Depuis 48 heures, les milieux militaires US/Israël qui retiennent leur souffle en attente des drones iraniens qui iront instamment sous peu faire leur apparition sur le champ de la bataille anti OTAN en Ukraine, examinent de haut en large ces deux jours d'exercices de drones qui ont eu lieu dans une zone d'opération aussi grande que la totalité de 1.68 millions km2 du territoire iranien, plus la mer d'Oman et le golfe Persique. Pourquoi ?
Or l'avènement du drone et ses nouvelles tactiques offensives et défensives dans le milieu de la défense est présenté comme une révolution pour le secteur d’activités militaires.
Les forces armées iraniennes (Armée régulière et Corps des gardiens de la Révolution islamique, CGRI) ont uni leurs moyens pour parfaire l’événement et en jeter plein la vue aux ennemis du pays.
Trois mois auparavant, l'armée dévoilait en effet une base souterraine de drones à la surprise générale. Elle a été baptisée « Base de drones 313 ». Outre des centaines de drones de tout type, elle abrite de nouveaux équipements. On y trouve entre autres des drones Kaman-22, qui comptent parmi les drones les plus grands et les plus puissants d'Iran et du monde, des missiles Heydar-1, le drone de croisière Heydar-2, la nouvelle version du missile antichar Shafaq et le drone anti-radar Omid.
L'importance stratégique de cette base est telle que selon le vice-amiral Mahmoud Moussavi, chef adjoint des opérations de l'armée iranienne, « les missions assignées à cette base sont des missions spéciales et d'outre-mer avec des objectifs précis. Ces drones sont conservés dans un endroit sûr et à l'abri des regards des ennemis afin que leurs missions restent secrètes ». En un coup d'œil, on constate que les drones conservés dans la base souterraine 313 ne sont pas des drones ordinaires. il s'agit de drones pour mener des missions stratégiques.
Mais pour revenir à l'exercice conjoint de drones militaires 1401 il a été organisé et mené conjointement par les forces armées iraniennes. Il a permis d’exposer la montée en puissance des drones iraniens, une puissance plus homogène et plus coordonnée que par le passé.
Les exercices se sont étendus dans tout le pays, des provinces centrales d'Ispahan, Semnan et Yazd, des provinces de l'ouest, du sud-ouest, du sud, du sud-est, au golfe Persique, au détroit d'Hormuz et à la mer d'Oman. L'amiral Habibullah Sayari, coordinateur adjoint de l'armée, avait annoncé la tenue d'un exercice conjoint de plus de 150 drones à partir du 24 août, l’objectif de l’exercice étant "d'évaluer" et de "mettre à l’épreuve la puissance des drones, leur niveau d’autonomie de vol, leurs systèmes de guidage, leurs systèmes de contrôle et leurs performances de combat".
L'amiral Moussavi a également précisé que l’exercice consistait aussi à évaluer la performance des drones face à l'intrusion et aux attaques de drones ennemis, ce qui a dévoilé une nouvelle dimension des drones iraniens jusqu'ici inconnu, leurs capacités DCA.
Dans la matinée du 2 septembre, le premier jour de l'exercice conjoint de drones 1401 a commencé avec le vol de plus de 150 drones, au-dessus des eaux chaudes du golfe Persique et de la mer d'Oman au sud vers l'est, l'ouest, le nord et le centre du pays. C’est avec succès que les drones Yasir, Sadegh, Pelican, Ababil-3, Yazdan et Mohajer-6 ont effectué des missions de surveillance des frontières du pays et des eaux internationales et d'identification des cibles à viser dans la zone générale de l'exercice.
Les unités de guerre électronique des forces armées ont mis à l’épreuve des tactiques et des stratégies de guerre électronique. Par ailleurs, différents tests réussis du système de brouillage des drones – notamment des drones Ababil – ont été effectués.
Les drones, isolés ou en essaims, peuvent devenir une menace. Le brouillage, c'est-à-dire la perturbation de toute communication entre le drone et sa base. C’est pourquoi un « système holistique avancé de détection, d’identification et de neutralisation de drones malveillants » intéresse notamment les forces de l’ordre et les concepteurs/opérateurs de la sécurité des infrastructures critiques. L’objectif est de développer une solution capable de détecter plusieurs types de drones dans divers environnements et dans des conditions complexes. Lorsqu’un drone hostile est identifié, la solution utilise alors son dispositif de brouillage intégré, qui peut fonctionner de manière directionnelle ou omnidirectionnelle, pour neutraliser la menace, explique le site Techniques de l’ingénieur.
Les drones de l'armée ont effectué des frappes sur des infrastructures sensibles et fictives de l'ennemi, comme des centres de commandement et de contrôle, des réservoirs de carburant, des dépôts de munitions, des systèmes radar, des systèmes de défense antimissile, et des points de rassemblement de rebelles armés. Les drones Kaman, Mohajer et Ababil ont participé à ces opérations, munis de missiles iraniens sol-air Qaem, Almas et de bombes MK-82.
La marine de l'armée iranienne a également apporté sa contribution en faisant voler ses drones Bavar-5, Zhubin et Arash depuis le quai de ses unités combattantes de surface et sous-marines vers différentes directions, pour une mission de reconnaissance et de frappes de cibles côtières et maritimes. La mission des drones de décollage vertical baptisés Pelican a été d’observer, de surveiller le milieu naval environnant et d’identifier des cibles. Les drones de reconnaissance ont également effectué des tests de vol au-delà des frontières maritimes et de transfert de données aux unités flottantes.
Le drone Arash était un autre acteur des exercices. Il a participé à la destruction de cibles maritimes et terrestres. La particularité des opérations de drones de l'armée iranienne repose sur la stratégie « un tir, une cible ». Le vol massif d’un nombre considérable de drones depuis des bases terrestres, maritimes et souterraines est sans précédent. Ce projet a amélioré les capacités du dispositif de l’armée iranienne en y ajoutant de l’intelligence artificielle.
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« L'intelligence artificielle est considérée comme l'une des solutions les plus innovantes », a estimé l’amiral Moussavi.
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Dans la dernière partie de l'exercice, les drones Karrar et Kaman-22 sont entrés en scène. Initialement, des cibles ont été détruites par des drones bombardiers Karrar munis de canon Akhgar, toujours de fabrication iranienne. En outre, le Kaman-22 avait pour mission de contrer la guerre électronique de l'ennemi. Les Karrar sont également équipés d’un dispositif de brouillage. Le système exploite des radars à moyenne et longue portée, ainsi que des mécanismes de neutralisation tels que des brouilleurs et des intercepteurs de drones.
L’amiral Moussavi, le porte-parole de l'exercice conjoint de drones militaires 1401, a annoncé la fin des manœuvres jeudi soir, le 24 août. « C'était la première fois qu'un exercice de drones se déroulait conjointement entre l’armée et le CGRI. L’objectif principal du projet a été de transférer nos expériences et notre savoir-faire à la nouvelle génération ainsi que de renforcer son pouvoir d'action et de prise de décision », a-t-il indiqué.
Et le plus grand concept développé au cours de cet exercice ? Innovation du système de défense aérienne de l'armée. Le second brigadier général Mohammad Youssefi Khoshqalb, adjoint au chef des opérations de la Force de défense aérienne de l'armée, a déclaré dans une interview télévisée que l'une des innovations de la défense aérienne dans l'exercice conjoint de drones 1401 a été l’intégration du drone dans la défense aérienne.
En effet, les drones sont en train de changer la donne des conflits armés et de l'espace aérien, qu'il faut repenser en fonction de ces aéronefs non habités doués d'une autonomie croissante, notamment lorsqu'ils coopèrent sous la forme d'essaims.
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Face à une prolifération et une automatisation croissantes, il est en effet nécessaire de développer une défense aérienne d'un nouveau genre, reposant sur des méthodes de détection et de neutralisation adaptées à ces aéronefs plus nombreux, souvent plus petits, et plus mobiles que les engins classiques.
Actuellement, les investissements se portent vers une génération de drones de combat doués de capacités d'essaimage basées sur l'intelligence artificielle. Ces drones qui travaillent ensemble, coopèrent les uns avec les autres, échangent des informations, poursuivent un objectif commun et représentent la prochaine étape majeure du développement militaire. Et les officiers russes, biélorusses et arméniens présents? Des images les montrent en train de déposer des gerbes sur la tombe du soldat inconnu iranien, signe que le courant a largement passé .