Les titres de la rédaction :
Le Zimbabwe met en orbite le premier satellite de son histoire
Ghana : des manifestants réclament la démission du président sur fond de crise économique
Burkina : démission du ministre du Commerce
Les analyses de la rédaction :
1. La RCA punit la France !
" On ne change pas la Constitution d’un État avec un claquement de doigts " sauf s’il s’agit d’un État maintenu de force sous la tutelle française ou d'une autre puissance occidentale et où la France, inquiète de son emprise, déciderait de faire un coup d’État, de placer aux commandes une transition aux ordres avant d’intimer à celle-ci l’ordre de décrire une nouvelle Constitution qui soit non pas conforme aux intérêts du pays en question et de sa population, mais à celles de la France elle-même. Et bien cette première phrase tirée d’un article daté du 28 septembre de l'AFP et les deux autres phrases qui la commentent résument à elles seules la très paradoxale situation dans laquelle s’est renfermée Paris en RCA où il s’accroche misérablement aux vestiges d’une époque coloniale définitivement révolue bien qu’il soit honni et régulièrement poussé vers la porte.
Au mois de septembre, l’article précité affirmait de surcroît que la Cour suprême centrafricaine « avait invalidé le décret créant un comité chargé de rédiger une nouvelle Constitution centrafricaine » parce que « ses juges, dixit toujours l’article, indépendants » ne veulent pas que « l’Homme des russes » (Touadera) puisse changer la loi fondamentale à l’effet de pouvoir s’offrir un troisième mandat à la tête de la Centrafrique. Mais puisque l'AFP, RFI, VOA, DW.. et Cie ont le monopole exclusif des informations sur l’Afrique et que des milliers de médias africains, eux, sont invisibles, inaudibles, reniés mêmes dans leur existence, personne n’avait osé à l'époque demander si tel est le cas et que Touadera a effectivement le soutien de la puissante Russie voire de son armée à travers la force Wagner, et que Wagner, comme le prétend la France, fait la pluie et le beau temps en RCA, pourquoi alors le président centrafricain devrait choisir le chemin le plus difficile à savoir celle d'une longue et épuisante bataille politique comme cela se fait dans toute démocratie et ne pas recourir directement à la force ? Rappelons d’ailleurs que cette cour constitutionnelle avait déjà une première fois rejeté le projet constitutionnel de Touadera et si ce dernier avait voulu agir contre la démocratie, il aurait eu de quoi justifier parfaitement son acte en arguant que cette Cour bloque le fonctionnement de l'État. Mais il ne l'a pas fait et ne le fera pas. Tout ceci nous mène à conclure que ce qui gène dans cette affaire de la nouvelle Constitution et fait peur à la France au point de la pousser à inciter ses accointances au sein de la justice centrafricaine à l’effet de barrer la route à Touadera n’est pas seulement un troisième mandat du président, mais la perspective des clauses constitutionnelles à venir qui pourraient léser les intérêts de la France genre loi sur les finances, code de la mine, ou droits d’exploitation des richesses centrafricaines. Où en est la preuve ? Cette information-choc qui vient de tomber tout juste il y a quelques heures et qui dit que la RCA a mis souverainement un terme au décanat accordé au Haut représentant de la France auprès du chef de l’État centrafricain.
