Pourquoi le Hezbollah sortira-t-il le plus grand gagnant lorsqu'il a forcé Israël à négocier avec des missiles pointés sur sa tête ? S’interroge le rédacteur en chef du journal en ligne Rai al-Youm.
« Il est prévu que Seyyed Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, prononcera un discours samedi soir, 1er octobre, lors de la cérémonie en l'honneur du défunt M. Muhammad Ali al-Amin. De nombreuses sources s'attendent à ce que ce discours soit une réponse décisive aux tergiversations israélo-américaines sur les revendications et les conditions libanaises concernant le champ de Karish et d'autres gisements gaziers libanais en Méditerranée », a écrit Abdel Bari Atwan rédacteur en chef de Rai Al-Youm.
Le choix du samedi pour prononcer ce discours n’est pas anodin : la date a été fixée au lendemain de l'arrivée du message écrit d’Amos Hochstein, envoyé américain, sur la réponse d'Israël aux positions du Liban dans l'affaire de la démarcation des frontières maritimes entre le Liban et les territoires occupés.
Elias Abu Saab, vice-président du Parlement libanais, qui a rencontré l'envoyé américain Hochstein et d'autres responsables américains à New York la semaine dernière, a annoncé lundi que l’Américain Hochstein, enverrait un message écrit à la présidence libanaise avant la fin la semaine.
« L’échec de l’émissaire américain à se rendre au Liban et la remise de cette réponse au président Michel Aoun au palais de Baabda par l’ambassadeur US à Beyrouth, ont soulevé de nombreuses questions et spéculations sur la possibilité que la (réponse) n'inclue pas de concessions israéliennes en réponse aux propositions libanaises. En plus, il n'est pas exclu que Seyyed Nasrallah ait été au courant du contenu de ce message à l'avance. Sur cette base, on s'attend à voir la réaction positive ou négative du secrétaire général du Hezbollah au message des Américains dans son discours de samedi, c'est pourquoi les yeux des responsables et les généraux du régime d’occupation seront fixés sur les écrans avec l'inquiétude », indique Atwan.
Le rédacteur en chef de Rai al-Youm estime par ailleurs que la convocation soudaine de la session du Parlement libanais, jeudi matin, à l'invitation de son président, M. Nabih Berri, pour élire un président pour le Liban n'était pas une coïncidence, et peut être en harmonie avec le discours de Nasrallah prévu ce samedi.
Le Hezbollah sortira le plus grand gagnant, quel que soit le contenu du message écrit de Hochstein, qu'il le délivre lui-même ou par l'intermédiaire de l'ambassade américaine à Beyrouth. Cela signifie que le régime d'occupation cède aux menaces de Seyyed Hassan Nasrallah et du Hezbollah et de ses drones et missiles, et que le Hezbollah apporte du carburant iranien au Liban, et d'autre part, il se prépare à extraire la richesse gazière du Liban, qui apportera des centaines de milliards de dollars pour ce pays.
« L'échec de l'extraction du gaz du champ de Karish n'était pas dû à des raisons techniques, mais plutôt à la peur des missiles du Hezbollah. En effet, le gouvernement de l'entité et ses services de renseignement sont arrivés à cette conclusion que Nasrallah ne reculerait pas une seconde à mettre à exécution ses menaces de frapper les positions israéliennes aux alentours du champ de Karish et le long de la côte de la Palestine occupée », nous rappelle le journal.
Benjamin Netanyahu, l'ancien Premier ministre du régime sioniste et chef du parti Likoud, a accusé la semaine dernière Yaïr Lapid de s'être rendu à Nasrallah et à ses menaces notamment en faisant de nombreuses concessions pour parvenir à un accord avec le Liban. Il l’a également critiqué pour vouloir remettre un champ gazier valant des milliards de dollars au Liban sans qu'Israël ait la moindre surveillance dessus, afin que le Hezbollah puisse l'utiliser pour préparer des milliers de missiles et de mortiers pour cibler les villes dans les territoires occupés.
« Israël négocie et le missile du Hezbollah est pointé sur sa tête. Toute reculade de sa part, une possibilité qui n'est exclue, signifie qu’il reconnaît la perte de sa puissance et sa supériorité militaire dans la région. C'est le début de l'effondrement de son existence. S'il recule et tergiverse, il ouvrira les portes de l'enfer sur lui-même, et il devra recevoir quotidiennement quatre mille missiles de précision et des centaines de drones minés », précise Rai al-Youm.
Il n’est pas nécessaire, affirme Rai al-Youm, d’anticiper les événements ni de spéculer sur ce que pourrait révéler Nasrallah dans son discours, or, tout silence de la part de Seyyed Hassan Nasrallah sur l'affaire de la démarcation des frontières maritimes avec Israël signifie premièrement qu’un accord a été trouvé dans cette affaire, et deuxièmement la possibilité selon laquelle le secrétaire général du Hezbollah entend maintenir ses options et ses cartes.
Et de conclure que Seyyed Hassan Nasrallah n'hésitera pas à attaquer l'ennemi sioniste, comme il l’a fait avant la guerre de juillet 2006. Son discours du samedi soir ou tout autre prochain discours pourront déterminer le sort du Liban voire de toute la région. En attendant, Israël est exposé à l’un des scénarios les plus dangereux ; Nasrallah a le pouvoir de tout faire et ne se permet pas d'hésiter à prendre des décisions.