Plusieurs organisations internationales de défense des droits de l'homme ont appelé le Maroc à annuler son projet de livrer au royaume un homme originaire de la région de Qatif, à majorité chiite, en Arabie saoudite, dans le cadre d'une répression brutale contre les membres de la communauté religieuse et les opposants au prince héritier Mohammed ben Salmane.
Dans une lettre adressée au Premier ministre marocain Aziz Akhannouch, l'organisation de défense des droits de l’homme ALQST ainsi que l'Organisation euro-saoudienne des droits de l'homme (ESOHR) ont exhorté les autorités de ce pays africain à annuler l'extradition de Hassan al-Rabea, 26 ans, qui sera probablement soumis à « disparition forcée, torture et condamnations arbitraires pouvant entraîner sa mort » en Arabie saoudite.
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L'ESOHR a déclaré que les autorités marocaines étaient les « partenaires dans le crime », qualifiant l'extradition d’al-Rabea de « violation flagrante du droit international ».
Selon la lettre, un tribunal marocain a décidé la semaine dernière d'extrader al-Rabea de confession chiite issu d'une famille de militants vers le royaume, malgré les craintes qu'il puisse y subir des tortures en détention et un procès inéquitable ou pire être tué.
Par ailleurs, le MENA Rights Group, une organisation de défense juridique basée à Genève, a déclaré avoir demandé au rapporteur spécial des Nations unies sur la torture d'intervenir, invoquant une possible violation du principe de non-refoulement par le Maroc.
Hassan al-Rabea, détenu dans une prison près de Rabat depuis le 14 janvier, a été arrêté à la demande des autorités saoudiennes à l'aéroport de Marrakech alors que le jeune homme quittait le Maroc pour Ankara.
Son frère, Ahmed al-Rabea basé au Canada a déclaré qu'il n'y avait « aucune preuve » contre son frère et a accusé l'Arabie saoudite d'« avoir acheté » une décision favorable des tribunaux marocains.
Selon des groupes de défense des droits, Hassan n'était pas le seul membre de sa famille à être puni pour des manifestations anti-régime à Qatif. Son frère aîné, Ali, est en prison et a été condamné à mort pour de fausses accusations de terrorisme.
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L'Arabie saoudite a intensifié les arrestations, les poursuites ainsi que la condamnation pour des dissidents politiques et de militants des droits de l'homme, en particulier dans la province orientale, théâtre de manifestations pacifiques depuis février 2011.
Les manifestants demandent les réformes, la liberté d'expression, la libération des prisonniers politiques et la fin de la discrimination économique et religieuse contre leur région. Ils ont été accueillis par une répression brutale, les forces du régime renforçant les mesures de sécurité dans toute la province.
Depuis que le prince héritier Mohammed ben Salmane est devenu le chef de facto de l'Arabie saoudite en 2017, le royaume a arrêté des centaines de militants, blogueurs, intellectuels et autres pour leurs activités politiques. Cette démarche montre que le royaume fait preuve d’une tolérance zéro à l’égard des dissidents et fait la sourdre oreille à la condamnation internationale qui se dit contre la répression.
Des universitaires et de nombreux érudits musulmans ont été exécutés tout comme des militants des droits des femmes avant d'être incarcérés puisque la liberté d'expression et d'association est refusée à la population, en particulier à la minorité chiite.