RFI écrit : « C'est un nouveau signe que les relations entre Bangui et Paris se sont fortement dégradées. Une lettre de la ministre centrafricaine des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Témon, à sa collègue française, Catherine Colonna, a fuité, mardi 8 novembre. »
@FranceBangui #RCA @francediplo Loin des manipulations stériles, grotesques et mensongères diffusées ad nauseam, la 🇨🇵 reste engagée auprès de la 🇨🇫. Lancement (7/11) avec MinTravail et FP du projet @AFD_France « Maïengo ti a masseka » (espoir pour jeunesse ») pour former 600 jeunes pic.twitter.com/HPEhTGPlgK
— Confluences (@Grosgurinjm) November 8, 2022
Et d’ajouter : « Il a fallu que la diplomatie centrafricaine s’y prenne à deux fois avant d’envoyer la bonne correspondance à la ministre française des Affaires étrangères. Une première version, bourrée de fautes et qui avait fuité sur les réseaux sociaux, a été annulée et remplacée par un nouveau document qui est arrivé à destination, mardi 8 novembre, selon une source centrafricaine. »
Mais que perçoit-on à travers ces quelques phrases ? L'image dégradée d'une ex puissance colonialiste, humiliée à mort, et à l’oreille de qui l’État centrafricain sonne les glas des privilèges d’antan comme pour lui rappeler qu’elle le veuille ou pas, que la nouvelle Constitution verra le jour et qu’elle reviendra sur des dizaines d’accords économiques militaires commerciaux qui ont permis à l’armée française de commettre pendant près de dix ans les pires crimes en Centrafrique, et ce au nom de maintien de la paix. Que RFI tente de mettre ce document sur le compte des fuites c’est son choix, mais le langage de la ministre centrafricaine des AE est bien claire : Elle fustige dans sa lettre l’ambassadeur de France d’avoir « des attitudes irrespectueuses aux invitations du chef de l’État », de s’adonner à « la désinformation et à la délation » et dénonce la France pour ne pas avoir appliqué « la réciprocité » de rigueur en matière diplomatique. Et la cheffe de la diplomatie centrafricaine, Sylvie Baipo –Temon, annonce à son homologue français que son pays met fin « au privilège totalement symbolique dont jouissait l’ambassadeur de France depuis le jour de l’indépendance de ce pays, le 13 août 1960, d’être le doyen du corps diplomatique ».
Est-ce un prélude à une rupture totale avec la France ? Pourquoi pas dans la mesure où l’exemple malien continue à ratisser large. Au fait, Jean Marc Grosgurin, l’ambassadeur a un casier bien lourd pour que son gouvernement puisse se tirer si facilement d’affaire. RFI écrit : « En réalité, l’ambassadeur de France, Jean-Marc Grosgurin, n’a fait que se conformer aux nouvelles instructions de sa hiérarchie. Elles lui demandent de dénoncer publiquement les fausses informations et autres menaces en provenance des organisations proches du pouvoir. L’ambassadeur français s’est fendu d’un tweet mardi matin, dénonçant “les manipulations stériles, grotesques et mensongères diffusées ad nauseam ». N'est-ce pas que ce diplomate raciste est sur le point d’insulter carrément le peuple centrafricain ? Pour bien moins que cela, les Occidentaux rempotent leurs liens avec les pays tiers. Il est temps qu’on leur rende la monnaie de leur pièce.
2. Guinée équatoriale: stop aux ingérences occidentales !
Comme beaucoup d’autres pays africains, la Guinée équatoriale dénonce les ingérences occidentales à travers les ambassades, considérées à raison comme des comptoirs coloniaux. En effet, selon certaines sources, des diplomates occidentaux se seraient rendus à des meetings de l’opposition. La Guinée équatoriale, qui s’apprête à organiser des élections générales le 20 novembre courant, a accusé l’Espagne, la France et les États-Unis d’ingérence dans ses affaires intérieures, sur fond de présence de diplomates de ces pays lors de meetings électoraux de l’opposition équato-guinéenne. Des images ont été publiées sur le site web du Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE, au pouvoir), dimanche dernier, montrent des agents des chancelleries espagnole, française et américaine qui prenaient part au meeting de la Convergence pour la démocratie sociale (CPDS), l’un des partis d’opposition en course pour la présidentielle contre le président Obiang Nguema. Malabo reproche à ces trois pays d’avoir dépêché des diplomates à un meeting de campagne d’un des deux mouvements d’opposition autorisés à présenter des candidats, mais qui ne pèsent pas lourd face au tout puissant Parti Démocratique de Guinée équatoriale (PDGE) du président Obiang. Selon des photos diffusées par le pouvoir, des diplomates espagnol, français et américain ont assisté sur invitation comme pour toutes les ambassades à Malabo affirme ce mouvement au meeting de la Convergence pour la démocratie sociale (CPDS), où la campagne pour les présidentielles, législatives, sénatoriales et municipales a été officiellement ouverte jeudi 3 novembre.
Jeudi, dans un tweet du porte-parole du Département d’État Ned Price, Washington, « préoccupée par des informations sur des arrestations et le harcèlement de membres de l’opposition et de la société civile », avait exhorté Malabo à organiser des « élections libres et justes » et encouragé le pouvoir à « promouvoir une société plus inclusive, pacifique et démocratique en permettant l’expression des diverses opinions politiques ». « Il s’agit d’une ingérence dans les affaires internes de notre pays », a souligné le PDGE. D’après un journal équato-guinéen, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération de la Guinée équatoriale, a convoqué, samedi 5 novembre, les ambassadeurs d’Espagne, des États-Unis et de France au siège du ministère à Malabo, « pour discuter du fait que des personnels diplomatiques de ces pays participent à des rassemblements de certains partis politiques en Guinée équatoriale, en pleine campagne électorale en vue des élections présidentielles, législatives et municipales du 20 novembre ».
D’après cette même source, le ministre Siméon Oyono Esono Angué a qualifié ces événements d’« ingérence dans les affaires intérieures » de la Guinée équatoriale et a invité les ambassadeurs Alfonso Barnuevo d’Espagne, David R. Gilmour des Etats-Unis et Laurent Polonceaux de France à « éviter ce type d’action à l’avenir », surtout en période électorale. « En pleine confrontation électorale, nous ne comprenons pas la présence d’agents diplomatiques de ces pays lors des rassemblements des partis politiques, ce que nous considérons une fois de plus, d’interférence », a relevé le ministre des Affaires étrangères de la Guinée équatoriale. Dans un communiqué publié le 2 novembre, l’UE a souligné qu’« il est essentiel que les conditions d’élections pacifiques, inclusives et transparentes et le respect de l’État de droit soient assurés par les autorités et tous les acteurs politiques ». En Guinée équatoriale, la campagne pour le scrutin présidentiel ainsi que pour les élections législatives, sénatoriales et municipales qui auront lieu le 20 novembre en Guinée équatoriale a été lancée le jeudi 3 novembre. Le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, candidat à sa succession pour un 6ème mandat et membre du Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE) fort d’une coalition de quatorze partis politiques, défendra ses chances face à deux candidats : Andrès Esono Ondo, candidat de la Convergence pour la Démocratie Sociale (CPDS) et Buenaventura Monsuy Asumu, candidat du Parti de la Coalition Sociale-démocrate (PCSD). Lors des élections en France, par exemple, serait-il permis que des diplomates africains participent ouvertement à des meetings de l’opposition de Macron ?
3. COP27: l'Afrique dénonce les inégalités
C’était annoncé. Dès l’ouverture de la COP27 à Charm el-Cheikh, les dirigeants africains ont martelé le même message : plus question de payer pour les dégâts climatiques causés par les pays du Nord. Un rapport commandé par la COP publié ce mardi 8 novembre conforte les pays du Sud et place les pays riches face à leurs responsabilités.
« Les pertes et dommages ne sont pas le sujet abstrait d’un dialogue sans fin. C’est notre expérience quotidienne et le cauchemar vivant subi par des millions d’Africains “. Les mots du président kényan William Ruto à Charm el-Cheikh résument la situation telle que vécue sur le continent africain. Un message porté d’une seule voix par le continent, dont le numéro un kényan préside le groupe de négociateurs. À l’occasion d’une pré-COP organisée début octobre à Kinshasa, en République démocratique du Congo, ce même message avait été martelé à l’adresse des pays du Nord considérés comme les responsables de la crise climatique mondiale. Rien d’inédit puisque les termes du débat lors de la COP26 de Glasgow (Ecosse) en 2019 étaient déjà les mêmes. Mais ils n’avaient alors débouché sur rien. Cette fois, les pays du Sud ont donc décidé de parler fort en demandant les compensations promises.
