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Zoom Afrique du 5 novembre 2022

Le Mali, le roi de la contre-guerre hybride

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Actualité en Afrique :

  • La Tanzanie et la Chine signent 15 accords lors de la visite de la présidente Samia Suluhu à Pékin
  • Le Kenya déploie ses premiers soldats en RDC pour aider à stabiliser la situation sécuritaire
  • Le FMI suspend son aide au Tchad après le refus par les créanciers d’une demande d’allègement de dette
  • Côte d’Ivoire : le nouveau terminal à conteneurs d’Abidjan entre en service

 

Analyses de la rédaction :

Le Mali, le roi de la contre-guerre hybride :

La guerre hybride que mène l’Occident depuis plus d’un an contre le Mali, lequel Mali étonne et dépasse tous les analystes rien que par sa contre-stratégie extrêmement complexe qui en anticipe chaque coup avant de le neutraliser royalement, commence à s’essouffler. Et comment ? Alors même que la France en est désormais à frapper en coulisses à la porte de Bamako pour lui demander de revenir sur ses exigences et surtout renoncer à la tenue de cette réunion du Conseil de sécurité où il veut mettre en avant des preuves sur la complicité de Barkhane avec les terroristes, preuves évidemment incendiaires qui pourraient balayer d’un revers de main la présence non seulement de l’armée française à travers tout le Sahel, mais encore ses armées otaniennes alliées, une curieuse affaire vient d’éclater comme à tout hasard sur la scène malienne, une affaire à peu près de la même nature que l’affaire des caricatures insultantes anti prophète de l’islam de Charlie Hebdo. La voici cette affaire telle que rapportée par RFI :

 « La diffusion le 30 octobre sur les réseaux sociaux d’une vidéo dans laquelle un homme tient des propos insultants contre la religion monothéiste enflamme le Mali (...) La vidéo, qui dure un peu moins de trois minutes, a commencé à circuler dimanche 30 octobre et est devenue virale en début de semaine. Elle a suscité l’émotion de beaucoup de Maliens. (…) La vidéo commence par “Hotep”, salutation des adeptes du kémitisme, mouvement spirituel inspiré de l’Égypte antique et souvent qualifié de secte. Le kémitisime prétend défendre la culture africaine contre l’Occident et contre les religions monothéistes comme l’islam ou le christianisme. »

Et RFI d’ajouter :

« L’homme qui se filme dans une petite boutique et se présente sous le nom de Mamadou Dembélé insulte l’islam, son dieu et son prophète, en bambara, avant de fouler aux pieds le Coran. Un buzz inhabituel et extrêmement choquant dans un pays très majoritairement musulman. Le ministère malien des Affaires religieuses a officiellement condamné ces actes et assuré que son auteur serait traduit “devant les instances indiquées”. De son côté, le Haut conseil islamique appelle les Maliens au rassemblement pour la défense de l’islam, vendredi 4 novembre. Si les raisons de la colère sont très largement partagées dans le pays, le communiqué du gouvernement et l’appel du HCIM en étonnent également plus d’un. Ne donne-t-il pas trop de poids aux élucubrations d’un homme qui se filme tout seul devant des sachets de lait en poudre ? »

Une « secte païenne de l’Égypte ancienne », plus ou moins proche d’Israël avec une curieuse idée de « peuple élu », et qui fait soudain son apparition sur la scène malienne, et ce, alors qu’elle en blasphème le Livre Sacrée, et une RFI qui s’étonne et s’emporte même contre la violence de la réaction des Maliens, soulignant implicitement le rôle qu’a joué le facteur « Islam » dans les manifs anti France de 2020, avouons qu’il y a trop d’indices réunis ensemble pour que l’observateur averti ne doute d’une affaire montée de toute pièce et destinée à semer la discorde interconfessionnelle dans un Mali où les dirigeants ont si subtilement joué le jeu en à peine plus d’un an qu’au lieu des heurts inter-ethniques et inter-confessionnels Peuls/Dogones, Touaregs/non Touaregs datant de l’ère Barkhane, ce sont les terroristes de Daech et d’al-Qaïda qui s’entretuent.

