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Comment les USA et leurs acolytes creusent la tombe du billet vert?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le dollar mourra ( illustration)

L’hégémonie US est désormais et incontestablement remise en cause par une Russie, qui se dressant contre l’expansion de l’OTAN, bousille des pans entiers du néolibéralisme. Or, cette remise en cause sort de leurs gonds les USA et leurs alliés européens, qui imposent, paniqués, quelque 6400 sanctions et des plus dures qui soient à la Russie (depuis 2014), notamment en se servant de la plateforme de communication bancaire SWIFT comme une arme, en empêchant les banques russes d’y recourir comme ils l'ont déjà fait pour l'Iran. Ses créateurs ont défini pourtant le Swift de la façon suivante : une messagerie qui contribue à la sécurité des échanges commerciaux internationaux pour le système bancaire international et ses agents sans jamais inclure dans sa charte qu'il s'agissait d'une arme opposant dans le cadre de conflits entre pays. Le SWIFT est sans frontières, n'en déplaise aux Yankee. 

L'Amérique pourtant en a fait une bombe à faire éclater contre Cuba, contre le Venezuela, contre l’Iran et ces derniers temps contre la Russie, ceux qui appellent évidemment à la résistance. Or, et c'est cela le paradoxe mortel de cette guerre économique, cette résistance déjà institutionnalisée par un vaste réseau anti-sanctions créée à travers le monde a déjà affaibli la domination des États-Unis. Qu'on se rappelle de la Chine et de la Russie qui ont créé chacune leur SWIFT ou de l'Iran ou du Venezuela qui projettent d'y rallier. N'est-ce un acte kamikaze comme l'a souligné hier soir Poutine, que d'agir de la sorte? 

En effet, la Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication (SWIFT), qui rend possible en tout temps le transfert d’argent par-delà les frontières, est en fait la clé de voûte de la puissance économique mondiale américaine et occidentale. Créé en 1973 et basé en Belgique, le système SWIFT relie 11 000 banques et institutions financières de plus de 200 pays. Il transmet plus de 40 millions de messages par jour (environ 10 milliards de messages par an) qui permettent à des milliers de milliards de dollars de changer de mains entre particuliers, entreprises et gouvernements. Les banques américaines et européennes ont créé le système SWIFT pour garder le contrôle des flux monétaires, empêcher les institutions financières indépendantes à les concurrencer.  

Et pourtant, ni les États-Unis, et encore moins l’UE, ne contrôlent directement le système SWIFT, même s’ils exercent une influence significative sur son organe directeur, qui est en théorie assujettie à la loi belge. Le système est la propriété conjointe de plus de 2 000 banques et institutions financières, sous la supervision de la Banque Nationale de Belgique, en partenariat avec les principales banques centrales du monde, la Réserve fédérale américaine et la Banque d’Angleterre. Tous ont laissé l’administration américaine prendre le contrôle du système SWIFT et s’en servir comme arme en radiant toute personne ou tout gouvernement de ce système bancaire, de façon à paralyser les économies des pays et souvent aux dépens même de l'Europe. C'est la mentalité kamikaze à laquelle fait allusion le président russe, une mentalité que l'Occident a si souvent reprochée aux Moyen-Orientaux. 

En 2015, en réponse aux sanctions américaines et européennes contre l’Iran, la Corée du Nord, le Soudan et la Russie (pour n’en citer que quelques-uns) et à la menace de refuser aux institutions financières russes l’accès au système SWIFT, la Chine a porté un premier coup en mettant sur pied le CIPS. Ce fut le premier coup porté à la domination mondiale du dollar propre à ouvrir grandes les portes à une dédollarisation globale.

La Chine fait la promotion du système CIPS en Asie, en Afrique et en Europe auquel sont connectées plus de 1 280 institutions financières dans 103 pays et régions. Ce qui pousse la monnaie chinoise, le yuan, à se frayer un chemin parmi les principales devises et à occuper désormais la quatrième place mondiale après la livre sterling, l’euro et le dollar. Et la Chine est le partenaire logique de l’Iran et de la Russie, fait qui investit ces deux derniers et de tout près dans le processus de dédollarisation. 

En 2018 et juste après le retrait US de l'accord nucléaire, l’UE a commencé elle aussi à développer son propre système de messagerie financière, à savoir l’Instrument de soutien aux échanges commerciaux (INSTEX), pour que les entreprises européennes ne se retrouvent pas piégées par les sanctions imposées illégalement par les États-Unis. Bien qu’INSTEX ne puisse pas protéger les institutions européennes des sanctions américaines lorsqu’elles traitent avec l’Iran et la Russie, c'est une base pour lorsque l'Europe en aura fini avec son suivisme aveugle envers les Yankee. 

L’Iran, lui, est évidemment depuis longtemps exclu du système SWIFT, mais doté de riches ressources naturelles, il ne cesse de s'adapter et de s'inventer de quoi castrer les sanctions US, au point que The Wall Street Journal a trouvé il y a quelques semaines « tout un réseau international de liens bancaires iraniens qui minent les sanctions US et qui créent presque une coalition anti sanctions ». 

Les choses semblent s'accélérer suite à la guerre en Ukraine et du bras de fer entre les États-Unis et la Russie, les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada ayant annoncé leur intention de faire en sorte que plusieurs banques russes soient retirées du système SWIFT. Le 2 mars, l’UE a dressé la liste des sept banques russes exclues du système de messagerie SWIFT en coordination avec ses partenaires occidentaux, dont les États-Unis et le Royaume-Uni sans soupçonner qu'elle venait là de déclencher le premier face-à-face direct du dollar avec une monnaie autre. Or la Russie s'y était préparé et le dollar, cette machine broyeuse qui se croyait capable de briser le rouble a perdu la bataille. Comment a fait la Russie? 

Voici les huit mesures qui ont permis à Moscou de gagner pour la première fois depuis la Seconde Guerre la bataille anti billet vert :  mener à zéro la part des devises américaines et augmenter la part de l’or et des autres devises autres que le dollar dans les réserves de change de la Russie; augmentation opportune du taux d’intérêt de la banque centrale et poursuite de sa baisse opportune après avoir passé le choc initial; obliger les pays européens à ouvrir des comptes dans des banques russes afin de payer les produits russes, y compris le pétrole et le gaz, en roubles, dont le résultat sera l’augmentation de la demande de roubles et un bond de l’offre d’euros et de dollars dans la monnaie russe marché; contrôler les flux de trésorerie en roubles; mettre en vigueur des restrictions sévères sur le compte de capital afin d’empêcher la sortie de capitaux de Russie; appliquer la loi de la nécessité de retourner les devises d’exportation au pays; développer le système de paiement financier national et international basé sur le système national « SPFS »; programmer les plans de devises, notamment dans le domaine de la consommation des devises d’exportation.

N'est-ce pas les Américains et leurs acolytes, les meilleurs kamikazes du monde? 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV