Face à l’inflation, les grèves se multiplient dans de nombreux secteurs de l’économie britannique, c’est à cause du Brexit, mais pas que, selon le Huffington Post.
Après les cheminots, les enseignants, les douaniers et les ambulanciers, les infirmiers s’apprêtent à entrer, ce mercredi 18 janvier, dans la danse de la protestation. Au Royaume-Uni, le mouvement de grève pour de meilleurs salaires qui a débuté il y a plusieurs mois s’étend désormais à presque tous les secteurs d’activité, menaçant de paralyser le pays, a écrit le Huffington Post dans une note parue ce dimanche 15 janvier.
Il faut dire que deux ans après la mise en œuvre du Brexit, l’embellie économique promise loin des carcans de l’Union européenne n’est pas au rendez-vous. L’inflation atteint 11 % en un an, le PIB a reculé de 0,3 % au troisième trimestre 2022 et selon la Banque d’Angleterre, le Royaume-Uni est entré dans une période de récession qui devrait se poursuivre en 2023. C’est également le seul pays du G7 à n’avoir pas encore retrouvé son PIB d’avant la pandémie.
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« Évidemment, le Brexit a un impact dans la crise actuelle », affirme Aurélien Antoine, directeur de l’Observatoire du Brexit et professeur de droit à l’Université de Saint-Étienne. Lorsqu’on sort de 50 ans de relations très fortes, intégrées, d’une organisation supranationale comme l’UE, ce n’est pas facile. Alors que les relations étaient étroites et constantes, comment voulez-vous que ce soit simple ? »
« Le Brexit a réduit le commerce extérieur britannique de 10 à 15 % par rapport à un scénario sans Brexit », a rapporté à l’AFP Jonathan Portes, économiste au King’s College de Londres. Selon les spécialistes, le Brexit a également été à l’origine de la pénurie de main-d’œuvre et a causé un défi pour l’immigration des Européens.
Quant au secteur de la santé, le Huffington Post indique que si des tensions existaient déjà avant le Brexit, la situation s’est aggravée aujourd’hui. Selon l’étude du think tank Nuffield Trust health relayée par le Guardian, 37 000 médecins travaillent dans le pays. Ils auraient dû être 41 000 sans le Brexit, soit un manque de 4 000 spécialistes : anesthésistes, psychiatres, pédiatres... »
C’est dans ce contexte tendu que début janvier, un sondage publié par le journal The Independent a révélé que 2/3 (65 %) des Britanniques soutenaient l’idée d’un nouveau référendum pour retourner dans l’UE. Ils étaient 55 % un an plus tôt. « Sous mon autorité, le Royaume-Uni ne cherchera aucune relation avec l’Europe qui repose sur l’alignement sur les lois de l’UE », avait lancé le Premier ministre britannique dès novembre 2022.
Les Britanniques doivent donc attendre que le Brexit montre ses effets positifs. « L’erreur des pro-Brexit pendant la campagne, c’était de dire que ça allait être génial tout de suite », souligne Aurélien Antoine. « Il a logiquement des effets négatifs et pour l’avenir, c’est très difficile à dire. Il a fallu des années pour que le Royaume-Uni se sente bien au sein de l’UE. Il faudra des années pour que le Royaume-Uni s’adapte à vivre en dehors. »