Vendredi dernier, l'ambassadeur iranien en poste à Moscou, Jalal Kazemi, a annoncé que l’Iran et la Russie coopéraient ensemble pour connecter les banques des deux pays via un autre système que Swift, son équivalent russe (SPFS). Il a précisé que de nombreuses mesures avaient été prises à cet égard. La Russie, on le sait, a créé un système similaire à Swift. Au moins sept banques russes ont été déconnectées de Swift à la suite de la guerre en Ukraine et en raison des sanctions de l’Occident, pour ne pas accéder aux marchés internationaux.
Ce mercredi 30 mars, le ministère russe des Affaires étrangères faisant référence à la récente réunion des ministres russe et iranien des Affaires étrangères, a indiqué dans un communiqué que Sergueï Lavrov et son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian avaient exprimé la volonté de leurs pays de continuer à renforcer la coopération bilatérale dans tous les domaines, malgré les sanctions occidentales imposées contre Moscou et Téhéran.
Le communiqué ajoute que les deux parties ont échangé des points de vue sur les questions clés de l'agenda régional et mondial, en se concentrant sur les développements en Ukraine et en Afghanistan. Une plus grande attention a été accordée à la situation concernant les négociations sur le nucléaire iranien.
Selon Sputnik, les deux parties ont également discuté de la mise en œuvre d'un vaste programme de coopération établi par le président russe Vladimir Poutine et le président iranien Ibrahim Raïssi lors de sa visite de janvier à Moscou.
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Lavrov et Amir-Abdollahian se sont rencontrés en marge d'une conférence organisée par la Chine composée de hauts responsables de Russie, d'Iran, du Pakistan, du Tadjikistan, du Turkménistan et d'Ouzbékistan, présidée par le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, pour discuter de la situation sécuritaire et humanitaire désastreuse en Afghanistan.
« Nous sommes intéressés à accroître la coopération globale dans tous les domaines avec nos voisins, en particulier l'Iran, dans les questions de coopération y compris la mer Caspienne », a déclaré Lavrov lors de sa réunion avec son homologue iranien.
Il a également ajouté : « Nos relations bilatérales ont leur impact sur le nouvel ordre des relations internationales. Nous assistons à une époque où certaines parties cherchent à revoir la Charte des Nations Unies. »
Plus loin dans ses déclarations, le chef de la diplomatie russe à ajouté : « Nous voyons des partenaires occidentaux essayer de violer l'indépendance, la souveraineté et le principe de non-ingérence dans les affaires des pays. L'un des outils entre les mains de ces pays, ce sont les sanctions. Dans nos relations avec nos voisins et nos amis, nous essayons de condamner ces sanctions unilatérales et illégales dans un premier temps, et de prendre également des mesures efficaces à cet égard. »
Le ministre iranien des Affaires étrangères a également déclaré lors de la réunion d'aujourd'hui : « Nous sommes heureux que les relations entre l'Iran et la Russie sont sur la bonne voie. Je voudrais souligner une fois de plus que nous nous opposons à l'imposition de sanctions et de mesures unilatérales contre la Russie. »
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Il a également ajouté : « J'insiste encore sur nos relations importantes et privilégiées. J'ai été informé des progrès dans les dialogues sur les développements en Ukraine. J'espère pouvoir vous informer de divers sujets lors des pourparlers de ce soir et avoir de vos nouvelles sur les derniers développements. »
Ce vendredi le président russe Vladimir Poutine a invité le peuple russe à ne pas avoir peur des sanctions en se référant à l'Iran : « Regardez les Iraniens ! Ils ont été la cible des sanctions les plus draconiennes de l'Histoire et ils en sont désormais à se faire supplier par les Américains. Attendez un peu, les Américains viendront aussi nous supplier. »
Plus d'un observateur a vu à travers cette référence directe à l'Iran le noyau d'une alliance anti-sanction Iran-Russie.
Rappelons que cela fait quatre décennies que les Iraniens luttent contre les sanctions US et qu'ils en ont fait même une spécialité. En mai 2020, les cinq pétroliers iraniens qui ont franchi les Caraïbes pour aller livrer de l'essence au Venezuela ont étendu d'ailleurs le corridor maritime anti-sanction US de l'Iran jusqu'à l’Amérique du Nord, un corridor qui transite depuis dix ans le pétrole à la Syrie et depuis le mois d’août au Liban.
Mais cette référence russe au mécanisme anti-sanction de l'Iran qui faisait jaser il y a quelques jours le Wall Street Journal lequel dénonçait « tout un système bancaire annexe que l'Iran s'est créé pour contourner le SWIFT », prend un sens bien plus particulier quand on imagine un Iran ayant rallié le SWIft russe.