Lundi, à la tribune de la COP, les mots choisis par les dirigeants africains ont été limpides. Le président kenyan William Ruto fustige ‘les longues discussions aux COP, avec leurs tactiques dilatoires et la procrastination ‘. Des discussions ‘cruelles et injustes ‘. Le président Ruto a également appelé à la reconnaissance des ‘besoins spéciaux’ de l’Afrique dans la lutte contre le réchauffement. ‘Ces 50 dernières années, les sécheresses ont tué un demi-million de personnes et provoqué des pertes économiques de plus de 70 milliards de dollars dans la région ‘, indique le président. L’Afrique ne doit pas continuer à payer pour des crimes qu’elle n’a pas commis. ‘Alors que cette COP27 a lieu sur notre continent qui subit une grande part du changement climatique en y contribuant le moins, nous attendons de cette COP qu’elle s’attaque à nos problèmes clés ‘, renchérit le président zambien Hakainde Hichilema. Le président centrafricain a lui aussi mis les pieds dans le plat. ‘Les crises climatiques exceptionnelles de ces dernières années ont eu des effets dévastateurs de grande portée sur la survie de l’humanité. Les pays riches, grands pollueurs, sont les principaux auteurs de cette mise en danger de l’humanité’ déclare Faustin-Archange Touadéra, ajoutant que ‘l’Afrique ne doit pas continuer à payer pour des crimes qu’elle n’a pas commis’.
En tant que président en exercice de l’Union africaine, le sénégalais Macky Sall a eu l’occasion de porter ce même message. ‘Nous voulons aller de l’avant dans l’adaptation au changement climatique. Nous en supportons le coût avec le développement de projets verts financés souvent par recours à la dette, alors même que la mise en œuvre doit être financée par des dons conformément aux engagements convenus’. Dans un entretien quelques jours avant la COP27, la ministre de l’Environnement de la République démocratique du Congo, Eve Bazaiba pointait le statut de victimes de nombreux pays africains, mais aussi leur rôle en matière de solution, à travers notamment le bassin du Congo et sa forêt gigantesque qui capture les pollutions au CO2. Message relayé également à Charm el-Cheikh par le président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso.
Sa ministre de l’environnement, Arlette Soudan-Nonault avait évoqué le sujet en fin de semaine dernière. Le bassin du Congo également évoqué à la tribune par un autre chef d’État concerné, le Gabonais Ali Bongo Ondimba : ‘La République gabonaise, comme les autres pays en développement, devrait pouvoir recevoir plusieurs centaines de millions de dollars, par an (…) Ceci pour financer notre adaptation aux changements climatiques, notre juste transition énergétique et économique et pour récompenser nos efforts de séquestration nette de carbone’. La COP27 a inscrit officiellement à son agenda la question des pertes et dommages subis par les pays du Sud qui, pour leur part, parviennent cette année à s’exprimer de manière univoque. À l’occasion de la conférence, le pays organisateur, l’Egypte, et l’hôte de la précédente édition, la Grande-Bretagne, ont publié ce mardi 8 novembre un rapport sur les besoins des pays du sud. Le document révèle que les pays du Sud, notamment africains, ont besoin de 2000 milliards de dollars d’ici à 2030 pour financer leur action climatique. Lors de la dernière COP, les pays développés avaient promis 100 milliards de dollars chaque année. Engagement jamais honoré. Pourtant, explique l’un des auteurs du rapport, l’économiste Nicholas Stern, ‘les pays riches devraient reconnaître que c’est dans leur propre intérêt vital, ainsi qu’une question de justice, compte-tenu des graves effets causés par leurs émissions élevées hier et aujourd’hui, d’investir dans l’action climatique’ dans ces pays.