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Le grand marchandage du Sultan avec les voix des réfugiés syriens

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Erdogan (Archives)

Les récentes déclarations du ministre turc de l'Intérieur montrent qu'Ankara élabore un plan étrange pour accaparer la plus grande richesse de la nation syrienne.

À l’heure actuelle, la question de la Syrie est à nouveau au centre de l’attention des médias et des cercles politiques turcs. D’aucuns disent qu’Erdogan enverrait bientôt une délégation politique pour négocier avec Damas, dans le sens de la normalisation Ankara-Damas. Mais parallèlement, la question du retour des réfugiés syriens dans leur pays fait la une, encore une fois. Les médias turcs évoquent un plan inquiétant d’Ankara pour les réfugiés syriens, qui peut avoir des conséquences néfastes pour la Syrie.

S'adressant à la chaîne télévisée NTV, le ministre de l'Intérieur Süleyman Soylu a déclaré : « Lorsque la crise syrienne a commencé en 2011, la Turquie ne s'attendait pas à ce que ce processus prenne autant de temps. » Selon lui, les réfugiés syriens ont besoin maintenant de sécurité pour retourner dans leurs régions en Syrie, et la Turquie prendra des mesures dans ce sens pour assurer le retour d'un million de personnes déplacées syriennes dans les régions de Jarablus, Azaz, al-Bab, Raas al-Aïn et Tell Abyad.

« Combien de Syriens ayant obtenu la citoyenneté turques, peuvent voter aux prochaines élections ? » A cette question, le ministre turc a répondu : « Depuis le début de la crise, au total 211 000 Syriens ont obtenu la nationalité turque. Aux prochaines élections nationales, 120 000 d'entre eux peuvent voter ».

En ce qui concerne les conditions d'octroi de la citoyenneté aux réfugiés, Soylu a fait allusion à un point important : « Il y a des critères pour devenir citoyen turc. Les demandeurs font l’objet des enquêtes de sécurité, ce qui est déterminé par la loi. Nous avons de nombreux critères. Les gens qui sont au plus haut niveau en termes de carrière et d'éducation ont été notre priorité. Par exemple, un ingénieur, un architecte, un médecin, un bon étudiant et des spécialistes dans divers domaines sont les personnes à qui nous avons donné la citoyenneté turque. »

Le ministre turc de l'Intérieur tenu ces propos alors que lors du dernier recensement officiel de la Syrie, effectué avant le début de la guerre syrienne, la population du pays était d'environ 20 millions d'habitants. Dans ce cas, il est tout à fait naturel que sur une population de 20 millions de Syriens, deux cent mille médecins, infirmières, avocats, spécialistes, enseignants, experts et techniciens efficaces sont séparés de leur pays par l'octroi de la citoyenneté turque. Cela signifie que la Syrie a perdu une partie importante du précieux capital humain.

Les hommes d’affaires syriens ont créé des centaines d'entreprises et d'unités commerciales, de services et touristiques dans divers domaines, dans de nombreuses provinces turques, et ont apporté leurs capitaux sur le marché turc. En outre, des centaines de milliers de réfugiés syriens ont acheté des maisons et des magasins en Turquie et on peut dire, loin de toute exagération, qu'ils ont joué un rôle important dans la survie de l'économie turque.

Pour qui les réfugiés syriens en Turquie votent-ils ?

Aujourd'hui, le Parti de la justice et du développement dirigé par Recep Tayyip Erdogan est pris dans une situation où même 10 000 voix sont importantes pour lui. Quand on se rend compte des caractéristiques sociales, culturelles et économiques des Syriens qui ont reçu la citoyenneté turque, on peut conclure qu'ils sont plus proches des laïcs et des kémalistes et ils devraient par conséquent voter pour le Parti républicain du peuple.

Mais cela n'arrivera pas. Pourquoi ? Ces derniers mois, le Parti précité a régulièrement mis l’accent sur la nécessité du retour des réfugiés syriens dans leur patrie, et le chef du parti, Kemal Kilicdaroglu, a annoncé à plusieurs reprises : « Lorsque nous arriverons au pouvoir, nous les renverrons tous chez eux ».  Dans une telle circonstance, on peut prédire que les Syriens voteront pour le Parti de la justice et du développement lors des élections de 2023.

En fin de compte, il faut dire que l'approche lucrative d’Ankara sur la question des réfugiés syriens n'est pas quelque chose qui peut être facilement ignoré. La question du retour des réfugiés doit être sérieusement mise à l'ordre du jour et cet important pays arabo-méditerranéen ne doit pas ignorer son immense capital humain.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV