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Rapport secret mais divulgué de l'OTAN sur une "menace géopolitique de l'Algérie", de quoi est-il le signe?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L'OTAN menace l'Algérie (Illustration)

À quoi rime un rapport signé OTAN et classé "secret" dont le monde entier parle depuis 72 heures? Évidemment à mettre en garde la partie à qui ce rapport est adressé surtout s'il parle du gaz et qu'il tance un État-pivot aux politiques particulièrement intrigantes pour l'axe US/OTAN en ces temps de crises énergétiques aiguë où tout producteur après des années de "Pétrole, c'est finir" redécouvre une santé de l'enfer avec des cours à trois chiffres qui pourraient dès cet hiver frôler les 200 dollars. De qui parle-t-on? De l'Algérie sur qui L’OTAN publie un rapport secret et où elle affirme toute honte bue qu'il faut faire en sorte que le pays ne devienne pas une seconde Russie ou ce qui revienne au même ne puisse pas se servir de son gaz comme d'une arme. En effet l'affaire renvoie à la rupture Madrid/Alegr consécutive à ce virage de la politique extérieur espagnole, lequel virage a vu l'Espagne lâcher du jour au lendemain le Sahara occidental, le front Polisario et le peuple Saharaoui et à s'aligner sur la position du Maroc et donc plaider en faveur du Sahara marocain. 

D'ailleurs la crise qui a poussé à la rupture du flux du gaz algérien vers l'Espagne continue à faire des remous. L'Algérie a déclaré que les récents propos des responsables espagnols sur les fortes divergences Alger-Madrid pourraient détruire toutes les opportunités de normalisations bilatérales. « L'envoyé spécial de l’Algérie, chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb, Amar Belani, faisant référence aux récentes déclarations du ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, qui a lié la convergence Moscou-Alger dans le domaine énergétique depuis le début de la guerre d'Ukraine à la colère de l'Algérie contre l’Espagne, a affirmé : « Les déclarations irresponsables de José Manuel Albares et de la ministre espagnole de l'Économie, Nadia Calvino, ont mis en cause toute possibilité de normaliser les relations avec un gouvernement peu fiable qui ment et qui va de l'avant », a rapporté le journal Al-Sharq Al-Awsat.

L'Algérie a précédemment exprimé son vif mécontentement à l’égard du communiqué émis le 8 mars à Madrid en faveur de la proposition du Maroc d’une autorité autonome dans le Sahara. Par ailleurs, elle a suspendu l’accord d'amitié et de bon voisinage avec l'Espagne ainsi que toutes ses activités commerciales à l'exception des accords gaziers avec l’Algérie. Se référant à la récente visite du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, en Algérie le mois dernier, Calvino a par ailleurs déclaré qu’elle appréciait la position d’Alger face à la guerre en Ukraine, soulignant à cet égard : « L’Algérie se rapproche jour par jour de la Russie et c'est pourquoi je n'ai pas été surprise par la décision des Algériens de suspendre le contrat d’amitié avec les Espagnols. C'est dans ce contexte que tombe le rapport "secret" de l'OTAN publié par Business Insider, qui qualifie l’Algérie de «risque pour la sécurité de l’Europe».

"L'OTAN craint que l’Algérie «copie la Russie» et «utilise ses livraisons de gaz aux pays d’Europe du Sud comme une arme géopolitique, ce qui « représenterait un risque pour la résilience politique et économique de l’Europe » et à long terme, « menacerait le statut de l’Algérie en tant que fournisseur d’énergie pour l’Europe ». L’allusion à une intervention contre l’Algérie est d'ailleurs perceptible dans un passage du rapport qui souligne que « la sécurité énergétique est considérée depuis de nombreuses années comme un facteur important en matière de politique étrangère et de sécurité, au sein de l’OTAN ».

Mais l'OTAN pertinemment qu'Alger, même au plus fort d'une éventuelle crise n'irait pas mettre un terme à son flux de gaz, ce qu'il n'a pas fait non plus envers l'Espagne ni même le Maroc avec qui il a annoncé la fin du projet Medgaz. 

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Certes Le 27 avril, l’Algérie a menacé de rompre le contrat de fourniture de gaz à l’Espagne, si elle venait à l’acheminer vers une destination tierce qu’est le Maroc mais on sait que des pétroliers tiers continuent à fournir le Maroc en sous main car les peuples algérien et marocain ne sont pas des ennemis et qu'il y a pas mal de marocains vivant en Algérie et vice versa. Quant à Madrid, le géant algérien des hydrocarbures, Sonatrach, fournit bon an, mal an plus de 40% du gaz naturel importé par l’Espagne, dont l’essentiel lui parvient à travers le gazoduc sous-marin Medgaz, d’une capacité de 10 milliards de mètres cubes par an. Et même après la rupture du contrat d'amitié, le gaz algérien remplit les pipeline italien et de là une quantité arrive en Espagne. Alors pourquoi cette menace? il y a évidemment et en premier lieu la politique ukrainienne d'Alger et le refus de l’Algérie de vendre la peau de "l'ours" et ce en dépit de toutes les pressions. Tout au long de 2021, l'axe US/Israël n'a cessé à travers un rapprochement forcé de Rabat et de Tel-Aviv de mettre sous forcing l’Algérie et la pression se poursuit en ce début d'été avec un second exercice African Lion 2022 qui se déroule exactement comme l'an dernier au Sahara et en présence de 7000 soldats dont des Américains et ce sous le commandement conjoint EuroCom/AfriCom.

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À ceci s'ajoute ces annonces d'accords récurrents entre le Maroc d'une part et Israël de l'autre, accord qui touche tantôt le ciel du Maroc tantôt son renseignement et presque toujours ses forces armées. Mais si en 2021 l’Algérie ne faisait qu'assister inquiète à cette surenchère militaro-médiatique la visant, en 2022, elle tient à agir et tout porte à croire que cette parole devenue acte qui fait peur à l'OTAN ou mieux à l'axe US/Israël qui parle à travers African 2022 de cette année est précédé et succédé par d'importantes manœuvres militaires hybrides et asymétriques algériennes avec ou sans la Russie et ce sur base des constats que les militaires algériens semblent tirés de la guerre en Ukraine. Bâtie sur le modèle russe, l'ANP n'est pas insensible à cette guerre qui pourrait lui servir de référence pour corriger le tir. 

Mais un rapport "secret" otanien que l'OTAN publie à dessein cache un autre aspect d'une Algérie intrigante, sa victoire africaine. Au fait si Israël tente de faire remonter l'Europe contre l'Algérie c'est aussi pour cause de cette cuisante défaite qu'est sa tentative de s'infiltrer en Afrique. Une Afrique qui a fait l'honneur à Alger en s'unissant avec surtout au Sahel et contre les puissances d'occupation occidentales. Qu'on se rappelle le cas particulièrement illustratif du Mali où l'alliance Bamako-Alger à qui s'est ajouté la Russie a fait subir l'un des pires échecs de toute l'histoire des relations Occident-Afrique à la France et aux Occidentaux. Reste à savoir si la manœuvre déclenchée par l'axe US/Israël contre Alger via l'OTAN a une quelconque chance d'aboutir... Vu l'état lamentable dans lequel se trouve l'Europe en quête de paix avec la Russie en échange d'un démembrement de l'Ukraine, on tendrait à juger perdu d'avance le combat US/Israël/OTAN.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV