L’hebdomadaire The Economist a qualifié le tir de 12 missiles de croisière iraniens en direction d’un centre d’espionnage du Mossad à Erbil de « message balistique » à l’adresse des ennemis régionaux et mondiaux.
« Erbil, la capitale de la région autonome kurde d'Irak, a longtemps été le refuge le plus sûr du pays et très proche de l'Occident. Mais juste après minuit le 13 mars, l'Iran a fait trembler la ville avec 12 missiles de croisière. Le Corps des gardiens de la Révolution islamique, la force la plus percutante d'Iran, a revendiqué l’attaque. Personne n'aurait été tué, mais plusieurs bâtiments ont été détruits. Le gouvernement irakien à Bagdad a été ébranlé. Les amis occidentaux des Kurdes ont été choqués », a écrit The Economist.
« Les généraux iraniens disent que la cible était un « centre stratégique » de l'agence d'espionnage israélienne, le Mossad. Les Kurdes d'Irak entretiennent depuis longtemps des liens discrets avec Israël. Dans sa jeunesse, Masoud Barzani, le patriarche de la famille dirigeante kurde, a autrefois guidé les Juifs fuyant les griffes de Saddam Hussein à travers les cols montagneux du Kurdistan. », ajoute l’article.
Les Kurdes d'aujourd'hui vendent une partie de leur pétrole à Israël et ont récemment organisé une réunion où l'Irak a été invité à suivre l'exemple d'autres États arabes en normalisant les liens avec l’entité sioniste.
« En toute occasion, le conflit israélo-iranien persiste depuis longtemps. Le mois dernier, l’armée de l’air israélienne a attaqué une base iranienne près de la ville de Kermanshah, détruisant une partie de la flotte de drones iraniens. L’Iran a également accusé Israël d’avoir tué deux hauts responsables des Gardiens de la Révolution lors d’un raid sur la Syrie le 7 mars », prétend The Economist.
« Depuis les élections en Irak au mois d'octobre, le clan kurde au pouvoir a exaspéré l'Iran en s'efforçant d'exclure les alliés politiques et militaires de l'Iran pour la première fois depuis le renversement de Saddam Hussein en 2003. Mais les alliés iraniens à Bagdad ont réagi. Le mois dernier, la Cour suprême irakienne a déclaré qu'il était illégal pour le Kurdistan d'exporter son pétrole indépendamment du gouvernement de Bagdad », note l’article.
« L'Irak est un atout essentiel de l'Iran. L'Iran ne devrait pas laisser les Barzanis l'emporter », déclare un analyste pétrolier irakien.
Les missiles iraniens avaient un autre objectif : Juste au moment où les espoirs occidentaux de relancer l’accord nucléaire avec l’Iran s’estompaient, les autorités de Téhéran envoyaient un signe à l’Amérique selon lequel la frappe aux missiles ne visait pas les Américains.
Les Barzanis pouvaient revenir dans le rang de l'Iran. Le message des dirigeants iraniens est que « l’Iran est le voisin de l’Irak ». « Ni les Etats-Unis ni Israël ne peuvent vous protéger », déclare Hiwa Osman, analyste kurde.