Le négociateur en chef sur le dossier nucléaire affirme que l'Iran est la principale partie prétendante dans l'équation du PGAC, qui aspire à relancer les négociations autour de l'accord sur le nucléaire de 2015.
Ali Bagheri Kani, qui est également vice-ministre iranien des Affaires étrangères pour la politique extérieure, a déclaré lors d'une interview dans l'émission « Insight » de Press TV, samedi 4 février : « Ce sont les États-Unis et leurs alliés européens qui devraient prouver leur engagement envers l'accord et rattraper leurs erreurs dès que possible. »
« Téhéran est le principal prétendant à la relance des pourparlers sur l'accord nucléaire de Vienne et les parties occidentales doivent être redevables à l'Iran, a-t-il souligné. Cependant, l'expérience du Plan global d’action conjointe (PGAC) nous a appris, primo, à ne jamais faire confiance à l'ennemi. C'est fondamental dans la diplomatie iranienne, mais le dossier du nucléaire a remis en évidence cette réalité. Secundo, il ne faut jamais compter sur des étrangers. Nous devons exploiter et profiter a maxima des atouts de l'accord nucléaire dans le sens de nos propres intérêts et du développement national.»
« Par conséquent, l'accord lui-même ne devrait pas faire obstacle au développement de notre pays. Les Occidentaux, tant Européens qu'Américains, ont, ces dernières années, prouvé que si leurs intérêts l'exigeaient, Ils ne se soumettraient à aucune limite morale. Dans ce contexte, le durcissement des sanctions occidentales, visant l'alimentation, les médicaments et d'autres besoins humanitaires, en dit long sur cette attitude. Ces produits de première nécessité ne devraient faire l’objet d’aucun embargo à l’échelle internationale. »
« A partir de maintenant, nous sommes la partie prétendante et les Américains constituent la partie opposée. Ce sont eux qui devraient prouver leur engagement dans la pratique s'ils veulent revenir au PGAC, comme ils disent, et il en va de même pour les Européens. Ce sont les Européens qui ont brisé à plusieurs reprises leurs engagements envers notre nation depuis que les États-Unis se sont retirés du PGAC. »
« Lorsqu'il s'agit de leurs intérêts, les États-Unis et leurs alliés européens ne respectent pas leurs promesses et ne prêtent aucune attention aux principes. L'Iran a toujours respecté ses engagements dans le cadre du PGAC et s'attend à ce que les autres parties à l'accord respectent également leurs engagements », a indiqué M. Bagheri Kani.
L'Iran n'est pas indifférent au non-respect des autres parties mais ne perturbe pas pour autant le processus de relance de l'accord. « Nous suivons sérieusement les pourparlers sur la suppression des sanctions et espérons que les efforts porteront leurs fruits », a-t-il ajouté.
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« Dans le domaine du nucléaire, nous remarquons que l'Iran a fait des progrès considérables année après année, et maintenant sont nombreux ceux qui admettent que l'Iran est une puissance dynamique. Par conséquent, si les Américains veulent reconnaître le développement des capacités nucléaires de l'Iran, ils n'ont pratiquement aucune justification pour leurs agissements contre notre pays. Au contraire, ils nous accusent de fabriquer des bombes atomiques pour couvrir leurs actes malveillants », a-t-il fait remarquer.
« Les négociations sur la levée des sanctions se poursuivent en tenant compte des lignes rouges de la RII et dans le but de garantir les intérêts et les droits de la nation iranienne. L'Iran prend la négociation avec beaucoup de sérieux. Le gouvernement et le Leader de la Révolution islamique ont spécifiquement souligné que le sort du pays ne devait pas être subordonné à ces négociations. Ceci étant, les négociations sur le nucléaire ont constitué une partie importante de la stratégie du gouvernement et nous n'observons aucun retard ou ignorance de notre part. Le président Raïssi en personne suit avec assiduité le dossier. »
« Cependant, il arrive à l'autre partie de bifurquer et d'évoquer des questions qui ne sont pas à l'ordre du jour. Téhéran est prêt à négocier dans le cadre de l'accord précédent. A l'heure où je parle, les négociateurs iraniens poursuivent leurs échanges. J'espère que tous ces efforts aboutiront à des résultats convaincants. »
« L'un des principes fondamentaux de la politique étrangère de l'Iran, qui prend aussi racine dans nos croyances religieuses, est de tenir nos engagements. Par contre, les Américains et le système pro-occidental ne prêtent aucune attention à ce principe de base et empruntent une autre voie chaque fois que leurs intérêts l'exigent. »
« Dans le cas du PGAC, la RII a tenu tous ses engagements et s'attend à ce que la partie [occidentale] fasse de même. Bien entendu, l'Iran n'agit pas passivement en dépit de leur non-engagement. Ce qui est important, c'est que l'Iran ne foule pas aux pieds ses engagements... La décision de l’Iran de réduire ses obligations envers le PGAC étaient fondées sur les dispositions de l'accord lui-même, et l'Iran a toujours tenu ses engagements dans le cadre de l’accord nucléaire. »
« Dans le même temps, les opposants à l'Iran et à la Révolution islamique, comme les États-Unis et le régime sioniste, font toujours avancer leurs plans de manière illégitime et illégale. Cela montre à quel point l’Occident et ses alliés tentent de déformer les réalités. »
« Le poids et la position de l'Iran dans les affaires régionales et internationales ont considérablement augmenté. En guise d’illustration, l’adhésion de la RII à l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) est largement due au besoin des membres de l'organisation d'utiliser les potentiels de l'Iran. Bien sûr, nous en tirons profit de notre côté. Pour ce qui concerne le mécanisme des BRICS, l'approche est la même. Nous voyons que les membres de ce groupe accueillent favorablement notre présence, compte tenu de notre poids sur l'échiquier international. »
Il convient de mentionner que l'Iran et les cinq autres parties de l’accord nucléaire ont repris les pourparlers à Vienne le 29 novembre 2022 après une pause de cinq mois, marquant le premier cycle de négociations sous l'administration du président Ebrahim Raïssi et le septième au total.
L’Iran soutient que sa présence aux pourparlers vise à faire lever les sanctions américaines, ce qui, à son tour, garantirait un retour des États-Unis à l'accord nucléaire.
Les États-Unis, qui ne sont pas autorisés à participer directement aux pourparlers à la suite de leur retrait du PGAC en 2018, affirment qu'ils sont prêts à annuler le retrait et à abroger leur politique de « pression maximale » contre l'Iran.