Le premier novembre, l’AFP rapportait, mort dans l’âme ceci : « Des combats entre groupes armés ont fait ces derniers jours des dizaines de morts dans le nord du Mali, dans les régions de Ménaka et Gao, en proie à des violences terroristes. La situation sécuritaire s’est largement détériorée depuis huit mois dans les régions de Ménaka et Gao à la suite d’une offensive du groupe affilié à l’organisation Daech au grand Sahara (EIGS), au-delà de ce qui était alors sa zone d’action et d’influence. (…) Les terroristes se sont affrontés pendant plusieurs jours dans plusieurs villes de la région de Ménaka », a assuré un élu local. (…) L’EIGS a dit lundi avoir tué 40 combattants du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM, JNIM en arabe) dans la région de Ménaka, ce dernier répondant mardi avoir tué jeudi, vendredi et samedi plus de 70 membres de l’EIGS, puis admettant avoir perdu une trentaine d’hommes. 

S’il est vrai que l’AFP s’efforce de noircir à l’extrême la situation dans le nord du Mali et à en remettre la responsabilité sur le dos de l’État malien, façon parfaitement perfide d’insinuer qu’en l’absence de Barkhane, la sécurité s’effondre, il n’en reste pas moins vrai que le média français est forcé à bien reconnaître que la « guerre », ce sont les ennemis terroristes du Mali qui la mène les uns contre les autres et pas contre le peuple malien, ce qui marque un net retournement de tendance et une grande victoire à la fois pour le peuple et les FAMAs.

D’ailleurs cette affaire de vidéo pourrait totalement être liée à cet enchaînement de succès que le Mali continue à cumuler depuis qu’il a mis à la porte l’armée d’occupation française quitte à prendre en main son propre destin. À en lire le rapport du RFI, c’est d’ailleurs une vive amertume de voir le coup de la vidéo déjà tomber à l’eau qui saute aux yeux. Alors que les vrais tireurs de ficelles du Kémlitiste de l’histoire cherchaient via cette affaire à faire remonter le HCIM et partant une majorité de Maliens contre les généraux aux commandes c’est une totale harmonie qui se dégage de cette affaire. Et RFI en fait tristement le constat : « Le HCIM s’était élevé contre le pouvoir, du temps des manifestations qui avaient précédé le renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta en 2020. Avant le rassemblement de ce vendredi, l’actuel président du HCIM, Cheick Chérif Ousmane Madani Haïdara, a personnellement appelé à l’apaisement et au respect des initiatives prises par les autorités de transition. » Alors le Mali, roi de la contre-guerre hybride ? 

Burkina Faso : les USA fâchés ?

Décidément, le Burkina Faso est loin de fournir à l’axe US-OTAN ce qu’il souhaitait avoir après le dernier coup d’État au pays et la prise du pouvoir par Ibrahim Traoré.

« Les États-Unis vont exclure le Burkina Faso de l’accord commercial liant les USA aux pays africains, a annoncé début octobre la Maison Blanche, justifiant cette décision par l’absence de progrès vers un retour à la démocratie, après les deux coups d’État militaires dans le pays depuis début 2022 ».

« J’ai pris cette décision, car j’ai déterminé que le gouvernement du Burkina Faso n’a pas mis en place, ou fait des progrès continus en vue d’établir, le respect de l’État de droit et du pluralisme politique », éléments nécessaires dans le cadre du programme AGOA (African Growth Opportunities Act), a justifié le président américain Joe Biden dans une lettre envoyée au Congrès américain. L’exclusion du pays ouest-africain sera effective au 1er janvier 2023, a précisé le courrier.

L’absence de progrès vers un retour à la démocratie signifie, l’absence de coopération ou pour mieux dire, de soumission de la part des autorités burkinabées envers les USA.

Mais cette décision des USA est du déjà-vue et on se rappelle qu’en janvier 2022, l’administration de Joe Biden avait annoncé, avoir exclu l’Éthiopie, le Mali et la Guinée de l’Agoa, un accord commercial liant les États-Unis à l’Afrique.

« Les États-Unis ont exclu aujourd’hui l’Éthiopie, le Mali et la Guinée du programme de préférences commerciales de l’Agoa, en raison d’actions prises par chacun de leur gouvernement en violation des statuts » de cet accord, avait alors indiqué la représentation américaine au Commerce (USTR) dans un communiqué ».

Un scénario déjà vu, des pressions sans résultat et des accusations sans fondement. Durant toutes ces dernières années, la seule arme des USA contre les pays qui ne l’obéissent pas est l’arme de sanction et de pressions diplomatique et économique.

Dans un communiqué, l’ambassadrice américaine au commerce, Katherine Tai, a insisté sur la nécessité pour le « Burkina Faso de prendre les décisions nécessaires pour répondre aux conditions de l’accord et au retour de la démocratie ». « Je vais fournir au Burkina Faso une feuille de route claire leur permettant de réintégrer le programme et notre administration va travailler avec eux afin d’y parvenir », a ajouté Mme Tai.

Mais le Burkina Faso est-il prêt à se soumettre à cette feuille de route ou plus précisément aux diktats américains ? Bien sûr que non puisque le président burkinabé est décidé de suivre le chemin de son voisin malien et c’est dans sa dernière visite que l’homme burkinabé a réitéré cette attention.

Le capitaine Traoré est venu accompagné du chef d’état-major général des armées burkinabè, David Kabré, et de son ministre de la Défense, Kassoum Coulibaly. Car, comme l’expliquait une source proche du président de la transition burkinabé, il allait être question « d’améliorer la coopération opérationnelle avec les Maliens ».

« Cette visite d’amitié et de travail vise à renforcer l’axe Ouagadougou-Bamako », avait souligné la présidence du Burkina Faso dans un communiqué publié le 2 novembre. « Le Chef de l’État burkinabè entend insister sur le renforcement de la coopération bilatérale et la mutualisation des moyens de combat ».

Les deux parties évoquent clairement le renforcement de cette coalition interafricaine qui vise à exclure toutes forces interventionnistes de cette région et d’augmenter le poids des armées nationales.

RDC : tensions avec Rwanda, formation d’armée populaire...

Qu’est-ce qui intrigue le plus les puissances néocolonialistes quand elles évoquent ces jours-ci la RDC ? Il y a évidemment cette manifestation géante où ont participé des milliers d’habitants du Sud-Kivu et où il a été surtout question de dénoncer non seulement le Rwanda qui agit comme toujours en sbire fidèle de l’Occident pour semer la discorde dans la richissime région des Grands Lacs et ce, via les rebelles gracieusement armés et entraînés de M23, mais encore de ladite « communauté internationale » qui on le sait signifie dans le jargon médiatique mainstream l’Occident. Cette manifestation a d’autant plus intrigué les Occidentaux qui dixit AFP, « certains manifestants brandissaient des photos du président russe, Poutine et des pancartes lui demandant de venir en aide au Congo et à “rétablir sa dignité”.

Mais tout le monde sait que cette toute dernière partie de la phrase à savoir “Rétablir sa dignité” ne peut qu’être une invention journalistique des médias mainstreams dans la mesure où ce le plus intriguant pour l’Occident reste ni cette manifestation en soi ni non plus les photos de Poutine, mais ce grand “oui” que les jeunes Congolais viennent de dire au président Tshisekedi et à son appel à la mobilisation générale ! Car le Président à qui Zoom Afrique reprochait sa propension à prendre les promesses US pour l’argent comptant et à s’en rapprocher trop à cette source de mal vient de jeter une grosse pavée en important pour la première fois en RDC une idée qui fait florès au Sahel à savoir la création des groupes d’autodéfense, genre ce que la RCA, le Mali ou encore très récemment le Burkina Faso a créé et qui a fini par contrer de façon fort sensible le fléau du terrorisme.

Eh oui pour la première fois depuis que la guerre a éclaté dans la région des Grands Lacs et qui a permis à l’Occident d’en détourner éhontément les richesses et ce suivant très exactement le même modus operandi que Daech moyen-oriental, c’est la toute première fois que l’État congolais en appelle à ses propres forces vives pour y faire face. Or il s’agit d’un tournant et ce tournant on en reçoit les échos à travers la manif de ce vendredi :

“Nous interpellons les pays qui soutiennent depuis des décennies les attitudes belliqueuses de Kagame et de Museveni : Les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et les autres. L’histoire les tiendra pour responsables de tous les crimes imprescriptibles dont sont victimes les Congolais. On ne décidera plus sur le Congo sans nous les Congolais !, affirme l’un des manifestants que RFI a le culot de citer. ‘‘Que les M23 se retirent d’eux-mêmes, car même nous, les femmes, sommes prêtes à porter les armes. Je suis prête à porter la tenue militaire et une arme pour libérer notre pays ! », affirme un autre. Que se passe-t-il en RDC ? Surpassant les clivages Est-Ouest, l’État congolais compte-t-il faire un remake de la stratégie malienne en Afrique du Centre ? Une première étape avait été franchie quand la Monusco avait été mise à la porte. Luc Michel en parle.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV