L’agence de presse Reuters citant l’ambassadeur d’Ukraine à Ankara a rapporté que la Turquie avait saisi un cargo battant pavillon russe transportant une cargaison de céréales ukrainiennes.
Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a promis plus tôt lors d’une conférence de presse que la Turquie enquêterait sur les allégations concernant le vol de céréales ukrainiennes par la Russie.
Il a annoncé le mois dernier qu’Ankara enquêtait sur ces allégations en les prenant au sérieux avant d’ajouter que la Turquie ne permettrait pas que les céréales volées par la Russie ou tout autre pays soient amenées en Turquie.
Le blocus par la Russie de l’exportation de millions de tonnes de céréales ukrainiennes est un crime de guerre, a prétendu le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell. « Nous appelons la Russie à débloquer les ports ukrainiens. C’est inconcevable, on ne peut pas imaginer que des millions de tonnes de blé restent bloqués en Ukraine alors que dans le reste du monde les gens souffrent de la faim », a-t-il dit.
Le conflit en Ukraine a alimenté une crise alimentaire mondiale. La Russie et l’Ukraine fournissent ensemble près d’un tiers de l’approvisionnement mondial en blé. L’Ukraine est également un important exportateur de maïs, d’orge, d’huile de tournesol et d’huile de colza.
Selon les Nations unies, 36 pays dans le monde fournissent plus de la moitié de leurs besoins en blé via l’Ukraine et la Russie, dont le Liban, la Syrie, le Yémen, la Somalie et le Congo.
Ankara a annoncé avoir fermé en mars les détroits du Bosphore et des Dardanelles en vertu de la convention de Montreux, signée en 1936. Cet accord lui permet d’empêcher les bâtiments militaires de passer en temps de guerre, sauf s’ils regagnent leurs bases. « La Russie a déclaré que quatre de ses navires traverseraient le détroit les 27 et 28 février. Trois d’entre eux ne sont pas basés en mer Noire », a précisé le chef de la diplomatie turque.
Les détroits du Bosphore et des Dardanelles relient la mer Méditerranée à la mer Noire, à partir de laquelle la Russie a lancé son opération militaire du sud de l’Ukraine. Bien avant le début de la guerre en Ukraine, de nombreux navires russes étaient déjà positionnés sur la mer Noire.
Plus de 50 jours après que l’agent Erdogan eut fermé, sous prétexte de la convention de Montreux le Bosphore sur les navires de guerre russe de façon à influer la présence de la marine russe à Tartous et en Méditerranée, le MAE turc a jeté une pavée dans la marre en annonçant la fermeture du ciel turc aux vols militaires russes à destination de la Syrie.
Le ministère turc des Affaires étrangères a déclaré que la Turquie n’autorisait plus la Russie à utiliser son espace aérien pour des vols vers la Syrie, quitte à établir un net parallèle avec le blocage du Bosphore.
« La Turquie a fermé son espace aérien aux avions militaires et civils russes volant vers la Syrie », a déclaré Mevlut Cavusoglu en tournée en Amérique latine avant d’ajouter : « Nous donnions des autorisations tous les trois mois. La dernière était jusqu’en avril. Le président Recep Tayyip Erdogan en a informé son homologue russe Vladimir Poutine de la situation. Désormais, les vols ont cessé. Le processus est mené par le dialogue à la fois sur la Convention de Montreux et sur d’autres questions. »