En réaction à la deuxième visite du chef de la diplomatie russe en Afrique depuis janvier, certains experts évoquent un revirement de la Russie vers le Continent noir. D'autres estiment qu'elle s'inscrit dans le cadre d'une coopération stable de la Russie avec l'Afrique.
La récente visite du chef de la diplomatie russe en Afrique vient de s’achever, et il y en aura encore d’autres durant l’année 2023. S’agit-il d’un revirement soudain vers l’Afrique ou d’une coopération stable ? Un ex-ambassadeur de Russie au Mali a donné des éclaircissements sur les récentes interactions entre le continent noir et la Russie au correspondant de Sputnik.
L’ex-ambassadeur russe au Mali, Evgueni Korendiassov, qui est actuellement l’un des chefs de l'Institut d'Afrique, a évoqué la deuxième tournée de Sergueï Lavrov en Afrique depuis le début de 2023, plus précisément au Mali, en Mauritanie et au Soudan, et rappelé son premier voyage en janvier en Afrique du Sud, en Eswatini, au Botswana et à l'Angola.
Cette coopération ne s'est pas créée soudainement mais depuis 1966. La Russie a aidé les pays africains à atteindre leur indépendance, a-t-il indiqué.
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L’ancien ambassadeur russe estime que « pragmatiquement les Africains voient les Russes comme une sorte d'alternative à l'Occident, qui a tenté de conserver à tout prix son hégémonie sur divers plans, particulièrement économiques et politique des pays africains.
En allusion aux réactions d’envergure de la presse occidentale au périple de Lavorv en Afrique, il a souligné que le Continent africain est devenu un champ concurrentiel pour les pays occidentaux.
Dans le sillage, le responsable russe a évoqué l’élargissement de la coopération bilatérale entre la Russie d’une part et d’une autre, le Mali et la Mauritanie. L’Afrique jouit de riches ressources minières à exploiter, en particulier les mines de lithium qui est utilisé pour la fabrication de batteries. En revanche, elle a besoin des importations d’hydrocarbures et de produits agricoles russes.
Le Mali souhaite de son côté élargir ses relations avec d’autres partenaires que la France dans le projet de la lutte contre le terrorisme, d'autant plus que grâce à l'armée russe, les militaires maliens ont la possibilité d'acquérir l'équipement militaire nécessaire.
Par ailleurs, l’ancien ministre malien de l’Éducation, Adama Samassékou, a regretté que l’Occident considère encore l’Afrique comme sa « chasse gardée ».
Moscou peut aider Bamako à retrouver sa souveraineté, non seulement en appuyant la lutte anti-terroriste, mais aussi en nouant des liens qui aideront le pays à se développer.
Adama Samassékou assure que « la grande majorité de l’opinion nationale » compte sur ce nouveau partenariat avec la Russie pour mettre fin à une insécurité galopante.
Il voit ainsi d’un bon œil l’ouverture d’une base navale russe au Soudan, si le pays le désire, alors que la région abrite déjà de semblables structures américaines et françaises.
Pour Evgueni Korendiassov, la France est la plus grande perdante dans ce domaine, compte tenu de son approche erronée envers les pays africains comme le Mali ; Paris « n'arrive toujours pas à se résigner au fait qu'il n'y a plus de colonies françaises en Afrique. »