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Corridor Turani : l’OTAN convoite les ressources énergétiques de la mer Caspienne

Des chars de l'armée iranienne lors d'un exercice militaire dans le nord-ouest du pays, près de la frontière avec l'Azerbaïdjan, le 1er octobre 2021. ©AFP

Les récentes évolutions aux frontières nord-ouest de l’Iran et l'avancée de l'armée azerbaïdjanaise dans le territoire arménien pendant ces derniers jours ont affecté la carte géo-énergétique du monde et créeront un ordre selon lequel les principaux perdants sont l'Iran, la Russie et la Chine ; la Turquie, la République d’Azerbaïdjan, l'Union européenne, le régime sioniste et les États-Unis en sont les gagnants. Mais l'Iran le permettra? Sur fond de rumeurs d'un coup de force pro Russie à Erevan, l'Iran mène depuis six jours une vaste offensive hybride contre le Kurdistan irakien où il vise avec une précision inouïe les repaires des terroristes aux objectifs clairement pro US-pro Israël. Ce scénario il n'hésitera pas à le refaire face à Bakou. 

Soutenue par la Turquie et l'OTAN, la République d’Azerbaïdjan marche sur le territoire de l'Arménie pour s'emparer de sa partie sud, y compris le corridor Turani de l'OTAN (faux Zangezur). Cette avancée constitue une menace sérieuse pour les intérêts de l'Iran sur les plans de sécurité, de transit et d'énergie.

Le corridor de Turani de l'OTAN coupe l'accès de l'Iran à la porte d’entrée de l'Union eurasienne

La frontière de l'Iran et de l'Arménie est la seule porte de l’entrée de l'Iran dans l'Union eurasienne, et si la République d’Azerbaïdjan s’en empare, la connexion terrestre de l'Iran à cette zone sera coupée.

Actuellement, la route de transit entre l'Iran et l'Arménie d’une longueur de 5 km traverse le territoire de l'Azerbaïdjan, ce qui a causé de nombreux problèmes aux hommes d'affaires iraniens. Bien sûr, récemment, une route provisoire a été construite pour faciliter le commerce de l'Iran avec l'Arménie et l'Union eurasienne.

Avec l'occupation de la partie sud de l'Arménie par la République d'Azerbaïdjan, le commerce de l'Iran avec l'Union eurasienne sera pratiquement bloqué.

La Turquie et la République d’Azerbaïdjan remodèlent la carte du corridor Nord-Sud

En outre, l'occupation de la partie sud du territoire arménien menace les intérêts de l'Iran et de la Russie dans le projet de corridor Nord-Sud.

Vahe Davtyan professeur de l’université à Erevan, a apporté le commentaire suivant sur cette affaire : « L'établissement du corridor Nord-Sud à partir du chemin de fer et de l'autoroute d'Arménie conduit à l'affaiblissement des routes Est-Ouest, y compris le chemin de fer Bakou-Géorgie-Turquie, qui fonctionne actuellement à quatre chevaux. Par conséquent, le gouvernement azerbaïdjanais a peur de relier l'Arménie au corridor Nord-Sud et met de tergiversation sur ce dossier. »

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« L'Iran, l'Arménie et la Géorgie prévoient depuis longtemps d'établir leur liaison ferroviaire via la route Téhéran-Jolfa-Eraskh -Erevan-Tbilissi. En outre, la route internationale nord-sud (autoroute Erevan- Meghri-Iran) passe également par Eraskh, et en cas de la reproduction d'événements funestes, la connexion de l'Arménie avec l'Iran sera coupée. Cela intervient alors que la construction de cette route verticale va au détriment des gouvernements d’Ankara et Bakou sur les plans politico-économiques. En fait, la création de cette route verticale entre en conflit avec les intérêts d’Ankara et de Bakou à établir des routes horizontales », a-t-il expliqué.

Plan de la Turquie pour retirer l'Iran du corridor commercial de l'énergie

Sur le plan de l'énergie, les nouvelles évolutions qui traversent la région du Caucase du Sud portent également des coups durs aux intérêts de l'Iran. L’occupation de la partie sud de l'Arménie par la République d’Azerbaïdjan est en fait un pas sérieux pour retirer l'Iran du « corridor gazier Sud » et de la voie de transit de l'énergie vers l'Europe.

En vertu du corridor gazier Sud, le gaz du Turkménistan sera transporté vers l'Azerbaïdjan via le gazoduc transcaspien, puis via le gazoduc du Caucase du Sud (SCP) vers la Turquie, puis vers l'Europe. Mais il est intéressant de noter que la capacité du gazoduc SCP est inférieure à celle du gazoduc TANAP en Turquie, et les Turcs envisagent de connecter un autre gazoduc au gazoduc de projet en question via le faux corridor de Zangezur.

TANAP commence dans le village de Turkgozu dans le district de Posof de la province d'Ardahan à la frontière turco-géorgienne, et traverse 20 provinces lors de son voyage à travers la Turquie avant de terminer le voyage à la frontière grecque. À ce stade, TANAP est connecté au gazoduc TAP, qui transporte du gaz naturel vers les pays européens.

L'accès de l'Europe au gaz du Turkménistan et aux ressources gazières de la mer Caspienne via le corridor gazier sud réduit également la vulnérabilité de l'Europe aux sources d'énergie et fait de la Turquie un hub gazier régional, ce qui va à l'encontre des intérêts de l'Iran de devenir un hub gazier dans la région.

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Selon Fereydoun Barkeshli, directeur du Centre international d'études énergétiques de Vienne, les ressources énergétiques de la mer Caspienne affecteront la carte géo-énergétique et la géographie énergétique du monde.

« La Caspienne sera le centre du projet de ceinture routière énergétique. La République d'Azerbaïdjan offrira à l'OTAN un cadeau énergétique, qui lui rendra supportable une nouvelle guerre d'usure comme celle de l'Ukraine », a-t-il précisé.

La Turquie gagne ?

Fereydoun Barkeshli a indiqué que la Turquie est considérée comme le plus grand bénéficiaire du corridor de Zangezur.

« Ce pays, qui ne dispose pas de ressources pétrolières et gazières, assure le transfert d'énergie depuis la région de la mer Caspienne. Cet atout va changer la donne dans la région et dans le monde. La définition des ressources pétrolières et gazières de la Turquie est façonnée dans le processus de transfert. Lorsque l'Iran était prêt à exporter du gaz vers l'Europe via la Turquie et les gazoducs, la Turquie l'a bloqué. Ankara a exigé que l'Iran envoie tout son gaz naturel en Turquie et a décidé de le vendre à des sources européennes.

Non seulement la Turquie est intéressée par le gaz naturel de la mer Caspienne, mais qu'Israël prend également des mesures pour obtenir une part de cette ressource », a-t-il dit.

Soulignant qu'avec le corridor de Zangezur, Israël et l'OTAN viendront aux frontières iraniennes, il a ajouté : « Le projet du corridor de Turan, appelé pendant un certain temps le corridor de Zangezur, vise à éliminer l'influence de l'Iran. »

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Il s'agit d'un plan de vingt ans mis en œuvre comme un projet stratégique par la Turquie, les pays occidentaux, Israël et la République d’Azerbaïdjan, où un nouvel ordre attend l'émergence et l'opportunité d'un nouvel ordre dans la région de la mer Caspienne.

« La République d’Azerbaïdjan tente de rejoindre l'OTAN afin de se débarrasser du contrôle de la Russie et d'avoir un atout contre la menace iranienne. La Turquie a également un œil sur la Caspienne pour l'approvisionnement en gaz. Par conséquent, chacune des parties a ses propres intérêts », a-t-il déclaré.

Déclarant que les plans d'expansion des États-Unis et de l'OTAN dans le Caucase veulent principalement passer par l'Azerbaïdjan, Barkeshli a conclu : « Avec la crise ukrainienne, l'OTAN a redécouvert la présence de gaz naturel dans la mer Caspienne. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV