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Le Hezbollah déclare une guerre pour la libération des territoires martimes occupés

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le secrétaire général du Hezbollah, Seyyed Hassan Nasrallah, lors d’un discours télévisé le 9 juin 2022. (Capture d’écran d’Al-Manar)

Le secrétaire général du Hezbollah libanais a prononcé un discours le jeudi 9 juin 2022.

Pour commencer, le secrétaire général du Hezbollah, Seyyed Hassan Nasrallah, a affirmé que son discours de ce jeudi soir n’aurait qu’un seul sujet : « Les récentes évolutions au sujet du pétrole et du gaz, ainsi que la démarcation des frontières maritimes, un événement important qui se profile à l’horizon pour le Liban et tous les Libanais. »

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Nasrallah a affirmé que l’acte du régime sioniste consistant à installer la plate-forme gazière Karish en violant l’espace maritime libanais a pour but, non pas d’effectuer des explorations, mais de mener des travaux d’extraction, de production et de tout ce qui reste des étapes d’exportation et de vente du gaz naturel.

« Ce navire [de la compagnie Energean] s’est déployé près du champ Karish soit dans le champ 29 controversée entre le Liban et le régime sioniste. Ce qui s’est produit ces derniers jours constitue une agression, une provocation contre le Liban pour le mettre dans une situation difficile », a indiqué Nasrallah qui a poursuivi son discours comme suit :

« Nous sommes tous devant une question qui doit prendre l'importance d'une grande affaire nationale. Les frontières maritimes, les richesses offshores doivent être considérées comme une affaire absolument nationale pour tout un chacun des Libanais ayant un sentiment de patriotisme. Ces ressources offshore, nous l’appelons un “trésor à nos frontières”, dont la valeur réside dans le fait que c’est le seul espoir pour résoudre les problèmes et sauver le Liban. Ce trésor appartient à tous les Libanais et nous devons a priori préserver ce trésor, et puis extraire et mettre à profit ces richesses… 

Le Karish est une affaire nationale, car elle concerne les frontières maritimes libanaises, ses ressources pétrolières et de ce fait concerne chaque Libanais quelque soit sa confession, son appartenance politique. Les experts estiment à 200 milliards de dollars les ressources pétrolières et gazières du Liban. C'est une fortune colossale et cette fortune appartient à tout le Liban, ces ressources ne concernent pas une région uniquement, elles s’étalent sur toute la côte libanaise.

Aussi ces ressources sont l’espoir, le seul et le plus digne qui puisse sauver le Liban, un espoir qui permet de régler tous ses problèmes économiques, un espoir pour un avenir meilleur. A partir de là il convient de définir un objectif, car c’est un sujet national. Primo il faut protéger cette fortune, ce trésor. Ensuite, il faut l’extraire et mener toutes les opérations pour enfin exploiter ce trésor.

Mais quels sont les dangers qui nous guettent si nous n’agissons pas face à cet acte d’agression de la part de l’ennemi israélien?

D'abord les tentatives des USA et de l’ennemi israélien d'arracher au Liban une grosse partie de son territoire maritime, et c’est là où se joue la question des lignes, et ce qu’elle contient comme champs pétrolifères.

Puis c'est empêcher le Liban d’extraire le pétrole et le gaz, et c’est un véritable problème, car il faut trouver une solution à cette interdiction. Les sociétés multinationales qui étaient chargées de l’extraction de notre pétrole ont été interdites, menacées de sanctions pour ne pas extraire dans toutes les zones du Liban même celles qui ne sont pas contestées. Or, les experts évaluent que le bassin méditerranéen contient de nombreux champs pétrolifères et gaziers. Et donc, la Grèce, Chypre, l’Egypte, sont autorisés à exploiter leur pétrole, contrairement au Liban et à la Syrie où cette dernière est interdite officiellement par les USA. C'est la loi César, qui nous frappe de facto. 

Et le troisième danger c'est le temps qui ne joue pas en notre faveur, en ce sens qu’il faut agir vite et rapidement, car l’ennemi cherche à profiter de chaque minute pour extraire du pétrole et vider les puits, et tous les pays situés dans le bassin méditerranéen ont commencé à extraire du pétrole et que fait le Liban pendant ce temps ? Il attend, en perdant du temps et son pétrole. On permettra au Liban d’extraire son pétrole quand il sera trop tard.

Face à ces dangers, les Libanais doivent assumer leur responsabilité et commencer à travailler, car nous sommes confrontés à une question qui ressemble à celle de l’occupation de la frontière sud du Liban où une bande frontalière a été imposée aux Libanais. En 1985, la Résistance a décidé la libération de la bande frontalière occupée. Et pendant 15 années, des sacrifices ont été faits pour libérer cette zone occupée. Aujourd'hui, la question de l’extraction du gaz et du pétrole revêt la même importance.

Le premier choix c'est que L’Etat négocie. C’est une option, même si certains éprouvent une certaine méfiance à l’égard du médiateur américain. Mais, il faut être réaliste, l’Etat libanais veut négocier et donc selon la Constitution c’est le président qui a ce droit et ce devoir d’entamer des négociations. Pour les réussir, il convient d’unifier des positions officielles notamment celle des trois présidences, celle du gouvernement et celle des députés sans oublier le soutien de la population. Ce n’est pas le bon moment pour des disputes, des divisions, de règlement des comptes. Car cette bataille met en jeu l’avenir du pays.

Et quand le président ressent que tout le peuple le soutient, il conduira les négociations avec plus de confiance, de force, et d’audace.

Le deuxième choix c'est encore le réalisme. Avant l’occupation israélienne en 1982, le Liban n’avait pas à régler de problèmes de délimitation des frontières terrestres, car la résolution 425 en 1978 du Conseil de sécurité a confirmé le tracé des frontières terrestres, et a exhorté l’entité sioniste de respecter la souveraineté du Liban, de respecter son territoire, etc. Sauf que malgré une résolution onusienne, l’ennemi israélien a occupé le Liban en 1982, car il n’a jamais respecté les lois internationales. Et donc si certains proposent comme solution de modifier la décision présidentielle, cela ne réglera pas la question étant donné que nous avons en face un ennemi  qui ne respecte pas le droit international, et qu'il ne se plie que sous la force : il s’est retiré d'ailleurs en 2000 grâce à la résistance, il s’est retiré de Gaza par la force. Que personne ne mise donc sur une simple modification sur le papier.

Et vient ensuite le troisième choix, celui de la Résistance. Il faut rappeler que sa présence et sa légitimité découlent du fait qu’elle contribue à la défense du pays, et non qu'elle prend la place de l’armée, au contraire, la Résistance n’agit que dans le cadre de l’équation avec l’armée et le peuple, et dans cette équation c’est l’armée qui est toujours en avant. Ce qui importe c’est que cette défense soit réalisée. La Résistance s'étant fixé pour but de défendre le pays, elle ne peut rester les bras croisés face au détournement du pétrole et du gaz libanais.

La Résistance estime que toutes les options sont ouvertes et elle ne craint rien, nous ne voulons pas la guerre, mais nous ne la craignons pas non plus. On le dit très clairement à l’ennemi : il doit cesser ses activités rapidement et immédiatement.

De plus, la compagnie grecque impliquée à Karish doit savoir qu’elle est impliquée dans cette acte d’agression contre le Liban et donc elle et tout son équipage doivent en assumer les conséquences. Je lui conseille de se retirer rapidement sinon elle devra en subir des conséquences et en assumer l’entière responsabilité.

Pour ce qui est des négociations, je tiens à souligner et contrairement à ce que certains médias ont prétendu, nous ne comptons pas y participer. Par contre, nous allons suivre de près la situation, nous allons récolter toutes les informations heure par heure et jour par jour, pour ensuite prendre les mesures qui s'imposent.

Et un dernier mot, sur les sociétés multinationales qui n’ont rien fait depuis le début de leur contrat avec l’Etat libanais. Le fait de prolonger leur contrat était une erreur. Leur inaction fait partie des pressions exercées contre le Liban, leur refus de ne pas extraire dans les autres blocs sous souveraineté libanaise est suspicieux.

Durant la campagne électorale, nous avons discuté de la situation économique et décidé d’élaborer un dossier sur le gaz, le pétrole, les frontières terrestres et maritimes, la zone économique, tous les points frontaliers avec les terres occupées palestiniennes, les hameaux de Chebaa..

A la lumière de ce qui a été présenté, le constat est le suivant : les USA et "Israël" sont en train de dire au Liban qu’il lui est interdit d’extraire son gaz et son pétrole pas seulement dans les zones contestées mais aussi dans les blocs souverains. Autrement dit, nous cherchons à vous affamer.

Or nous disposons de forces et de capacités pour ne pas les laisser nous affamer, certes ce ne sera pas une chose facile, cela pourra nous entraîner dans une guerre. Mais l’enjeu est de taille, il concerne l’avenir du pays. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV