Lors de sa conférence de presse hebdomadaire le lundi 24 octobre, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères s’est attardé sur les dernières évolutions survenues sur le plan de la diplomatie.
L’un des sujets évoqués par les journalistes était les protestations récemment organisées en France et dans d’autres pays d’Europe en réaction aux prix élevés des carburants. Le diplomate iranien y a répondu comme suit : « Nous avons déjà exprimé la position officielle de la diplomatie iranienne envers les développements en cours en France. Si on est d’accord que le terrorisme est un phénomène funeste, des catégorisations comme si il existe un bon terrorisme et un mauvais terrorisme n’auront plus aucun fondement. Pendant un mois, tous les responsables européens dont les responsables français ont transmis constamment des messages focalisés sur les événements intérieurs en Iran, comme s'il n’y avait plus aucun problème nulle part dans le monde, ou comme si leurs peuples n’avaient plus aucune revendication. Or nous sommes témoins des protestations et des grèves observées par divers syndicats dans plus d’une centaine de villes de France. Et nous avons constaté un comportement des plus violents de la part de la police et des forces de l’ordre envers les citoyens français, les femmes surtout. »
Et le porte-parole de l’appareil diplomatique de poursuivre : « Ce qui est intéressant est qu’en parlant de la violence, il semble qu’il y ait une bonne et une mauvaise violence ! Cette violence, si elle ne correspond pas à leur ligne conductrice et leurs intérêts politiques, sera traduite par une mauvaise violence, mais si c’est en France [et envers les protestataires français] c’est une bonne violence, et on a constaté que parmi les protestataires français il y avait aussi des femmes qui ont subi le comportement très violent de la police. [Regarder la vidéo ci-jointe] Voici un exemple parfait du double standard qui réduit la question des droits de l’Homme au niveau d’un instrument politique. Dans une telle approche, les droits de la femme aussi se transforment en un slogan pour faire avancer des objectifs nettement politiques, et c’est d’une hypocrisie évidente dont il s’agit, de la part de ceux qui ont pris position à notre encontre. »
Kanaani a fait par la suite allusion au Canada, « pionnier des campagnes politiques ou non, contre la RII ». « Je me permets de poser une question au Premier ministre du Canada : est-ce que les droits des citoyens français sont, oui ou non, de la même nature que les droits des citoyens d’autres pays du monde, dont vous êtes devenus le revendicateur ? Nous avons affaire à un double standard, une devise politique au service des objectifs politiques. Les récentes évolutions en France ont mis au grand jour l’approche ambivalente de Paris et celles des autres pays qui prétendent défendre les droits de la femme, et dans un sens plus large, la question des droits de l’Homme. »
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a également fait un éclairage sur l’attitude de l’administration américaine, plus précisément une déclaration d’après laquelle les négociations sur la levée des sanctions n’est plus à l’ordre du jour de Washington.
« Les Américains ont commis une grande erreur s’ils ont parié sur les évolutions internes de l’Iran », a indiqué Nasser Kanaani qui a par la suite dénoncé « un dualisme auquel seraient aux prises -selon lui- les Américains » à l’heure actuelle. « À ce sujet, ils regardent probablement leurs questions intérieures, sans manquer à la fois de jeter un regard sur les évolutions internes en Iran, plus précisément les troubles qu’ils ont eux-mêmes provoqués et exacerbés. Or, ils doivent savoir que l’Iran est un pays capable d’exercer son autorité, et qu’ils ne pourront jamais, par exacerbation, intimidation ou provocation, contraindre l’Iran à donner des concessions de façon unilatérale. Le processus d’un accord est entièrement bilatéral. Sur ce fond, notre message est clair : engagement contre engagement. »
« L’Iran respecte ses engagements dans le cadre du Plan global d’action conjoint (PGAC), à condition que les États-Unis restent engagés aux termes de l’accord ; telle est notre réponse ferme aux Américains », a-t-il ajouté.
Image: le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, le 24 octobre 2022
En ce qui concerne « les sanctions qu’a malheureusement adoptées l’Union européenne malgré les avertissements lancés par Téhéran à l’adresse des responsables européens », le porte-parole de l’appareil diplomatique de la République islamique d’Iran a affirmé que le pays prendrait certainement une mesure adéquate en réaction auxdites sanctions dans les jours à venir.
En images: des heurts entre les protestataires et la police en France