

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président français Emmanuel Macron et le roi marocain Mohammed VI se rencontrent à Rabat, en novembre 2018. ©AFP

Le roi Mohammed VI rappelle son ambassadeur à Paris, sans désigner de successeur.  La décision a été prise dans un contexte de crise diplomatique en raison de la participation de députés français à l’émission du règlement du Parlement européen sur le réseau de corruption au Maroc et des violations des droits humains dans le pays.

Le Maroc a décidé de mettre fin à la mission de Mohamed Benchaaboun, l’ambassadeur du Royaume chérifien en France depuis octobre 2021, c’est ce qu’a annoncé le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le Bulletin Officiel marocain a fixé l’arrêt de la mission de l’ambassadeur au 19 janvier 2023. Une date symbolique, puisque ce jour-là, le Parlement européen a adopté à une large majorité une résolution – non contraignante – enjoignant aux autorités marocaines de respecter la liberté d’expression et la liberté des médias et de mettre fin au harcèlement de tous les journalistes. Bruxelles demandait notamment la libération des journalistes Omar Radi, Soulaimane Rassouni et Taoufik Bouachrine.

« Cela ne saurait être une simple coïncidence », note le site d’information Medias 24, qui décrit « une annonce aussi sobre et froide que peuvent l’être les colères du Maroc ».

Les milieux politiques marocains et la presse du pays ont accusé la France d’avoir organisé une campagne anti-marocaine à Bruxelles. Le président de la commission parlementaire mixte Maroc-UE Lahcen Haddad a d’ailleurs accusé l’état profond français d’être à l’origine de la résolution des eurodéputés.

Le député marocain Ahmed Touizi avait par exemple accusé Paris d’avoir perdu la tête à l’odeur du gaz algérien, en référence au rapprochement énergétique entre la France et l’Algérie. Des critiques qui avaient poussé Christophe Lecourtier, ambassadeur français au Maroc, à expliquer que la résolution européenne n’engageait aucunement la France.

Le Maroc, comme l’Algérie et la Tunisie, sort par ailleurs d’une crise des visas avec la France, qui a pris fin en septembre. Paris avait décidé de restreindre l’accès aux titres de séjour pour forcer Rabat à s’investir sur le dossier de l’immigration illégale. Il était notamment question de reprendre les ressortissants condamnés par la justice française.

Plus récemment, une autre affaire de corruption au sein du petit monde des médias français en lien avec le Maroc a été médiatisée. La chaîne BFM TV a ainsi lancé une enquête interne contre son présentateur star Rachid M’Barki, accusé d’avoir servi d’outil d’influence au profit de Rabat.

Lire aussi : Une gendarmerie à la frontière algérienne. Pourquoi ?

Le site Wb « Algérie-Focus » a donné des éclaircissements intéressants sur la modalité de la nomination de l’ambassadeur marocain à Paris et l’ambassadeur français à Rabat et les relations tendues entre les deux alliés traditionnels.

Selon le site d’information, Mohamed Benchaaboun était le dernier ambassadeur du Maroc en France à avoir passé le moins de temps à son poste depuis des décennies. Avant d’être nommé à ce poste en octobre 2021, il était ministre des Finances. Benchaaboun a été nommé pour redynamiser les relations bilatérales entre les deux pays et encourager les investissements, mais la crise en cours a mis un frein à tous les projets.

De son côté, la France a nommé son ambassadeur à Rabat à un poste diplomatique au sein du service extérieur de l’Union européenne, et le poste d’ambassadeur de France au Maroc est resté vacant jusqu’en décembre 2022, où Emmanuel Macron a nommé Christophe Lecourtier, directeur de Business France, à la tête de l’ambassade de Paris au Maroc. La nomination d’un ambassadeur à un poste européen est souvent considérée comme un moyen de l’écarter de la scène, sans annoncer publiquement, ce qui est une forme de protestation diplomatique.

Le média poursuit : « Cependant, il est peu courant que la France ne nomme pas immédiatement un nouvel ambassadeur après la fin des fonctions de l’ambassadeur précédent. Rabat fait partie des cinq capitales qui sont les plus importantes pour Paris. »

Et de conclure que le Maroc et la France traversent donc une crise diplomatique qui a débuté il y a plus d’un an et qui s’est intensifiée récemment. Les décisions récentes prises par les deux pays ont montré une réduction de la coopération et une évolution de la situation dans une direction peu favorable pour les deux parties. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV