Et ce corridor Nord-Sud avec une capacite de 30 millions de tonnes de marchandises à faire transiter via l'Iran depuis la Russie au Nord vers l'Inde dans le sous-continent, où il en est ? L'Iran a fait part de la livraison de la première cargaison russe à l'Inde via le corridor de transport Nord-Sud. La cargaison russe a quitté le port de Saint-Pétersbourg le 13 juin et en passant par le port d'Anzali au bord de la mer Caspienne, ainsi que Bandar Abbas au sud du pays, est arrivée à l’Inde. Le commerce entre l'Inde et la Russie via le corridor Nord-Sud – qui traverse l’Iran – rend plus rapide et plus rentable le transport entre Moscou et New Delhi. Ce qui fait de l'Iran une plaque tournante de transit majeure pour le corridor maritime récemment lancé ; un certain nombre de pays d'Asie centrale, dont le Kazakhstan et le Turkménistan, commerçant eux aussi, via le corridor Nord-Sud.
Le directeur adjoint des ports et de l'organisation maritime iranien, Jalil Eslami, en revenant sur ce corridor déclare qu’il est possible d'augmenter le transit de marchandises entre la Russie et l'Iran jusqu'à 30 millions de tonnes alors même que que la vraie capacité de cette voie s’élève à 270 millions de tonnes si l'Iran y inclut ses cinq principaux ports actifs. D'ailleurs la Russie a un grand volume d'échanges avec les pays de la région et l'Iran est entre-temps l'une des routes les plus courtes, les plus sûres et les moins chères pour le transit des produits russes vers d’autres pays du monde. Au fait, la capacité opérationnelle du port Imam Khomeini est de plus de 60 millions de tonnes et du port de Chahid Rajaei, de plus de 100 millions de tonnes. Donc, si nous pensons au développement du Corridor Nord-Sud, nous devrions penser à fournir à un ensemble de services dans toutes les sections de transport. »
Est-ce désormais vital pour la Russie? Lors du 6e Sommet de la mer Caspienne, en présence des présidents de la République d'Azerbaïdjan, d'Iran, du Kazakhstan et du Turkménistan, le président russe, Vladimir Poutine, a fait allusion à de nombreux programmes des cinq pays du bassin de la mer Caspienne, dont la Russie, pour améliorer les infrastructures de transport dans le région. Dans ce sens, il a abordé en particulier le corridor de transport international Nord-Sud, en le considérant comme un corridor vital pour le transport des marchandises de Saint-Pétersbourg aux ports de l'Iran et de l'Inde. Or, la Russie, faisant l’objet des sanctions occidentales, est déterminée à forger des liens plus étroits avec les pays avec lesquels elle continue toujours ses échanges commerciaux. Sur cette base, le président Poutine s'est concentré sur le corridor de transport international Nord-Sud pour relier des partenaires tels que l'Iran et l'Inde grâce à un réseau de transport multimodal qui comprend le chemin de fer, la route et la mer. Grâce au corridor de transport Nord-Sud, le temps de transport des marchandises russes vers l'Inde sera considérablement réduit tout comme le coût réduit de 30 %.
Sur cette route longue de 7 200 km, les marchandises sont transmises depuis le port russe de Saint-Pétersbourg, vers le port d'Astrakhan sur la mer Caspienne, le port d'Anzali au nord de l’Iran, puis la ville portuaire Bandar Abbass au sud du pays, avant d’atteindre aux ports occidentaux de l'Inde. Mais il y a plus : Ce passage pourrait être une alternative à la route Méditerranée-canal de Suez, qui permettrait à la Russie de contourner les eaux dominées par ses rivaux occidentaux et une route par laquelle passe la plupart des échanges commerciaux mondiaux. Le remplacement du canal de Suez par le corridor Nord-Sud pourrait également aider les pays qui commercent via le corridor maritime international Nord-Sud à éviter les retards dans le canal de Suez sous contrôle égyptien, d’où sont transitées presque toutes les marchandises exportées vers l'Europe, y compris les produits pétroliers. Le trafic dans le canal de Suez augmenterait compte tenu de la crise en cours de l’énergie qui pousse les chancelleries européennes à rechercher de nouveaux vendeurs pour remplacer le pétrole et le gaz russes et dans une telle conjoncture, le nombre d'expéditions augmenterait.
Un analyste qui écrit pour Haaretz – croit même que la Russie se fait de la sorte entièrement dépendre de l'Iran, quitte à inverser la donne en vigueur jusqu'à présent : la Russie doit compter davantage sur l'Iran pour éviter les sanctions internationales. Lavrov, entre de fréquents voyages au Moyen-Orient, s'est rendu même à Téhéran la semaine dernière pour établir un système de coopération économique pour importer des marchandises iraniennes en Russie et des marchandises russes en Inde via l'Iran. Au fait la Russie devient Irano-dépendante à tous les niveaux pour contourner les sanctions internationales. Ce changement de la donne est le résultat de quelques négociations infructueuses entre la Turquie et la Russie concernant le transit de marchandises russes par le territoire turc. L'itinéraire turc nécessiterait des escortes et une surveillance militaires pour empêcher les transferts d'armes, ainsi que des accords de paiement acceptables, mais un tel accord, qui apporterait également des avantages économiques et politiques à la Turquie, a été subordonné à l'acceptation par Ankara de la demande de Moscou de ne pas attaquer la Syrie pour étendre sa « zone de sécurité » dans la région du Kurdistan irakien et faire avancer son objectif consistant à expulser les miliciens kurdes syriens.
la Russie et l’Iran ont l’intention d’ouvrir une route pour remplacer la traditionnelle; celle-ci allant de Russie vers l’Inde en traversant la mer Baltique jusqu’au détroit de Gibraltar, puis la mer Méditerranée via le canal de Suez. La nouvelle route atteint l'Iran et la mer Caspienne depuis le sud du Turkménistan, puis continue à travers l'Iran jusqu'aux Emirats arabes unis et de là par bateau, elle rejoint l'Inde. Cela réduit les coûts de transport de 30 % et le temps de transport de moitié. « Le résultat de tout ce qui précède est que la Russie, qui était autrefois une grande puissance et pouvait dicter à l'Iran ou au moins influencer sa politique, est maintenant devenue dépendante de la coopération de l'Iran », note Haaretz. « En effet, l’on s’attend à ce que la nouvelle route d’exportation réduise le transport via le canal de Suez et, par conséquent, réduise les revenus de l’Egypte ; mais dans la conjoncture où la Russie est sous de lourdes sanctions internationales, le Moyen-Orient arabe, qui principalement pro-américain, n’est plus très attractif pour Moscou »