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Zoom Afrique du 20 mars 2022

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Au Mali, après la mise à la porte de la présence militaire française et de ses alliés, de l’ambassadeur Français, Joël Meyer, la suspension des médias propagandistes français de la terre malienne, beaucoup se demandent à quand viendra le tour du Franc CFA ?

Actualité en Afrique :

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  • Gabon : FMCT a levé 20 milliards FCFA d’emprunts obligataires sur le marché financier pour le chantier de la Baie des rois
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Analyses de la rédaction :

1. Mali: FCFA ; la prochaine cible?

Au Mali, après la mise à la porte de la présence militaire française et de ses alliés, de l’ambassadeur Français, Joël Meyer, la suspension des médias propagandistes français de la terre malienne, beaucoup se demandent à quand viendra le tour du Franc CFA ?

Dans le pays, le sujet continue d’alimenter les conversations, et beaucoup d'économistes partagent leur savoir en la matière.

Au vu de l’évolution de la situation, il est clair que la fin du Franc CFA ne va pas non plus tarder.

En attendant, le président français Emmanuel Macron s’attend à ce que ce jour arrive assez rapidement. La panique se fait ressentir à bord de l’Élysée. Macron met la pression sur la CEDEAO, visiblement, le Mali n’est pas assez sanctionné, vu qu’il ne courbe toujours pas l’échine.

En réaction à la suspension de RFI et de France24 au Mali suite à une série de reportages sur des exactions supposées des forces armées maliennes et de leurs partenaires russes contre des civils dans le Centre, le président français a invité la CEDEAO et l’Union africaine à « prendre les décisions qui conviennent ». « Des décisions que la France appuiera pour qu’à la fois, les violences, le déni de l’information et le droit des journalistes à librement informer, puissent cesser », justifie-t-il. Sauf que son propos risque de « décrédibiliser » davantage la CEDEAO et par extension la disqualifie dans la recherche de solution dans cette crise.

Répondant à l’embargo décidé par l’institution sous-régionale, les autorités maliennes l’accusaient d’être « instrumentalisée par des puissances extrarégionales ».

Cette présentation de l’organisation sous-régionale a donné une certaine crédibilité à la junte auprès d’une bonne partie du peuple malien pour ne pas dire de l’opinion ouest-africaine.

Cette perception évoluera selon l’importance que les dirigeants africains donneront aux « injonctions » d’Emmanuel Macron qui, actuellement en campagne électorale, n’en est pas à sa dernière déclaration maladroite.

C’est vrai, au mois de janvier dernier, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a sanctionné le Mali en raison de la politique souverainiste des autorités de la transition. Les autorités maliennes ont qualifié ces sanctions qui isolent leur pays, d’ « inhumaines ». Mais malgré cela, le Mali n’est pas isolé. Et de plus en plus de pays voisins se rendent compte que les sanctions ne servent strictement à rien.

C’est à cet égard que le médiateur de la CEDEAO qui a récemment séjourné à Bamako y est attendu de nouveau ce 18 mars. Il essaiera d’obtenir des autorités en charge de la transition au moins une promesse d’organisation d’élections dans un délai acceptable.

En prélude de cette visite, le chef de l’État du Sénégal, par ailleurs président en exercice de l’Union africaine a eu un entretien téléphonique avec le colonel Assimi Goita. Macky Sall s’est prononcé en faveur de « la reprise du dialogue pour une solution négociée de la crise au Mali ». C’est le moment choisi par Emmanuel Macron pour mettre les pieds dans le plat. Mais Macron se doute bien que le tour du Franc CFA arrivera bien assez vite. Certains grands économistes maliens, sur lesquels porte l’espoir des populations pour se tirer de cette affaire, vont jusqu’à imaginer le pire en cas de sortie du F CFA. Mais l’espoir est permis. La Mauritanie a bien montré que c’est une chose possible. Quoi qu’il en soit, le Franc CFA prendra fin tôt ou tard, au gré de l’évolution des événements. Les pays de la Zone Franc comptent, de nos jours, des dizaines de millions de jeunes, qui ont été formés dans d’autres pays que la France et qui n’y sont pas liés par un « cordon ombilical virtuel », contrairement aux vieux septuagénaires et octogénaires, qui ont connu la colonisation avec ses travaux forcés et ses humiliations.

Au pouvoir, ils n’hésitent pas à dire non à une monnaie dont ils ne maîtrisent pas tous les paramètres de son émission : fabrication, taux d’intérêts, taux de change, politique monétaire gérée par une Banque Centrale à la disposition des Politiques. Encore un coup dur pour Paris !

2. Le Sénégal aurait-il découvert enfin que l'amitié avec la France est un leurre ?

Président en exercice de l’Union africaine, le chef de l’État sénégalais s’emploie à peser diplomatiquement dans le conflit qui oppose Kiev et Moscou. Une tâche délicate alors que le continent prend ses distances par rapport à ce conflit.

Tenter une médiation c’est une chose, mais la démarche de Macky Sall semble avoir une autre démarche.

Selon certains experts, le Sénégal aurait découvert que l’amitié avec la France est un leurre.

L’hégémonie occidentale est entrain de prendre fin, dans le monde et en Afrique.

Depuis des décennies, les nombreuses guerres lancées par les occidentaux à travers le monde, le fait qu’ils se croient au-dessus des lois internationales, leur arrogance, leur volonté d’imposer leurs vues aux autres, leur brutalité, leur manie de donner toujours aux autres des leçons qu’eux-mêmes ne pratiquent pas, voilà ce qui cause leur chute dans le monde mais surtout en Afrique.

Un monde multipolaire est donc entrain de se mettre en place, le multilatéralisme montre le bout de son nez. Et le vote de la résolution de l’ONU qui voulait condamner l’opération russe en Ukraine en était une preuve flagrante. Beaucoup de pays africains ont opté pour l’abstention, et ce, malgré les nombreuses pressions de la France et des États-Unis sur les anciens pré-carrés.

Le Sénégal par exemple a subi bon nombre de pression de la part de Paris et Washington, surtout que c’est le pays qui assure aussi la présidence de l’Union Africaine.

Tout comme le Sénégal, l’Afrique francophone en général est fatiguée du néocolonialisme. Ce qui se comprend, mais l’abstention des pays d’Afrique montrent que les pressions n’ont plus d’effet sur eux.

D’ailleurs, les États-Unis ont de nouveau relancer la politique de pression.

L'ambassadeur américain aux Nations Unies a déclaré que les États africains ne pouvaient pas rester neutres sur la guerre en Ukraine.

Linda Thomas-Greenfield a noté que lors du vote de l'Assemblée générale il y a deux semaines pour déplorer l'opération militaire russe, 17 pays africains - la moitié du total mondial - se sont abstenus et huit autres n'ont pas voté du tout.

L'ambassadeur a déclaré qu'il ne pouvait y avoir de terrain neutre et que cette crise n'était pas simplement une compétition de guerre froide entre l'Occident et la Russie.

Mme Thomas-Greenfield a déclaré que les États-Unis se rendaient disponible pour trouver des ressources alternatives aux produits de base que les pays importent de Russie. Mais du côté africain, le président sud-africain rend l'OTAN responsable de la guerre en Ukraine.

Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a rendu l'OTAN responsable du déclenchement de l’opération russe en Ukraine et a réitéré ses critiques à l'égard du rôle du Conseil de sécurité de l'ONU dans le conflit.

"La guerre aurait pu être évitée si l'OTAN [Organisation du traité de l'Atlantique Nord] avait tenu compte des avertissements lancés par ses propres dirigeants et responsables au fil des ans, selon lesquels son expansion vers l'est entraînerait une plus grande, et non une moindre, instabilité dans la région", a déclaré M. Ramaphosa en répondant à des questions au parlement hier.

"Les pays les plus puissants ont tendance à utiliser leur position de membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies pour servir leurs intérêts nationaux plutôt que les intérêts de la paix et de la stabilité mondiales. Le Conseil de sécurité doit être remanié afin qu'il y ait une représentation équitable et un mécanisme plus inclusif pour résoudre les différends internationaux."

Ramaphosa a déclaré le 11 mars que l'Afrique du Sud avait été approchée pour jouer un rôle de médiation dans la guerre Russie-Ukraine.

Il n'a pas précisé qui avait approché l'Afrique du Sud, mais a indiqué qu'il avait parlé avec le président russe Vladimir Poutine le 10 mars et lui avait dit que le conflit devait être résolu par la médiation et les négociations.

Le 2 mars, l'Afrique du Sud s'est abstenue de voter sur une résolution de l'ONU qui condamnait l'opération russe en Ukraine.

M. Ramaphosa a déclaré que le pays s'était abstenu parce que "la résolution ne mettait pas en avant l'appel à un engagement significatif".

La démarche du président sénégalais ressemble un peu à celle du président sud-africain.

En ce moment, les séparatistes en Casamance représentent un danger pour le Sénégal, tout comme les rebelles du TPLF en Éthiopie ou encore les séparatistes anglophones au Cameroun. Dakar a, à de nombreuses fois, lancé des opérations de sécurisation, surtout lors de la tentative de révolution de couleur qui a failli entièrement embraser le pays, suite à l’arrestation d’un opposant Ousmane Sonko.

On en a souvent parlé dans Zoom Afrique, la présence de groupes rebelles, séparatistes ou terroristes, sert bien de levier de pression contre les États africains.

Bref, vu la situation en Centrafrique ou encore au Mali qui montre que la situation s’améliore suite à une coupure avec les occidentaux et un rapprochement avec le bloc de l’Est, il est clair que les pays africains pourraient suivre le pas, peu importe les pressions occidentales. 

3. Sénégal/Gambie: qui veut faire du grabuge ?

En Gambie, le nombre de personnes déplacées et de réfugiés ne cesse d'augmenter après le début d'une opération militaire sénégalaise de grande envergure dans le nord de la Casamance, dimanche 13 mars. Depuis ce week-end, de nombreuses communautés accueillent des personnes qui ont fui les explosions et les tirs, notamment à Bujingha, dans le district de Foni, du côté gambien de la frontière.

Luc Michel, géopoliticien, fait le point sur la situation.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV