Sur fond de pseudo-bombages de torse anti US teintés de menaces d'une suppression du pétrodollar au profit du pétro-yuan, l'Arabie des Salmane dont la guerre contre le Yémen et son État et sa nation entre dans sa huitième année, est parvenue rien que ces quatre dernières semaines à doubler la Russie au sein de l'OPEP plus et à la devancer ce février en termes de vente du brut à la Chine avec une moyenne de 1.81 millions de barils par jour.
Certes la Chine n'irait pas renoncer à l'achat du brut russe pour cause de sanctions US comme elle n'a pas renoncé au pétrole iranien, mais certains de ses grands établissements bancaires ont cessé de financer l'achat en dollar des produits russes en cherchant d'ores et déjà des marchés alternatifs, ce qui tend à faire penser qu'in fine la Chine achètera du brut russe, mais un brut au prix nettement sous-évalué.
De quoi est-il le signe ce concours de circonstances ? Du fait que la Russie se fera bien du tort, maintenant qu'elle est en pleine guerre contre les Anglo-saxons et leurs affidés et cibles des sanctions les plus drastiques qui soient, si elle croit pouvoir miser sur l'Arabie ou les Émirats afin de créer une alliance pétrolière à connotation anti anglo-saxonne et dont la mission salutaire consisterait à faire noyer le dollar voire à relancer des transactions pétrolières en billet non vert. Mais à part la sympathie de la Chine et cette promesse d'alliance faite par Pékin à Moscou, Poutine a-t-il d'autres moyens pour faire respecter son poids et sa place en qualité de producteur pétrogazier imbattable maintenant qu'elle est sous la férule des sanctions? Il y a certes le besoin du camp d'en face, les Européens par exemple qui lui serviraient de caution, l'Europe refusant d'ores et déjà d'aller trop loin dans la guerre énergétique anti-Russie. Mais du côté des golfiens si prompts à briser les promesses les partenariats avec qui que ce soit, dès lors qu'il s'agit de rendre service aux maîtres atlantistes, comment la Russie pourrait les contrer?
Entre le 11 et le 21 mars, a eu lieu en territoire saoudien l'une des opérations balistiques les plus spectaculaires de ces derniers temps, signée Ansarallah, une opération en trois étapes comme suit : la première étape fut la frappe contre des installations d'Aramco dans la capitale saoudienne, Riyad, et le port ultra stratégique de Yanbu situé sur la côte ouest. Cette étape a eu lieu le 11 mars, à l'aide de 9 drones, et pas plus car il s'agissait surtout d'un avertissement à Riyad pour lui faire comprendre que le jeu a changé et que face au maintien de l'embargo criminel contre les Yéménites, Sanaa n'a pas les bras croisés et qu'il est capable de déplacer la guerre dans la profondeur stratégique saoudienne. Cet avertissement s'appuyait principalement sur des drones et pas de missiles balistiques.
Habib Tawa, analyste politique et Pierre Dortiguier, expert des questions internationales s'expriment sur le sujet.