L'Afrique du Sud veut élever le niveau d'entraînement militaire en participant à des exercices conjoints avec la Russie, a déclaré la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Naledi Pandor.
« La Russie est un pays militaire puissant... nous voudrions que nos forces bénéficient d'une formation de niveau supérieur et aient des compétences qui les soutiendraient à la fois dans les missions de paix que nous entreprenons dans le cadre de notre responsabilité globale, mais aussi dans la protection de notre nation en cas de besoin. Nous souhaiterions bénéficier donc d'associations avec des pays qui ont des compétences militaires de très haut niveau et qui disposent d'équipements qui pourraient également profiter à notre propre personnel et à nos forces », a déclaré Mme Pandor lors d'une interview avec Sputnik, parlant des prochains exercices navals conjoints avec la Russie et la Chine.
L'Afrique du Sud, la Russie et la Chine prévoient d'organiser leurs deuxièmes exercices navals conjoints en Afrique australe en février 2023.
Le premier exercice de ce type a eu lieu dans les eaux sud-africaines en novembre 2019.
La ministre a aussi affirmé la participation des dirigeants sud-africains au deuxième sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg en Russie: « Les relations entre Moscou et Pretoria sont toujours au beau fixe et l’Afrique du Sud compte bien se rendre au second sommet Russie-Afrique », a dit Naledi Pandor.
Le sommet Russie-Afrique se tiendra en été 2023. Des invitations ont été lancées à tous les dirigeants du continent, Moscou ne voulant fermer la porte à personne à l’inverse de Washington qui se montre parfois très sélectif vis-à-vis des pays africains, écrit Sputnik. Le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Soudan avaient ainsi été snobés lors de la dernière édition États-Unis-Afrique.
Le sommet inaugural s'est tenu dans la station balnéaire russe de Sotchi en octobre 2019.
L’Afrique du Sud continue d’entretenir de bonnes relations avec la Russie, dans un contexte international pourtant tendu. Pretoria refuse notamment d’emboîter le pas à l’Occident concernant les sanctions économiques contre Moscou.
« Nous avons toujours un problème avec les sanctions unilatérales et leur impact sur de nombreux pays qui ne relèvent pas d'un conflit particulier », a dit la ministre sud-africaine rappelant avoir indiqué aux États-Unis de revoir l'imposition de sanctions unilatérales, qui n'est pas "une stratégie très utile pour résoudre les problèmes".
La diplomate a rappelé que l'approche n'a pas déjà non plus fonctionné pour le Zimbabwe, le Venezuela ou Cuba. L'Afrique du Sud pourrait adhérer à des sanctions lorsqu'elle estime que le droit international ou humanitaire est enfreint, mais lorsqu'elle remarque qu'il ne s'agit que d'impositions unilatérales, elle ne se voit pas donc engagée à les respecter.
Plus tôt en septembre 2022, le Congrès américain a examiné un nouveau projet de loi qui imposerait de nouvelles sanctions contre la Russie qui ciblent surtout les activités de Moscou en Afrique. Le projet de loi a été adopté en avril par la Chambre des représentants et est maintenant parvenu au Sénat.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, s'exprimant devant le Congressional Balck Caucus américain, a fait valoir que le nouveau projet de loi risquerait en fait de punir l'ensemble du continent. « Si le projet de loi sur la lutte contre les activités malveillantes de la Russie [en Afrique] devenait une loi américaine, la loi pourrait avoir pour conséquence involontaire de punir le continent africain pour ses efforts visant à faire progresser le développement et la croissance », a-t-il estimé.
Il a critiqué les sanctions décidées par les législateurs américains, déplorant qu'ils aient élaboré la législation anti-russe à un moment où le président américain Joe Biden prétend chercher à engager les pays africains sur la base du respect de leur indépendance et de leur souveraineté.